Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 décembre 2021 5 17 /12 /décembre /2021 18:03

jeudi 16 décembre 2021

Yaméogo Louis Joanny livre sa version du drame du 15 octobre 1987

L’audience du procès Thomas Sankara et douze de ses compagnons a été suspendue hier 15 décembre 2021, juste après la déposition du colonel à la retraite Yaméogo Louis Joanny, en tant que témoin.

En 1987, le colonel à la retraite était commandant, notamment de la quatrième région militaire basée à Bobo Dioulasso. Dans sa déposition, on retient qu’il était à Ouagadougou, peu avant le 15 octobre 1987. Le 15 octobre, dit-il, il aurait déjeuné avec Ousseni Compaoré (Ndlr, Commandant de la gendarmerie sous le Conseil National de la révolution (CNR)). Au cours de ce déjeuner, Ousseni Compaoré a évoqué les bisbilles qui persistaient entre les deux chefs de la révolution (Ndlr, Thomas Sankara et Blaise Compaoré) et que des initiatives devraient être prises pour empêcher le pire.

"Au cours de la journée, j’ai rejoint Koudougou, où je venais d’être affecté. Là-bas, j’ai rencontré Boukari Kaboré dit le Lion après les évènements. C’est d’ailleurs le "Lion" qui m’a confirmé que Thomas Sankara était mort", raconte-t-il avec difficulté, la voix à peine audible. "Viens on va attaquer Ouagadougou !", lance le "Lion" à son interlocuteur. Et le colonel à la retraite de répliquer : " Est-ce que c’est en attaquant Ouagadougou que tu vas réveiller Thomas Sankara ?". Il dit être réparti à son poste à Bobo Dioulasso, parce que toutes les affectations venaient d’être annulées. C’est de là qu’il reçoit une convocation pour une réunion le 16 octobre 1987.

Lefaso.net

_____________________________________

 

Accusé de vouloir perpétrer un coup d’État en 1989, Karim Sankara prend la poudre d’escampette

Né en 1957 à Téma-Bokin, dans la province du Passoré (même bourgade que Thomas Sankara), Karim Sankara était sergent en service à l’intendance militaire au moment des évènements tragiques.

Dans une déposition qui a duré de 10h09 à 10h21 (il a d’ailleurs signalé qu’il n’avait pas grand chose à dire), Karim Sankara, qui se présente comme "parent éloigné" de Thomas Sankara, dit avoir été arrêté par la gendarmerie dès le 17 octobre 1987.

Et ce, après s’être rendu le 16 octobre 87 à Kamboinsin à l’ETIR (l’Escadron de transport et d’intervention rapide, périphérie nord de la capitale) pour voir Michel Koama (commandant de l’ETIR) aux fins de lui demander "ce qu’il faut faire". Il va y trouver Maïga qui lui fit savoir que Koama est mort. Il lui ordonne de rentrer chez lui et de rester tranquille.

Karim Sankara sera libéré le 23 août 1989. "Vers le 3 septembre 1989, ils sont venus chez moi me chercher que je voulais faire un coup d’État", relâte le témoin, qui dit avoir réussi à s’échapper (il n’était pas à son domicile lors du passage des éléments venus l’arrêter).

Il va d’abord se retrouver au Mali, puis en Côte d’Ivoire, avec pour objectif final de rejoindre au Ghana, Boukari Kaboré dit Le Lion.

Pour n’avoir donc pas pu mettre la main sur lui, son grand-frère est arrêté puis gardé pendant six mois au conseil de l’Entente.

Le témoin dit qu’il n’avait aucun projet de coup d’État. Seule la proximité avec Thomas Sankara lui a valu cette situation qu’il a retracée.

O.L

Lefaso.net

_________________________________________

 

Ce que Thomas Sankara n’avait jamais rêvé être

A la barre ce jeudi 16 décembre 2021 dans le cadre du procès Thomas Sankara et ses douze compagnons, Fidèle Kientéga, ancien chef du département affaires politiques au cabinet du président a fait quelques révélations.

Parmi les confidences livrées par Fidèle Kientéga, on retient que Thomas Sankara n’a jamais rêvé mourir dans la vieillesse.

En effet, dit le témoin, Thomas Sankara aurait confié qu’il n’a jamais rêvé se voir vieux, sur une canne dans les rues de Ouagadougou et en train d’être indexé en ces termes : "voici l’ancien président".

