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31 octobre 2021 7 31 /10 /octobre /2021 09:22

mercredi 27 octobre 2021

8h.32

 « Je ne savais pas que je partais faire un coup d’Etat, à plus forte raison ôter la vie de quelqu’un », se défend Yamba Elysée Ilboudo

En cette première journée (26 octobre 2021) à la barre, l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, qui a conduit une partie du commando sur les lieux de la tuerie (Conseil), est revenu sur sa version des faits de ce drame de la soirée du 15 octobre 1987. S’il dit n’être informé de rien avant le forfait, l’accusé se souvient cependant que lorsque les tirs ont commencé, le capitaine Thomas Sankara est sorti de la salle de réunion, les mains en l’air, sans arme, demandant ce qui se passe. Il apprend aussi que Hyacinthe Kafando et Maïga ont tiré en « désordre », de sorte qu’il s’interroge de savoir qui des deux est l’auteur des balles qui ont atteint Sankara.

En effet, après avoir reconnu les faits à sa charge (complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et assassinat), Yamba Elysée Ilboudo a reconstitué les faits de cette soirée du 15 octobre 1987. Tout commence, avec lui, au domicile de Blaise Compaoré, sis derrière l’ancienne Assemblée nationale, d’où est parti le commando qui a tiré sur le président Thomas Sankara et ses douze compagnons. « Hyacinthe (Kafando) m’a appelé, que où est Elysée, où est Elysée ? Prends le véhicule, on va aller au Conseil », introduit-il. Ils embarquent donc, à bord de deux véhicules. Le véhicule devant lui est conduit par Maïga, chauffeur et garde de Blaise Compaoré, avec à bord, des occupants (il se souvient d’Arzouma Ouédraogo, un certain Sinaré et Ousséni Nébié). Dans le véhicule conduit par lui-même, se trouvent Hyacinthe Kafando, Idrissa Sawadogo et Nabonsseouindé Ouédraogo.

Une fois au Conseil, ils font escale au pied-à-terre de Blaise Compaoré. Là se situe également le pied-à-terre du chef de corps, Hyacinthe Kafando. Tous montent au bâtiment, tandis lui attend dans le véhicule. Peu après, Hyacinthe Kafando et le groupe redescendent. Il lui ordonne de démarrer pour reprendre la direction de la résidence de Blaise Compaoré. Yamba Elysée Ilboudo démarre à vive allure, mais à hauteur du secrétariat du Conseil, Hyacinthe Kafando va subitement, la main sur le volant, orienter son véhicule sur la porte du secrétariat. Le virage est si brutal que le véhicule cogne le portail du secrétariat, se remémore-t-il, précisant qu’ils ont été devancés en ces lieux par le véhicule de Maïga.

« Quand il est descendu, j’ai remarqué que l’eau du véhicule versait, le choc-là a percé le radiateur », décrit l’accusé. Hyacinthe Kafando se précipite et divise le commando pour encercler de part et d’autre le bâtiment avant de foncer avec Maïga vers la salle où se tenait la réunion. C’est du véhicule où il était resté que l’accusé va assister aux coups de feu. Il croit se souvenir que Oualilahi Ouédraogo (sécurité de Thomas Sankara) est le premier à être touché par les balles. Ensuite, Thomas Sankara sort de la salle, les mains en l’air, et demandant ce qui se passe. Hyacinthe Kafando et Maïga qui avançaient, tirent sur lui. Thomas Sankara s’écroule d’abord sur ses genoux avant de tomber sur son côté gauche. « Mais on ne sait pas qui est le premier à tirer », confond Yamba Elysée Ilboudo. Après le forfait, ils regagnent à pied le domicile de Blaise Compaoré (le véhicule étant endommagé).

A la question de savoir s’il était informé des motifs du déplacement au Conseil, lorsqu’il bougeait du domicile de Blaise Compaoré, l’accusé répond par la négative. « Je ne savais pas que je partais faire un coup d’Etat, à plus forte raison ôter la vie de quelqu’un », a-t-il déclaré, précisant avoir simplement conduit les autres à destination. Il dit avoir exécuté un ordre de sa hiérarchie. « Un soldat répond à son commandement », coupe-t-il court.

L’interrogatoire de Yamba Elysée Ilboudo se poursuit ce mercredi 27 octobre 2021.

O.L

Lefaso.net

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11h.16

Mis en liberté provisoire, Yamba Élysée Ilboudo a passé la nuit en prison

A l’audience du mardi 26 octobre 2021, le juge a ordonné la mise en liberté provisoire de tous les accusés du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, à l’exception du Général Gilbert Diendéré.

