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9 décembre 2021 4 09 /12 /décembre /2021 06:16

mardi 7 décembre 2021

10h.54

Me Maria Kanyili demande que des témoins soient mis aux arrêts

Persuadée que les témoins Laurent Ilboudo, Drissa Sow et Claude Zidwemba se sont concertés pour charger son client Bossobè Traoré, Me Maria Kanyili a fait une requête au président de la Chambre de première instance du tribunal militaire. Elle a demandé que ce dernier fasse application de l’article 120 du code de justice militaire en ordonnant l’arrestation des témoins.

Lors de sa déposition, Claude Zidwemba, l’un des membres de la sécurité rapprochée de Thomas Sankara a soutenu que le caporal Bossobè Traoré n’était pas du groupe de la sécurité rapprochée du président Thomas Sankara. Mieux, à la barre, ce mardi 7 décembre 2021, il dira qu’il n’a pas vu Bossobè Traoré, le 15 octobre 1987 au conseil de l’Entente.

Pourtant l’avocate de l’accusé fera savoir au témoin que ces déclarations à la barre sont en contradiction avec celles faites devant le juge d’instruction. Selon Me Kanyili, Claude Zidwemba a dit au juge que le soldat Bossobè Traoré était présent avec le chef du groupe de sécurité, son adjoint et d’autres soldats. Dans un autre extrait de sa déposition lu par l’avocate, le témoin a cité une seconde fois le nom de l’accusé, présent au conseil de l’Entente. Confronté sur ses propres déclarations, Claude Zidwemba dira ne pas reconnaître les passages présentés.

Autre contradiction, le témoin dit ne pas se rappeler de la couleur du véhicule qui s’est engouffré dans le couloir du secrétariat du conseil de l’Entente alors que ça tirait. Le président du tribunal Urbain Méda lui fera remarquer qu’il a pourtant dit au juge d’instruction que le véhicule était de couleur blanche. Il s’agissait selon plusieurs témoins d’une Peugeot 504.

Pour Me Maria Kanyili, il y a anguille sous roche. Persuadée que les témoignages de Claude Zidwemba et des responsables de la sécurité de Thomas Sankara ne sont pas sincères, elle a demandé au président du tribunal de faire appliquer l’article 120 du code de justice militaire.

Cet article dispose que « Au cours des débats, lorsque la déclaration d’un témoin parait fausse, le président peut, sur réquisition du procureur militaire ou d’office, faire procéder à son arrestation sur le champ. Le greffier en dresse procès-verbal adressé au procureur du Faso du ressort du tribunal militaire. »

A l’heure où nous tracions ces lignes (10h35), la déposition des témoins se poursuivait. Et le président du tribunal ne s’était pas encore prononcé sur la question.

LeFaso.net

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11h.30

Le témoin Bationo Jean Bapio livre son témoignage

Devant le tribunal militaire pour livrer sa version des évènements du 15 octobre 1987 en qualité de témoin, l’adjudant chef major à la retraite Bationo Jean Bapio était de service à l’infirmerie le jour fatidique. Parti couvrir le cours d’armement qui se tenait au conseil l’après midi du 15 octobre, le premier coup de feu tiré par le commando lui fait penser à un essai d’arme. Les tirs nourris qui ont suivi, lui font prendre conscience que la situation est grave. S’en suit un sauve qui peut, et le témoin arrive à rejoindre l’infirmerie puis son domicile situé dans le quartier Dapoya.

Arrivé à domicile, Bationo Jean Bapio porte sa tenue militaire, prend son arme à feu et repart au conseil. A l’entrée, il tombe sur Alexis Zongo qui lui dit "on l’a tué". Et lui de demander " on a tué qui ? "Le président". Il a ensuite continué à la permanence, d’où il pouvait apercevoir les corps étalés au secrétariat.

Alors qu’il était assis à la permanence, un véhicule arrive et le major Bassolé Hubert lui dit de monter. C’est en cours de chemin qu’il apprend qu’ils vont sur la colline de Naaba Tanga sur la route de Po. Le major Bassolé lui a remis deux Talkies-walkies, qu’il devait une fois sur les lieux remettre à un renfort d’hommes en provenance de Po, l’a déposé puis est reparti. La mission de Po est arrivée aux environs de 19h moins et il a effectivement remis les Talkies-walkies. Le major Bassolé est revenu, puis l’a ramené au conseil.