Fidèle Kientéga déclare également que Thomas Sankara était qualifié dans certains milieux "d’oreillard qui emmerde le pays".

O.L.

Lefaso.net

__________________________________________

 

L’ex-chef du département affaires politiques de Thomas Sankara à la barre

Fidèle Kientéga, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un administrateur civil à la retraite et fut, entre autres, ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation dans les années 2002. Chef du département affaires politiques au cabinet de Thomas Sankara, le témoin tient Blaise Compaoré pour responsable des évènements du 15 octobre 1987, car ayant été aussi le bénéficiaire direct.

A la barre, celui-ci est revenu sur ses missions au sein de ce département, qui sont entre autres, l’organisation des audiences du président Thomas Sankara, ses voyages, la rédaction de ses interventions.

Tout comme nombre de ses prédécesseurs, Fidèle Kientéga explique que dans les derniers moments qui ont précédé le 15 octobre, il y avait une persistance des rumeurs sur le coup d’État. A telle enseigne qu’un de ses cousins lui a dit qu’étant donné que Thomas Sankara ne voulait pas prendre de dispositions par rapport au coup d’État contre lui, de trouver un alibi pour rester à la maison, car ils allaient être massacrés à la présidence.

Il se souvient que c’était à environ une semaine du 15 octobre 1987. Par la suite, l’aide de camp de Thomas Sankara est venu lui expliquer que le président du Faso devait être exécuté à une des barrières, côté ministère des Finances. Il se souvient aussi qu’un jour, Thomas Sankara devait se rendre chez Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando a donné l’alerte aux éléments de garde d’abattre Thomas Sankara à son arrivée. Blaise Compaoré sortira pour dire à la sécurité que le président du Faso arrive, évitant le drame ce jour. Fidèle Kientéga se dit persuadé que cette réaction de Blaise Compaoré visait simplement à brouiller les pistes, Hayacinthe Kafando ne pouvant pas, selon lui, prendre une telle décision d’éliminer le président Sankara sans son accord.

"Ce n’est que ce que nous nous entendions qui est arrivé le 15 octobre 87, et la responsabilité de Blaise Compaoré ne peut être exclue, même si ce n’est pas lui qui a tiré", a conclu Fidèle Kientéga.

Dans ses réponses aux questions du tribunal et des parties, le témoin a relevé qu’après les évènements du 15 octobre 87, le cousin ci-haut mentionné a été aperçu aux côtés de Gilbert Diendéré.

Dans ses révélations il dit qu’un jour, Thomas Sankara l’a appelé pour lui demander s’il avait peur. Le témoin dit avoir répondu par l’affirmative. "C’est là il m’a dit : mais, qu’est-ce que vous croyez quand vous formez le poing et levez pour dire La Partie ou la mort ?", révoque M. Kientéga.

L’ancien proche collaborateur de Thomas Sankara pense, par ailleurs, que Blaise Compaoré a aussi été influencé par les autorités coutumières sur la base de critères régionalistes. Car, de son avis, les autorités coutumières se sont certainement senties frustrées par des actions de la révolution.

O.L.

Lefaso.net

_____________________________________

 

Un témoin menace de raconter toutes les « conneries au RSP » de Diendéré

Après les évènements du 15 octobre 1987, le témoin Yaméogo Louis Joanny a été nommé commandant en second de Jean Baptiste Boukari Lingani, en 1989. Et quand celui-ci a été assassiné, le colonel à la retraite soutient que Blaise Compaoré l’a fait commandant en chef (Ndlr, l’équivalent de Chef d’état-major général des armées).

On n’improvise pas une guerre, on la prépare

"J’ai accepté mais ça n’a pas marché. Je n’étais pas d’accord avec la gestion de l’armée", explique-t-il.

"Pourquoi ça n’a pas marché ?", creuse Me Hervé Kam de la partie civile.

"J’ai compris que Blaise Compaoré était dans une dynamique de détruire complètement l’armée. Tout était mis en œuvre pour que les éléments du Centre national d’entrainement commandos (CNEC) et l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP) soient intouchables. Si bien que ces éléments ne répondaient de rien et n’obéissaient à personne. On n’improvise pas une guerre, on la prépare. La preuve, vous voyez ce qui se passe actuellement ?" révèle le témoin.

L’ex commandant en chef de l’armée est formel sur la responsabilité du chef de corps du CNEC et de son adjoint concernant le drame du 15 octobre 1987.