Si certains ont pu regagner leur famille, Yamba Élysée Ilboudo, père de six enfants, a passé la nuit en prison. Notons qu’il est le premier accusé appelé à la barre.

Dès l’ouverture de l’audience, ce mercredi à 9h10, l’accusé en répondant aux questions de Me Olivier Badolo de la partie civile, a déclaré : « Je n’arrivais pas à joindre mon fils pour qu’il vienne me chercher parce que je n’avais pas de téléphone. J’ai demandé un téléphone mais on m’a dit que c’était en panne. Comme j’habite loin, je ne pouvais donc pas marcher. » Yamba Élysée Ilboudo a confié avoir eu son fils ce matin qui l’a rassuré que toute la famille se porte bien.

Notons que Yamba Élysée Ilboudo, soldat de première classe au moment des faits, est l’un des chauffeurs qui ont conduit le commando au conseil de l’entente, jeudi 15 octobre 1987. À la

retraite depuis 2004 et victime d’un accident depuis 1989, il a reçu deux médailles au cours de sa carrière : la médaille de la résistance et la médaille militaire.

Lire aussi : Procès Sankara et compagnons : « Je ne savais pas que je partais faire un coup d’Etat, à plus forte raison ôter la vie de quelqu’un », se défend Yamba Elysée Ilboudo

LeFaso.net

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12h.00

 « Dès lors qu’on parle du Général Gilbert Diendéré, vous ne vous souvenez plus de rien », lance le juge Urbain Méda à un accusé

Yamba Élysée Ilboudo est toujours à la barre. Accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et d’assassinat, il n’a pas nié les faits. Son courage a été salué par les avocats de la partie civile. « Vous êtes pratiquement le seul à avoir dit avec détail ce que vous avez fait », a flatté Me Prosper Farama.

Même si les avocats de la partie civile ont salué la cohérence des propos de l’accusé, ils ont fait remarquer que lorsqu’il s’agit de parler du Général Diendéré, l’accusé se retranche à travers une phrase laconique « Comme il y a longtemps là… » en jouant la carte des séquelles de l’accident dont il a été victime en 1989.

Pourtant à l’instruction Yamba Élysée Ilboudo a affirmé avoir aperçu Gilbert Diendéré à l’arrivée du commando au conseil de l’Entente en train de discuter avec ses hommes. Face à cette situation, le président de tribunal, Urbain Méda a tenu un langage de vérité avec l’accusé :« Évitez de prendre sur vous les charges des autres. La faute avouée est à moitié pardonnée. Le jeu auquel vous êtes en train de jouer n’est pas en train de vous arranger (…) Vous avez dit des choses devant le juge d’instruction. Dès lors qu’on parle du Général Gilbert Diendéré, vous ne vous souvenez plus de rien ».

S’adressant toujours à l’accusé, le juge Méda lui a rappelé qu’il est libre de garder le silence. « Mais vous avez 62 ans et êtes père de six enfants. Vous n’êtes plus un enfant. Vous êtes responsable. Devant le juge d’instruction, vous avez dit des choses. Et moi je veux vérifier si c’est vous qui l’avez dit pour analyser et en tirer toutes les conséquences (…) Si vous vous sentez en insécurité, vous nous le dites. Si vous craignez que vos déclarations ne se retournent contre vous, dites-le nous. »

Et l’accusé de répondre que sa seule crainte est de citer une personne alors que celle-ci n’est pas impliquée. A Me Guy Hervé Kam, Yamba Élysée Ilboudo a lâché : « J’ai peur. J’ai des enfants. Je veux vivre comme les autres. »

Lefaso.net

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16h.02

Le tribunal rejette une demande d’expertise psychiatrique de l’accusé Yamba Elysée Ilboudo

Après les questions du Parquet et de la partie civile à l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, la parole est revenue aux avocats de la défense. Et c’est l’avocat de l’accusé, Me Éliane Kaboré, qui l’a naturellement prise en premier. S’appuyant sur ce qu’elle qualifie d’ "incohérences" dans son récit, elle a demandé une expertise de l’état psychique de son client, Yamba Elysée Ilboudo.

Me Éliane Kaboré dit observer qu’il y a beaucoup d’incohérences dans le récit de Yamba Elysée Ilboudo. Elle note qu’il a des trous de mémoire. Me Kaboré dit aussi avoir relevé que depuis que son client a été appelé à la barre, hier mardi 26 octobre 2021, il a dit "35 fois : je ne sais pas" à des questions qui lui sont posées et a rappelé "cinq fois" qu’il a été victime d’un accident qui lui laisse des séquelles.

