lundi 13 décembre 2021

23h40

 « Les éléments à la présidence voulaient prendre la radio », témoigne Somda Eugène

L’audience du procès Thomas Sankara et douze de ses compagnons a repris ce lundi 13 décembre 2021 par la déposition de l’adjudant chef major à la retraite et attaché de santé militaire, Somda K. Eugène.

Somda K. Eugène était chef de l’équipe d’escorte du président du Faso, Thomas Sankara, le 14 octobre 1987. A la barre, il déclare avoir remis le flambeau à une autre équipe le 15 octobre, à 7h.

Selon son témoignage, il s’apprêtait à rentrer quand il a été informé que le lieutenant Diendéré (Ndlr général actuellement) le convoquait pour une réunion. "La réunion a pris du temps. Nous avons terminé autour de 13h moins. Après cela, j’ai fait un tour rapide à la maison et suis revenu au conseil de l’Entente vers 14h pour ensuite faire un détour à l’infirmerie afin de voir mes malades", relate-t-il.

Sur le chemin, l’attaché de santé à la retraite dit avoir constaté au niveau de la radio beaucoup de mouvements de militaires. "Je me suis dit que c’était normal et que c’est certainement pour la sécurité du président du Faso", s’est-il rassuré.

Vers 16h, il entendit un premier coup de rafale au conseil de l’Entente. Là encore, l’adjudant-chef major à la retraite ne s’est pas inquiété pour le moins du monde. C’est pour lui, un incident de tir. Les tirs s’intensifient quelques instants après. Et son adjoint accourt pour lui dire qu’il y a des tirs au Conseil de l’entente et qu’il devrait libérer les malades. "Chose que je fis. Et j’ai pris la direction du Conseil de l’entente. Au niveau de la radio nationale, l’adjudant Abderrahmane Zétiyenga m’a bloqué. J’ai donc fait demi-tour pour me rendre à la présidence. Quelques instants après, je suis revenu sur mes pas. J’ai dit mon adjudant, il faut que je rentre". "Bon écoute, je vais te laisser entrer mais tu n’iras pas seul", lance Zétiyenga à l’attaché de santé. Il le fait accompagner par un soldat. A quelques encablures de la zone où il y avait les tirs, un soldat serait sorti vers sa droite. Il le reconnut tout de suite. C’est le soldat Nabonswendé. Il me dit halte et me demande ce que je venais chercher là après m’avoir désarmé. Somda K Eugène répondit que c’est le lieutenant Diendéré, qui lui avait fait appel.

C’est là, il (Soldat Nabonswendé) est allé voir le sergent Maiga (Ndlr, chauffeur de Blaise Compaoré), arrêté à quelques mètres, à côté d’une voiture. A son tour, le sergent Maiga rentre et ressort quelques instants en compagnie du lieutenant Diendéré.

"Le lieutenant me fait signe avec la main d’avancer, il tire un banc à côté et nous prenons place. A ma demande, le lieutenant Diendéré me fait savoir que la réunion qu’ils ont tenue au matin a dégénéré et que le président était mort. Il me dit d’aller à la présidence et dire aux hommes qui y sont de rester calmes. Arrivé, quand j’ai informé les hommes, ils étaient surchauffés et voulaient prendre la radio nationale et je les ai dissuadés de le faire", explique l’adjudant chef major à la retraite.

Il y aura audience le vendredi 17 décembre

Juste après la déposition de l’adjudant chef major à la retraite, Somda K Eugène, Me Lallogo de la partie civile a demandé la parole pour informer que tous les avocats sont conviés au domicile d’un des leurs décédé, dont l’enterrement est programmé pour le mardi 14 décembre, à 10h.

Au même moment, le président du tribunal informe qu’un magistrat militaire stagiaire serait lui aussi décédé et l’enterrement est prévu pour 14h ce jour même. "Qu’est-ce qu’on fait ?" demande le président du tribunal.

Pour concertation, il suspend l’audience pour 5 minutes. A l’issue de cette suspension, il a été décidé de suspendre l’audience jusqu’au mercredi. Cependant, pour ne pas perdre deux jours, il a été retenu que le vendredi 17 décembre 2021, il y aura audience.

Lefaso.net