A la barre, il dit ceci : " Le chef est responsable de ses éléments. Ce qui s’est passé le 15 octobre 1987, si les chefs prétendent ne pas être responsables, ils devraient au moins ouvrir une enquête, faire venir les services de santé pour prendre en charge les blessés et donner des certificats en bonne et due forme aux ayants droit de la famille des disparus. Rien qu’à constater l’organisation avant et après le 15 octobre, qui pouvait faire cela en dehors d’eux ?" fait remarquer le colonel à la retraite.

On l’a fait

Le témoin a évoqué la mort d’un certain caporal Koné. Ce dernier était du Bataillon d’intervention aero-porté (BIA) et détaché à Bobo Dioulasso. De son témoignage, il ressort que ce dernier avait été mandaté pour l’assassiner (lui Yaméogo Louis Joanny) et son adjoint.

Le commandant de la quatrième région militaire ( Yaméogo Louis Joanny) aurait appelé le commandant en chef d’alors Jean Baptiste Lingani, pour lui faire part de ses préoccupations. Il (Yaméogo Louis Joanny) aurait reçu l’ordre de le faire venir à Ouagadougou. C’est ce qu’il fit. Interné dans un premier temps à la gendarmerie, le caporal Koné se retrouve à la Maison d’arrêt et de correction (MACO) où il mourut dans des circonstances non détaillées.

Sans nouvelles de lui, sa famille aurait approché l’ex commandant de la cinquième région militaire pour comprendre. Yaméogo Louis Joanny aurait pris sur lui l’initiative d’appeler le lieutenant Diendéré pour avoir des nouvelles du caporal.

Lorsque le colonel à la retraite demande des nouvelles du caporal Koné au lieutenant Diendéré au téléphone, il répond sommairement :"On l’a fait". "Pourquoi ?", réplique son interlocuteur avant de raccrocher immédiatement.

Appelé à la barre, le général Diendéré, réfute la déclaration du témoin. "Je dois dire que ce que le témoin a dit n’est pas exact. Je ne connaissais pas personnellement le caporal Koné. C’est lui même qui m’a dit que ce dernier menaçait sa sécurité. C’est ainsi que l’intéressé a été conduit à Ouagadougou sous bonne escorte. Ce qui s’est passé après, je ne suis pas au courant", explique l’accusé

Il n’en fallait pas plus pour attirer la colère du septuagénaire Yaméogo Louis Joanny. "Vous vous amusez toujours à tordre le coup de la vérité et vous mettez tout le monde mal à l’aise. Je peux raconter toutes vos conneries au RSP", darde le témoin.

Et Me Hervé Kam de la partie civile, de faire remarquer à l’accusé que le caporal Koné est mort au même moment qu’un certain Diallo Moussa. Et la tombe du caporal aurait été retrouvée à Kamboinssin, à la faveur de la journée nationale du pardon.

Le faso.net

_________________________________________

 

Ouattara Bamory, le militaire qui ne se rappelle plus son grade

L’adjudant chef à la retraite, Ouattara Bamory a remplacé le colonel à la retraite, Yaméogo Louis Joanny à la barre ce jeudi 16 décembre 2021.

Ouattara Bamory ne se rappelle plus son grade en 1987. Il hésitait entre sergent et sergent chef. Mais il est sûr d’une chose, il était en service à l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR) basé à Kamboinssin.

Il soutient que le 15 octobre 1987, ils étaient au terrain de sport à l’ETIR. A peine avaient-ils commencé que les crépitement de balles ont retenti. Le commandant en second de l’ETIR, Elysé Sanogo leur a dit d’aller se mettre en tenue militaire et revenir pour le rassemblement.

A leur retour, le témoin déclare que le commandant en second leur a donné l’ordre d’aller se poster au niveau de Pabré. Il y sont restés jusqu’au lendemain 16 octobre et c’est autour de 11h qu’ils auraient levé le camp.

Ouattara Bamory ne se souviendra plus de rien. Les tentatives de la partie civile, du parquet militaire et même du président du tribunal d’avoir une quelconque précision sur les évènements se sont avérées infructueuses. Pire, le témoin écoutait à peine ce qu’on lui demandait puisqu’il parlait au même moment que ses interlocuteurs.