Une fois au conseil, le chef de permanence Ouédraogo Ousmane lui a demandé de venir l’aider à identifier les corps exposés au secrétariat. Le témoin dit avoir refusé, en disant qu’il ne voulait pas marcher dans le sang des gens. Le chef de permanence est revenu une deuxième, puis une troisième fois, le menaçant de le punir si il ne s’exécutait pas. Il lui a alors répondu qu’il préférait être puni et Ousmane Ouédraogo l’a alors laissé tranquille. Il a passé le reste de la nuit à l’infirmerie.

Armelle Ouédraogo

Lefaso.net

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11h50

Venu rencontrer Thomas Sankara, Bamouni Boubié assiste à son assassinat

Le caporal à la retraite Bamouni Boubié, membre de la garde présidentielle au moment des évènements du 15 octobre 1987, était le troisième témoin à la barre en cette matinée du 07 décembre 2021. En convalescence suite à un accident, il s’était rendu au conseil le 15 octobre 1987, pour rencontrer le président Sankara à la demande de celui-ci.

C’est pendant qu’assis dans la cour, il attendait la fin de la réunion du président pour se présenter à lui, qu’une 205 blanche, conduite par Hyacinthe Kafando avec Ouédraogo Arzouma dit Otis pour passager freine brusquement devant lui. Les occupants du véhicule sont descendus et ont commencé à tirer sur le garde du corps posté à l’entrée du bâtiment, puis sur le secrétariat.

Le camarade président est alors sorti de son bureau et les assaillants ont tiré sur lui ainsi que sur une autre personne que le témoin dit ne pas pouvoir identifier. Profitant de la progression du commando, Bamouni Boubié a pris la fuite en empoignant sa moto. Il dit n’avoir pas dans sa course, été inquiété par les éléments du CNEC (Centre national d’entraînement commando, ndlr).

A la question du président du tribunal de savoir pourquoi il a pris la fuite alors qu’il était de la garde présidentielle, le témoin répond en ces termes "je vous avoue que c’était la débandade".

Dans son récit, le témoin affirme que le véhicule conduit par Hyacinthe Kafando était une 205 blanche, pendant que plusieurs autres témoins soutiennent avoir vu plutôt une 504 blanche. Les avocats de la défense ont voulu avoir plus de précisions sur ce détail, mais le témoin a réaffirmé avoir vu une 205 et non une 504.

Armelle Ouédraogo

Lefaso.net

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16h00

Le chef des engins blindés à la barre

Chef des engins blindés du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR) au conseil de l’Entente, le sergent Alexis Zongo (adjudant-chef major à la retraite) était en stage à l’école du génie militaire. Le soir du 15 octobre 1987, il était au cours lorsque le crépitement des armes a retenti. Au regard de la situation, les instructeurs ont permis aux stagiaires de rejoindre les corps d’origine les plus proches.

En se rendant au conseil de l’Entente, il dit avoir rencontré le lieutenant Théodore Kilimité Hien, secrétaire général national adjoint des Comités de défense de la Révolution, au niveau du rond-point des Nations unies avec une DCA (arme anti avion). Ce dernier lui aurait dit de rester avec lui. Après avoir décliné l’ordre car ne relevant pas de son autorité, Alexis Zongo continue sa route jusqu’au conseil de l’Entente.

La petite porte étant fermée, il décide de passer par la grande porte. Là, il voit le lieutenant Gilbert Diendéré arrêté avec d’autres militaires près de l’entrée, à droite. « Quand je suis arrivé, les tirs avaient cessé. J’ai demandé au lieutenant ce qui se passait. Il m’a répondu ‘’C’est comme ça et c’est c’est arrivé’’ en tendant la main vers le secrétariat. Je suis allé et j’ai reconnu le corps du président Sankara. Je suis revenu vers Diendéré et j’ai demandé la conduite à tenir. Il a dit de prendre les blindés pour aller boucler les sorties ».

Alexis Zongo se souvient avoir rendu compte au soldat Ali qui l’avait remplacé lorsqu’il était en stage. Mais le témoin dit n’avoir pas effectué une mission avec un blindé. Il dit s’être rendu près du barrage de Tanghin avec sa moto. Il dit avoir aperçu une DCA montée sur un véhicule. Selon les éléments du dossier, c’est le soldat Roger Kéré qui était sur les lieux. Là, il a fait sortir ses documents et s’est mis à réviser.