L’avocat dit avoir également appris, de son épouse, que depuis que Yamba Elysée Ilboudo a été victime de l’accident en 1989 (qui l’a plongé dans un coma et pour lequel, il a été évacué en France), il parle parfois seul.

Elle confie en outre avoir constaté que par plusieurs fois, l’accusé n’a pas pu donner le nombre exact de ses enfants. "Tantôt cinq, tantôt six... Mais en réalité, il a sept enfants", certifie son conseil, Éliane Kaboré. Une situation qui l’a alertée sur la possibilité d’un déficit mental de son client, depuis cet accident de 1987 sus-évoqué. Yamba Elysée Ilboudo a été de nouveau victime d’un accident en mai 2021, dont il traîne encore les cicatrices. L’avocat remet au tribunal et au Parquet, des documents justifiant l’état de forme de l’accusé.

Le tribunal va provoquer l’avis des autres parties sur cette requête de Me Éliane Kaboré.

Les avocats des victimes se montrent défavorables à la requête. Pour Me Prosper Farama, tout le monde peut avoir des trous de mémoire sur des faits plus ou moins lointains, sans que cela ne constitue pour autant une défaillance des facultés mentales. Me Guy Hervé Kam relève que la "demande ne repose pas sur l’état mental de l’accusé, mais sur les incohérences de l’accusé à la barre". Aussi se demande-t-il pourquoi c’est maintenant que l’avocat soulève le problème, alors qu’elle a disposé de deux mois (elle a été commise d’office en septembre 2021).

L’agent judiciaire de l’État abonde dans la même trajectoire que la partie civile. Il craint que si cette requête passe, d’autres accusés emboîtent le pas. Ce qui va retarder le procès et coûter de l’argent à l’État. Pour le tribunal, de tels éléments ne sauraient être des arguments pour l’agent judiciaire de l’État pour refuser la demande. Il précise qu’une telle demande est d’ailleurs un droit reconnu aux accusés. Finalement, l’agent judiciaire de l’État se cantonne à dire que la requête arrive tardivement.

Le Parquet rappelle pour sa part que depuis la veille, il a demandé, vainement, à avoir les documents médicaux de l’hôpital d’accueil de l’accusé en France. Cela aurait permis, de son avis, d’avoir une situation sur son état exact à ce niveau.

Le Parquet se convainc d’ailleurs que les oublis que manifeste Yamba Elysée Ilboudo relèvent d’une stratégie de défense. "Il ne s’agit pas d’incohérences, mais d’une stratégie de défense", conclut le ministère public.

Ces arguments n’emportent pas la conviction des avocats de la défense. Des intervenants vont aller dans le sens de la requête de Me Éliane Kaboré, en soulignant entre autres que ce procès est historique pour le Burkina Faso. Ce qui implique qu’il faut poser tous les actes nécessaires au bon déroulement du procès, faire en sorte à ne pas avoir à regretter de n’avoir pas posé tel ou tel autre acte. "Même s’il faut l’état psychique de tous les accusés, il faut le faire. C’est la vérité on cherche", a partagé Me Olivier Somé.

Me Aouba Zaliatou pense qu’être dans le coma est de nature à altérer les facultés mentales et que la seule façon d’être donc sûre de l’état de la personne, c’est de faire une expertise.

C’est sur ces entrefaites que le tribunal va suspendre l’audience autour de 12h30 pour plancher sur la requête.A la reprise à 14h, le tribunal va juger la requête recevable, mais la rejette comme étant injustifiée.

L’interrogatoire se poursuit donc, toujours avec l’accusé Yamba Elysée Ilboudo.

O.L

Lefaso.net

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22h.40

« C’est Hyacinthe Kafando qui a donné l’ordre de tirer »

Nous vous proposons un extrait de l’interrogatoire entre Me Prosper Farama et Yamba Élysée Ilboudo, premier accusé à passer à la barre au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze de ses compagnons.

Me Farama : Qui était le plus gradé ?

Accusé : C’est Hyacinthe Kafando.

Me Farama : Qui était le moins gradé ?

Accusé : J’étais soldat de première classe. J’étais parmi les plus petits gradés de l’armée

Me Farama : Qui a donné l’ordre de tirer ?

Accusé : C’est Hyacinthe.

Me Farama : Est-ce que le général Diendéré a donné l’ ordre de tirer ?

Accusé : Non. Je crois qu’il ne savait pas ce qu’il se passait.

Me Farama : Je veux savoir. En plus de la garde de Thomas Sankara et celle de Blaise Compaoré y avait-il des soldats qui gardaient le conseil de l’Entente ?