Le président du tribunal était obligé de le rappeler à l’ordre dans un ton ferme : " Ici c’est pas un cabaret. On parle à tour de rôle. On n’est pas là pour s’amuser. Toi en tant que militaire, tu ne te rappelles même pas ton grade. On tue ton chef de corps et on l’enterre, toi tu n’es au courant de rien. Merci pour votre témoignage. Vous pouvez rejoindre votre place.", s’indigne le président.

Déposition du capitaine à la retraite, Nacro Boly Adama

Nacro Boly Adama est capitaine à la retraite. En 1987, il était adjudant en service à l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR). En plus de ce que son frère d’armes à déclaré, il ajoutera qu’au cours d’une rencontre au sein de leur unité le lendemain des faits, c’est à dire le 16 octobre 1987, le commandant en second (Elysé Sanogo) aurait dit que le commandant en chef le convoquait au conseil de l’Entente et qu’il ne comptait pas s’y rendre.

"C’est là j’ai pris la parole et j’ai demandé qu’il s’y rende afin que nous sachions ce qui se passe", relève-t-il. Entre temps Elysé Sanogo a vu venir les choses et a pu rejoindre Koudougou après avoir compris que son chef de corps a été tué. 72h après, le commandement de l’ETIR est passé aux mains de Gaspard Somé. Le capitaine à la retraite dit n’avoir pas duré à l’ETIR car ayant été affecté comme préfet dans un département.

Déposition d’un ancien détenu à la MACO, du nom de Ilboudo Kouma

Ilboudo Kouma est un ancien détenu de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Il fait partie de ceux qui ont creusé la tombe de Thomas Sankara et ses compagnons.

Ilboudo Kouma

"Nous avons été pris autour de 21h pour creuser les tombes. C’est au tour de 5 heures qu’on a fini. Parmi les cadavres, j’ai reconnu le président Thomas Sankara. Il était en survêtement rouge. J’ajoute également qu’il avait le point fermé et levé. On a dû attacher son bras avec une ceinture pour pouvoir l’enterrer. C’est moi j’ai enlevé son alliance et un autre a enlevé ses chaussures. Moi j’ai vendu la bague a un certain Diawara", voilà ce qu’on peut retenir du témoignage de l’ex détenu.

Lefaso.net

_______________________________

 

Sacré Sinaré, celui qui a aidé à ramasser les corps

La matinée de ce jeudi 16 décembre 2021 a connu la déposition, devant le tribunal militaire, du témoin Sacré Sinaré, soldat de première classe à la retraite et en service au conseil de l’Entente à l’époque des faits.

Le témoin, niveau de français au seuil du compréhensible, dit être de garde en cet après-midi de jeudi, 15 octobre 1987. "Je jure devant la justice militaire, je vais dire la vérité, ce que j’ai vu sur le terrain", a formulé le témoin, la main gauche levée. Le président du tribunal "acquiesce", mais lui demande de dire simplement "je le jure" (après lecture par lui de la formule consacrée), en soulevant cette fois-ci la main droite.

Le témoin se ravise, lève la main droite, puis maintient : "Je jure devant la justice militaire, je vais dire la vérité, ce que j’ai vu sur le terrain". C’est dans ces bribes de rires que le président acceptera le serment du témoin, qui est immédiatement passé à sa déposition.

Une déposition qui fut d’ailleurs brève

Le soldat de première classe, Sacré Sinaré, explique qu’en cette nuit du 15 octobre 1987, il était à son poste au Conseil, lorsqu’un certain Karim Tapsoba, régisseur de la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou), est venu l’appeler de venir aider à ramasser des corps pour mettre dans un véhicule. C’était douze corps, déclare-t-il plus loin, en réponse à une question (Thomas Sankara a été assassiné avec douze de ses compagnons, dit-on : ndlr).

Ce à quoi il dit s’être exécuté avec d’autres éléments. "Après ça maintenant, je ne sais pas où ils sont partis", a clos le témoin, ouvrant ainsi la phase des questions du tribunal et des parties.

A la question donc de savoir où il était en cet après-midi du 15 octobre 87, le témoin dit qu’il était chez lui à la maison, à Larlé. Il dit n’avoir entendu aucun coup de feu. Mais plus tard dans ses explications, il va révéler qu’il devait être de garde dans l’après-midi de ce jeudi 15 octobre 1987 et qu’il est arrivé au Conseil vers 15h. Or, selon les informations, le drame a eu lieu autour de 16h, contextualise le président du tribunal. Ce qui confond le témoin. "Ça fait 35 ans maintenant, est-ce que je peux me rappeler ", a-t-il réagi à l’observation du président. Ce dernier, dans un air détendu, lui fit savoir qu’en Afrique, les vieillards sont considérés comme des bibliothèques, de par aussi leurs capacités à se souvenir des évènements et sans même les avoir notés.

