mercredi 24 novembre 2021
15h49
Chef de village, un témoin obtient l’autorisation de se retirer pour régler des affaires urgentes
Au procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de douze autres, tous les témoins, après leurs dépositions, doivent rester dans la salle d’audience pour suivre les débats.
A la fin de son audition, le témoin Victor Zongo, par ailleurs chef d’un village de la commune de Loumbila, a fait une requête au président de la Chambre de jugement, Urbain Méda.
Il a demandé l’autorisation de se retirer de la salle pour aller régler des affaires pressantes dans son village. « J’ai reçu plusieurs coups de fil. Il y a des problèmes qui m’attendent au village. Si je ne pars pas, ça va s’entasser et je ne vais pas pouvoir m’en sortir », a déclaré le témoin qui dit s’être absenté de son village depuis une semaine.
Il a également évoqué les problèmes de réseau qui se posent dans son village et qui rendent difficiles les appels téléphoniques.
Sa requête a été reçue favorablement par la Chambre de jugement qui lui a néanmoins demandé de rester à l’écoute. « Si on a besoin de vous, à la suite des débats, on vous fera signe », a signifié le juge Urbain Méda.
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15h50
Pour Jean Pierre Palm, le témoin Victor Zongo ne dit pas la vérité
Suspendue le lundi 22 novembre, l’audition du témoin Victor Zongo a repris ce mercredi 24 novembre 2021. Sous la révolution, il était membre des services de renseignement, affecté au contre-espionnage en tant que chef secrétaire.
Contrairement à la date du 16 octobre 1987 qu’il avait donné devant le juge d’instruction, le témoin a déclaré à la barre que Jean Pierre Palm a rencontré les agents du renseignement quelques jours après l’assassinat de Thomas Sankara.
A cette rencontre, Jean Pierre Palm aurait dit qu’il allait faire arrêter un gendarme du nom de Batako, qui serait en train d’échanger avec un journaliste à l’hôtel de l’indépendance. C’est alors que les agents de renseignement auraient pouffé de rire car le nommé Batako était en stage de six mois à Moscou, en Russie.
Appelé à la barre pour réagir sur cette question, Jean Pierre Palm dira que Batako était un de ses éléments alors qu’il commandait la compagnie de gendarmerie de Koudougou en 1979. Il a également déclaré que c’est lui qui a envoyé Batako au service de renseignement. « Il ne pouvait pas partir en stage sans me dire. Il ne m’a pas dit qu’il allait en stage », a laissé entendre Jean Pierre Palm.
Et le président de la Chambre de jugement de lui demander de se prononcer donc sur les propos du témoin. « C’est lui qui le dit. Il ne dit pas vrai », a répondu Jean Pierre Palm avant de rejoindre sa place dans le box des accusés.
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15h50
Blaise Compaoré détenait l’essentiel du pouvoir sécuritaire, selon Ousseni Compaoré
Commandant de la gendarmerie au moment des évènements du 15 octobre 1987, Ousseni Compaoré passe ce 24 novembre 2021 devant le tribunal militaire, en qualité de témoin. Nommé quelques temps après les évènements du 04 aout 1984, il a, après sa prise de fonction, essayé de faire le point des organes sécuritaires. C’est ainsi qu’il a pu constater qu’il y avait beaucoup d’organes sécuritaires. Cependant, l’organisation de ces différents organes de sécurité ne suivait pas la norme, selon le témoin.
"La rumeur qui disait que c’est Blaise Compaoré qui a fait le putsch et installé Sankara s’est amplifiée et a gangrèné l’organe politique. L’organisation des services de sécurité ne fonctionnait pas normalement. C’est Blaise qui avait l’essentiel et la réalité du pouvoir sécuritaire, parce qu’il était commandant du Centre national d’entraînement Commando (CNEC) et de la première région militaire".
