La division des partis de gauche et des écologistes fait peser un grave danger sur notre pays. En présentant des candidats séparés, aucun n’a de chance d’être présent au 2e tour de l’élection présidentielle, nous enfermant ainsi dans le choix mortifère entre Macron, le fondé de pouvoir du capitalisme financier, l’extrême-droite de Zemmour-Le Pen, la droite extrême de Valérie Pécresse ou l’abstention.
Je n’en prends pas mon parti. En raison des pouvoirs exorbitants que confère au Président de la République, la Constitution monarchique qui nous régit, on ne peut pas faire l’impasse sur l’élection présidentielle.
La division désespère le peuple de gauche. Car le peuple de gauche existe, n’en déplaise à certains commentateurs mal intentionnés ou défaitistes. Il est pour l’instant silencieux car il ne voit pas d’issue à la division de la gauche. Mais il existe sociologiquement et potentiellement. Les catégories qui souffrent de la politique au service du grand capital sont très largement majoritaires et la mémoire populaire conserve le souvenir des luttes victorieuses et des avancées arrachées aux temps du Front Populaire et de la Libération.
Ne peut-on imaginer que la société civile, des syndicats, des associations, des collectifs, se réunissent et surmontent les divergences politiques entre les partis? Non pas contre eux, mais avec eux, en les associant à la démarche ?
Pour que celle-ci soit solide, et réponde à l’attente des électeurs/trices, elle doit s’enraciner dans notre peuple. Est-il hors de portée de susciter des rencontres dans les entreprises, les établissements, les quartiers, les ensembles d’habitations, afin d’élaborer des propositions sociales, démocratiques, écologiques qui se fédèreront au plan national et désigneront pour les porter un/e candidat/e commun/e à l’élection présidentielle ; candidat/e qui pour être consensuel/le, pourrait être une personnalité connue indépendante des partis politiques mais soutenue par eux. Ce qui éviterait de privilégier un parti plutôt qu’un autre et préserverait le souci légitime d’indépendance de chacun.
Ce projet est-il hors de notre portée ? Il reste quatre mois avant le premier tour de l’élection présidentielle. C’est peu, mais cela mérite d’être tenté. Si nous sonnons le tocsin pour alerter sur le danger gravissime de fascisation qui nous menace, nous pouvons susciter un mouvement populaire irrésistible. Le peuple de gauche et les écologistes, les progressistes, les démocrates de France sont dans l’attente d’une issue possible pour se mobiliser. Des initiatives existent déjà en ce sens, travaillons à les fédérer et à les ancrer dans la réalité du terrain.
Le temps presse, il sera bientôt trop tard.
Bernard DESCHAMPS
Ancien député PCF et Conseiller général du Gard
élu avec le soutien de toute la gauche.