A la question de la partie civile de savoir combien de blindés étaient au conseil de l’Entente, le témoin répond qu’il y avait dix blindés côté Est et deux autres blindés côté Ouest du conseil. Ces blindés, selon Alexis Zongo, sortaient peu. Ils sortaient parfois la nuit pour assurer la sécurité à la présidence ou pour des révisions au génie militaire ou des séances de tirs à Yimdi. Il arrivait parfois que les soldats chauffent les moteurs des engins, histoire de les roder.

A la question de Me Prosper Farama de savoir si l’envoi des blindés aux sorties de la ville avait pour but de protéger le conseil, le témoin a répondu par l’affirmative en précisant que ces deux engins ont été envoyés certainement pour parer toute attaque.

LeFaso.net

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18h22

L’adjudant chef major à la retraite Sawadogo Wendyelé, était l’avant dernier témoin du jour à déposer à la barre ce 07 décembre 2021. Au moment des faits, il était le chef de détachement du bataillon d’intervention aéroporté (BIA) au sein du Conseil.

Le témoin raconte qu’il se trouvait au génie militaire, lorsqu’il a entendu les premiers coups de feu. Il sort alors son talkie-walkie et appelle le lieutenant Gilbert Diendéré. Celui-ci lui aurait dit "on nous tire dessus. Prends tes hommes et allez occuper vos postes au carrefour Kaya-Fada".

De sa compréhension, c’était sûrement une force extérieure qui était entrain d’attaquer le Conseil. Il appelle alors son adjoint et repasse par le Conseil pour chercher une arme avant de se rendre au dit carrefour qui selon ses propos était sa zone habituelle d’intervention. Il y trouve son adjoint ainsi que ses éléments déjà en place. Ce n’est que le lendemain, précise l’ancien chef du détachement du BIA, qu’il a appris à la radio, la mort du président Thomas Sankara.

Ayant appris que le capitaine Boukary Kaboré dit le lion opposait une résistance au niveau de Koudougou, Sawadogo Wendyelé demande l’autorisation au lieutenant Diendéré pour envoyer quelqu’un le raisonner afin d’éviter un carnage. Ayant obtenu l’aval de Diendéré, il envoie à Koudougou le gardien de l’ENAM (bâtiment où se trouvait le détachement du BIA).

L’émissaire se fait chasser par le lion et Sawadogo Wendyelé rend compte au lieutenant d’alors Gilbert Diendéré.

Confronté au témoin Sawadogo Wendyelé, l’accusé Gilbert Diendéré affirme ne pas avoir souvenance d’avoir dit au témoin qu’il était attaqué. Il ajoute lui avoir plutôt dit de venir au conseil pour de plus amples informations et non d’aller occuper le carrefour Kaya-Fada. Il précise que l’occupation du carrefour par le détachement de Sawadogo Wendyelé allait de soi, puisque ce carrefour constituait le poste du BIA.

Pourquoi ne pas avoir demandé au détachement de Sawadogo Wendyelé de venir vous appuyer au conseil, quand on sait que le détachement comptait 130 éléments, a demandé le parquet militaire. Et Gilbert Diendéré de répondre" le drame était déjà arrivé. Le camarade président et une dizaine de ses compagnons étaient déjà à terre. On va défendre qui ?"

Le procureur militaire fait alors remarquer que l’attitude du général n’est pas normale. Sinon s’interroge-t-il, comment laisser des éléments à l’extérieur qui peuvent vous appuyer et vous leur dites d’aller ailleurs ? Cela semble suspect, conclut le procureur militaire. Et Diendéré de répliquer " pourquoi appeler des éléments à l’extérieur alors que ceux qui étaient à l’intérieur n’ont pas pu réagir ?". Il ajoute qu’il n’avait pas très confiance aux éléments qui étaient à l’intérieur du Conseil, à plus forte raison ceux qui étaient à l’extérieur car selon lui il pouvait y avoir des complices des commanditaires du coup de force.