Blaise Compaoré était donc celui qui avait les moyens de perpétrer un coup de force pour récupérer le pouvoir, car il commandait même le corps qui assurait la sécurité du président Sankara. C’est pourquoi, quelques jours avant les évènements du 15 octobre 1987, Ousseni Compaoré dit etre allé rencontrer Blasise Compaoré, pour lui demander de régler les tensions entre lui et Thomas Sankara par voie politique car si le sang coulait, personne n’en sortirait gagnant. Blaise Compaoré a semblé etre réceptif à sa démarche, mais les évènements dramatiques du 15 octobre 1987 sont tout de même arrivés.
Répondant à une question du parquet, qui voulait savoir s’il était possible d’arreter Sankara au lieu de le tuer, l’ancien ministre de la sécurité soutient qu’il était difficile d’imaginer quelqu’un aller arreter Thomas Sankara et le mettre en prison. La réaction populaire était inévitable. C’est pourquoi la seule issue pour prendre le pouvoir, était son élimination physique. Et cela, même le père de la révolution le savait puisqu’il disait que si Blaise Compaoré voulait faire un coup d’état c’était imparable.
" Il n’y a pas eu de surprise. Quand on regarde le déroulement des faits, il n’y a pas de doute que tout a été préparé. Tellement bien préparé qu’il n’ y avait pas d’issue. La boucle était bouclée et l’appareil sécuritaire verrouillé. Le piège s’était refermé sur le président Sankara et sur tous ceux que l’on pensait proches de lui", a-t-il précisé.
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15h55
Blaise Compaoré a bénéficié du soutien de plusieurs chefs d’État, selon Ousseni Compaoré
Au regard des accointances qu’avait le capitaine Blaise Compaoré avec plusieurs chefs d’État de la sous région et ayant eu vent de ce que quelque chose se tramait, les services de renseignements de l’époque (1987) ont mené des investigations et infiltré plusieurs pays.
Ils sont arrivés, selon le commandant de la gendarmerie à l’époque, Ousseni Compaoré, à la certitude que plusieurs chefs d’État soutenaient le coup de force de Blaise Compaoré, parce que voulant mettre fin à la révolution.
Le témoin ajoute que des informations faisaient aussi cas, de ce que le président ivoirien au moment des faits, Houphouet Boigny, a dit à Jean Claude Kamboulé (membre de la branche de l’opposition burkinabè en Cote d’ivoire qui voulait mettre fin à la révolution), de ne plus chercher à faire tomber la révolution car il avait trouvé quelqu’un pour le faire, en la personne de Blaise Compaoré.
Ce qui fait dire au témoin, qu’il n’ y a aucun doute que le coup de force a été préparé avec minutie, contrairement à ce que prétendent certains accusés.
Me Olivier Badolo, avocat de la partie civile, a évoqué lors de ses questions au témoin Ousseni Compaoré, une pièce déclassifiée dans laquelle, celui-ci aurait durant sa détention au conseil de l’entente, fait des aveux sur un complot préparé par Thomas Sankara pour éliminer Blaise Compaoré, Lengani et bien d’autres. Et l’action était prévue de ce qu’on peut lire dans le document déclassifié, prévu pour le 15 octobre 1987 à 20h.
Mais le témoin est formel. Durant sa détention au conseil qui a duré environ 08 mois, il n’a jamais été entendu et n’a jamais fait ces déclarations." Je ne me reconnais pas dans ces propos et je suis même choqué", appuie-il.
Pour lui, ces supposés aveux ne sont que des mensonges, rapportés pour contribuer à justifier le coup de force perpétré qui a couté la vie au père de la révolution. Il a émis le souhait que les services de renseignements francais qui ont rédigé la note, puissent venir s’expliquer sur ces propos qui lui sont attribués.