Accusé : Oui.

Me Farama : Quand l’opération a commencé, est-ce que les gardes du conseil de l’Entente ont tiré sur vous ?

Accusé : Non. Aucun garde n’a riposté ou n’est venu voir après ce qui se passait.

Me Farama : Qui était le patron du conseil de l’Entente ?

Accusé : C’est le général Gilbert Diendéré.

Me Farama : Si l’on vous donne l’ordre de défendre le président qui est attaqué, allez-vous exécuter l’ordre ?

Accusé : On peut défendre.

Me Farama : Allez-vous défendre ou on peut défendre ?

Accusé : On peut défendre.

Me Farama : Pendant que vous étiez dans le véhicule, vous a-t-on donné l’ordre de défendre le président Thomas Sankara ?

Accusé : Non.

Lefaso.net

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22h50

 « Vous êtes devant les hommes, mais il y a Dieu qui vous attend » (Me Mamadou Sombié)

Après le rejet par la chambre de la requête de Me Eliane Kaboré demandant une expertise sur la santé psychique de son client Yamba Élysée Ilboudo, l’audience de l’accusé s’est poursuivie cet après-midi.

Répondant aux questions de son avocate, Yamba Élysée Ilboudo a déclaré n’avoir pas tué Thomas Sankara et ses compagnons. Pour Me Eliane Kaboré, il plaide donc non coupable. Pourtant la veille, il avait reconnu les faits à lui reprochés. N’a-t-il pas fait de confusion entre « reconnaître les faits » et « reconnaître avoir été au conseil de l’Entente », ce jour fatidique du 15 octobre 1987 ? Selon l’avocate il ne sait ni lire ni écrire. Il n’a pas été à l’école hormis les cours du soir qu’il a payés de sa poche mais qu’il n’a pas poursuivis.

Poursuivant son interrogatoire avec son client, Me Eliane Kaboré fera remarquer que Yamba Élysée Ilboudo n’a reçu aucune gratification de la part du pouvoir qui a succédé à celui du Conseil national de la révolution puisque qu’il a fait ses premiers pas dans l’armée en tant que soldat de première classe et a été admis à la retraite en 2004 avec le même grade.

Après, c’était au tour de Me Mamadou Sombié de "cuisiner" l’accusé. Ce dernier a déclaré lors de l’instruction que son client Nabonsseouindé Ouédraogo faisait partie des trois militaires qui ont embarqué à l’arrière de son véhicule pour aller au conseil de l’Entente sur instruction de l’adjudant Hyacinthe Kafando. En revenant, sur les causes de l’accident dont Yamba Élysée Ilboudo a été victime en 1989, accident qui s’est déroulé de retour d’une mission de « Fada N’Gourma ou Tenkodogo », l’avocat a soutenu que le traumatisme crânien qu’a subi l’accusé n’a pas été relevé par l’instruction.

Pour Me Mamadou Sombié, contrairement aux déclarations de Yamba Élysée Ilboudo pendant l’instruction et à cette barre, son client Nabonsseouindé Ouédraogo lui maintient qu’il était en tenue de sport au pied-à-terre de Blaise Compaoré, prêt à se rendre à la séance de Sport de masse, instituée le 24 septembre 1984, par le Conseil national de la révolution.

A la décharge de son client, Me Sombié citera les noms de deux soldats de la garde rapprochée de Blaise Compaoré qui étaient eux aussi en tenue de sport prêts à prendre part à cette activité sportive. Malheureusement, ces deux soldats ne sont plus de ce monde. « Vous êtes devant les hommes, devant le tribunal mais il y a Dieu qui vous attend », a déclaré Me Mamadou Sombié avant de lancer à l’accusé « Vous êtes atteint d’un problème mental parce que vous variez dans vos déclarations. Mon client ne vous en veut pas. En 2015 et en 2016 j’ai attiré son attention sur votre déposition. Il m’a dit que vous êtes entre griffe ’’fou’’ ».

Les propos de l’avocat ont choqué le parquet qui dit ignorer que Me Sombié avait des qualités de médecin psychiatre. « Il dit que l’accusé est atteint d’un problème mental. Je crois, Monsieur le président, que vous avez rejeté la demande d’expertise sur la santé psychique de l’accusé. Mais on tente toujours de nous faire croire qu’il est malade. L’accusé n’est pas malade ». Et le procureur militaire de soutenir : « Il est bien cohérent. Même si on nous demande ce que nous avons fait avant-hier, nous allons oublier des détails. Mais ce n’est pas pour autant que l’on est atteint de démence. »

LeFaso.net

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