Armelle Ouédraogo

Lefaso.net

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 20h14

Moumouni Koïba, le soldat chargé d’apporter du café noir aux soldats du conseil de l’Entente

Moumouni Koïba était cuisinier en poste au camp Guillaume Ouédraogo pendant les événements du 15 octobre 1987. C’est dans ce camp que l’on cuisinait le repas pour les éléments du conseil l’Entente. Chaque soir, le caporal qu’il était devait passer pour signer dans un cahier au niveau de la permanence, après la livraison du repas. Mais ce jeudi 15 octobre là, alors qu’il quittait le conseil, des coups de feu se font entendre.

Il dit s’être mis au placard. « Pendant combien de temps, demande un avocat de la défense ? » Et le témoin de répondre qu’il n’a pas chronométré le temps mis au sol. Mais il est sûr d’une chose, il ne s’est relevé qu’à la fin des tirs. A-t-il vu des gens entrer et sortir alors qu’il était couché au sol ? À cette question, Moumouni Koïba répond « Quand il y a des tirs, la tête est baissée. Pourquoi lever la tête ? C’est pour prendre une balle ou quoi ? »

Après les tirs, le soldat dit avoir vu le lieutenant Gilbert Diendéré en communication. Mais s’est tenu à une distance de sécurité de lui, le temps qu’il finisse de communiquer. « Après je me suis approché de lui. Et c’est là qu’il m’a dit de tout faire pour servir le café noir aux hommes qui étaient dans les postes de garde pour qu’ils ne dorment pas ». Ne comprenant pas ce qui se passait, il pose la question à un soldat qui lui annonce qu’il s’agit d’un coup d’État organisé par Blaise Compaoré.Ce n’est qu’après qu’il s’est rendu à la maison pour se changer et revenir au camp Guillaume pour préparer le café qui sera par la suite servi aux éléments au conseil de l’Entente.

Le témoignage de Moumouni Koïba a été bref. L’audience a été suspendue et reprendra le mercredi 8 décembre avec l’audition d’un autre témoin, Léonard Gambo.

Lefaso.net

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22h39

:Un témoin donne l’identité des deux soldats qui ont abattu Sankara

Sergent-chef au moment des faits, Issouf Sawadogo officiait au secrétariat du conseil de l’Entente. Il y était avec le regretté Christophe Saba. Témoin au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, il dit avoir quitté le domicile pour le service aux environs de 15h. Là, il trouve l’adjudant Saba en train de ranger les chaises. Il rejoint son bureau.

Alors qu’il entend des coups de feu, le téléphone se met à sonner bruyamment. En voulant décrocher, des tirs de rafales brisent sa fenêtre. En voulant quitter le bâtiment par le couloir, il se heurte à un obstacle. Un véhicule dont il ne se rappelle plus la marque bloque le passage. « Je suis sorti en même temps que le président du Faso. Chacun était devant sa porte », a-t-il indiqué.

Les assaillants leur ordonne de lever les mains. Et c’est à cet instant que le président est abattu. « Nabié N’Soni a tiré dans la tête du président et Hamidou Maïga a tiré sur son thorax. Quand le président est tombé, Maïga s’est accroupi pour prendre son pistolet automatique », a déclaré le témoin.

Il a expliqué au tribunal avoir pris la tangente avant de rencontrer Hyacinthe Kafando qui venait du côté Ouest du bâtiment. Là, il tombe sur une fourmilière. Un commando ouvre le feu. A l’en croire, il était composé des soldats Yamba Élysée Ilboudo, Wampasba Nacoulma et Nabonswendé Ouédraogo.

Ce sont les mêmes éléments qui l’ont conduit, lui et Drissa Sow dans le bureau de Hyacinthe Kafando. Là, le témoin raconte avoir vu un crâne humain rempli de cendres et contenant un œuf cassé. Pris de vertiges, il demande à aller chercher un document au conseil mais reçoit un coup de poing au bas ventre de la part de Nabié N’Soni. « Je ne crachais que du sang le matin. On nous a libérés. J’étais avec Sow Drissa et le soldat Kambou qui n’est plus aujourd’hui de ce monde. En sortant du bâtiment, Hyacinthe Kafando a demandé pourquoi je le regardais comme ça. Il a serré mes colles et m’a dit que si je fais, il va me remettre à ses éléments pour me faire »

LeFaso.net

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