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22h35
« Gilbert Diendéré n’est pas méchant », témoigne Ousséni Compaoré, ancien commandant de la gendarmerie
« Gilbert Diendéré n’est pas méchant. Il est plutôt passif. Je ne crois pas qu’il soit capable de décider de tuer Thomas Sankara sans un mentor derrière. Gilbert Diendéré est un bon militaire. Il ne va pas désobéir à un ordre. Il peut exécuter un ordre », a déclaré Ousséni Compaoré, commandant de la gendarmerie sous la révolution. Il est témoin au procès sur l’assassinat de Thomas Sankara et ses compagnons.
Après les événements du 15 octobre 1987, Gilbert Diendéré, alors chef de corps adjoint du centre national d’entraînement commando (CNEC) a pris des mesures pour protéger le conseil de l’Entente. Il obéissait ainsi à un ordre direct du commandant Boukari Lingani qui lui demandait de sécuriser ses positions. Selon le parquet, cette mesure visait à parer toute attaque de l’Escadron de transport et d’intervention rapide(ETIR).
Selon le témoin Ousséni Compaoré, commandant de la gendarmerie au moment des faits, il s’agit d’une mesure tout à fait normale. « Tout chef de corps qui entend des tirs va organiser la défense de sa caserne avant de comprendre ce qui se passe. La gendarmerie a mis en place aussi la défense de sa caserne »
Au cours de son témoignage, Ousséni Compaoré a déclaré qu’aucun corps ne pouvait attaquer le conseil de l’Entente encore moins arrêter Blaise Compaoré.
Et l’ETIR ( L’Escadron de transport et d’intervention rapide) ? demande le président de la Chambre de jugement.
L’ÉTIR relevait de la première région militaire qui était dirigée par Blaise, répond le témoin.
Mais ils avaient des blindés, renvoie le juge.
Le tout n’est pas d’avoir des blindés. Pour faire une attaque du genre, il faut évaluer les forces de l’ennemi, soutient Ousséni Compaoré.
Selon lui, la gendarmerie nationale n’avait pas non plus les moyens d’attaquer le conseil. Comme anecdote, il a raconté que lors de la guerre entre le Mali et le Burkina, la gendarmerie n’a reçu qu’un canon 106 sans recul, lors de la distribution des armes. « C’est une arme qui ne sert à rien », a laissé entendre le témoin.
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22h48
Le colonel-major Bernard Sanou à la barre
Le témoignage du colonel de gendarmerie à la retraite, Ousséni Compaoré a pris fin dans la soirée de ce mercredi 24 novembre 2021. Après son passage, le président de la Chambre de jugement a donné la liste des témoins qui seront attendus dans la journée du vendredi 25 novembre et probablement la semaine prochaine.
Il s’agit d’Issa Dominique Konaté, Philippe Ouédraogo, Nongma Ernest Ouédraogo, Fidèle Toé, Mousbila Sankara. Mais avant, il a appelé à la barre le colonel-major à la retraite, camarade d’école de Thomas Sankara à Gaoua et au Prytanée militaire de Kadiogo. C’est avec une canne et aidé d’un soldat que le témoin s’est présenté à la barre. Difficilement. Après la prestation de serment en position assise contrairement à la coutume qui veut qu’elle se fasse en station debout, la main droite levée, le président de la Chambre de jugement Urbain Méda demande au témoin de décliner son identité et de raconter ce qu’il sait des événements du 15 octobre 1987.
« La journée du 15 octobre, j’ai passé toute la matinée à l’hôpital avec le chef de service des radios, je souffrais de maux d’estomac. Après l’examen de la radio, il m’a dit de me reposer », a déclaré Bernard Sanou. Ses déclarations étaient à peine audibles si bien que le président Méda demande aux techniciens d’ajuster son micro. Malgré tout, les parties au procès avaient du mal à entendre ses déclarations. Pour la partie civile, il s’agit certainement d’un coup de fatigue vu que le témoin attend dans la salle aménagée pour les témoins, depuis le matin.
C’est sur ces entrefaites que le juge décide finalement de suspendre l’audience. Elle reprendra jeudi 25 novembre à 9h.
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