"Mais je n’ai rien fait !", se lâche par moment M. Sinaré, aussitôt rassuré par le président qu’il n’est qu’un témoin et non un accusé. De ce fait, il n’a pas à se défendre, mais plutôt à dire ce qu’il sait des évènements du 15 octobre 1987 et à même d’éclairer le tribunal.

Malgré ces "encouragements" d’Urbain Méda, le témoin n’a visiblement pas apporté les réponses attendues par les parties (il est resté moins verbeux et évasif).

A la suite de Sacré Sinaré, l’adjudant à la retraite, Karim Sankara.

O.L.

Lefaso.net

____________________________________

 

14h.32

Yamba Malick Sawadogo, le prisonnier qui a "organisé" l’enterrement de Thomas Sankara et ses douze compagnons

C’est par moments en larmes que le témoin Yamba Malick Sawadogo a fait sa déposition dans l’après-midi de ce jeudi 16 décembre 2021 devant le tribunal militaire.

"Le 15 octobre 1987, j’étais au palais de la justice. J’étais prisonnier et je travaillais au greffe de la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou)", situe le témoin. C’est de là qu’il entendra les tirs autour de 16h. Il dit avoir vu donc les gens courir dans les rues. Il prend donc sa moto (une CT), mise à sa disposition par la MACO.

Impossible de rejoindre la MACO, de par les effets des tirs (et le conseil de l’Entente, théâtre des évènements, étant situé sur la route du retour), il se retrouve chez lui au quartier Paspanga. "A 19h, les tirs ne cessaient pas", se souvient-il. Il se résout à trouver les moyens de regagner la MACO, car detenant les documents des prisonniers qui devaient être libérés le lendemain.

C’est une fois à la MACO que grâce aux éléments de garde (il précise que la MACO était gardée par des éléments du Conseil), il apprendra qu’il y a coup d’État. Sans détails.

Le régisseur l’appelle pour lui dire de préparer 20 personnes pour une corvée. Ce qu’il fit, en s’incluant sur la liste. Ils vont se retrouver au cimetière de Dagnoën par un détour au conseil de l’Entente.

Sur place au cimetière autour de 20h, le régisseur leur ordonne de creuser une dizaine de tombes. Lui comprend par là qu’il faut creuser dix tombes et ce fut fait. Un des deux véhicules VLRA qui les ont convoyés sur les lieux et dont les phares ont servi d’éclairage pour le creusage, se retire pour aller ramener les corps.

C’est pendant les inhumations, avec des identifiants (il précise que les corps étaient reconnaissables), qu’ils se rendront compte que non seulement il y avait treize corps, mais que le président Thomas Sankara en faisait également partie.

"Et là, tout le monde était glacé", décrit le témoin, qui se perd en larmes.

Ils se mettent donc à creuser trois autres tombes, dont celle de Thomas Sankara qu’ils ont placée devant.

Ils finissent autour de 3h du matin, sous pression du régisseur.

M. Sawadogo note qu’ils étaient au total 23 personnes en cette nuit d’inhumations (20 prisonniers, les deux chauffeurs des VLRA qui étaient des militaires, plus le régisseur de la MACO).

Interrogé sur cette affaire de bague du président Sankara, dont avait précédemment fait cas un témoin, Yamba Malick Sawadogo explique : "Les effets, notamment la bague et les chaussures du président, ont été effectivement enlevées par un prisonnier devant tout le monde et devant Karim Tapsoba (le régisseur de la MACO)".

Les parties, elles, n’ont pas eu de questions à adresser au témoin, qui s’est retiré de la barre après 21 minutes (14h 32-14h 53 ) de rappel des faits.

L’audience se poursuit, exceptionnellement, demain, vendredi 17 décembre 2021(elle a lieu normalement du lundi au jeudi) pour "rattraper" la suspension du lundi et du mardi pour cause de décès d’un avocat et d’un magistrat stagiaire. O.L. Lefaso.net

__________________________________________________

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : ww.bernard-deschamps.net
  • : Blog consacré pour une grande part aux relations entre l'Algérie et la France.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens