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5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 13:55

 

Jeudi 4 novembre 2021

Hamado Kafando, l’accusé qui pensait bien faire

Une audition éclair. C’est celle du médecin militaire à la retraite, le colonel-major Hamado Kafando. Il est accusé de faux en écriture publique ou authentique pour avoir apposé la mention « mort de mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, employé à la présidence.

Les photographes et cadreurs autorisés à faire des images avant le début de l’audience ont sans doute fait la même remarque : le colonel-major Hamado Kafando semble réservé . Toujours en train de gribouiller des choses sur une feuille ou de s’évader à travers la lecture. D’ailleurs, un matin il avait entre ses mains le livre « Au nom du Père et du Fils » du Médecin Colonel-Major Dominique Zouré.

Bref ! Ce jeudi 4 novembre, il était le deuxième accusé de la journée à passer s’expliquer sur les charges retenues contre lui. Médecin spécialiste, chirurgien orthopédiste, il est accusé de faux en écriture publique ou authentique pour avoir écrit en 1991 « mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, décédé le 15 octobre 1987. Un acte qu’il dit avoir fait pour des raisons sociales en vue d’aider la veuve et les ayants droit de la victime. « Je ne savais pas que c’était un papier qui allait m’envoyer dans ce tribunal », lâche l’accusé.

Pour le parquet, la mention écrite sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré pose problème. Car « l’accident est un événement imprévu et soudain ». Pourtant explique le parquet, « des gens qui se sont organisés pour donner la mort à quelqu’un, c’est un assassinat et non un accident ».

La partie civile, elle, pense que le médecin militaire est sorti du cadre de ses missions pour penser que le soldat Bonaventure Compaoré est mort de façon accidentelle. « Cette mention, nous la vivons comme une manière de banaliser sa mort », a laissé entendre Me Séraphin Somé, remonté.

« J’ai cru bon de mettre le mention mort accidentelle puisque les circonstances ont été violentes. Il ne s’agit pas ici de la cause du décès », a clarifié l’accusé avant d’éclairer la lanterne du tribunal sur la délivrance des certificats de décès. « Le certificat de décès est un acte d’état civil délivré par un agent d’état civil alors que le média lui ne délivre qu’un certificat de constatation de décès », a expliqué l’accusé avant d’affirmer qu’il avait donné l’ordre de retirer les imprimés (certificat de décès) quand il était directeur de service de la santé. Ces imprimés qui étaient « un héritage de la colonisation » devraient plutôt porter la mention « certificat de constatation de décès », selon les explications de l’accusé.

Rappelons qu’avant le colonel-major Hamado Kafando, le colonel-major Alidou Diébré, accusé du même chef, a lui soutenu avoir établi le certificat de décès de trois victimes (dont celui de Thomas Sankara, ndlr) par « humanisme ».

 

LeFaso.net

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Jeudi 4 novembre 2021 (suite)

« Quand les coups d’État se passent, en général, on n’informe pas la gendarmerie » (Jean-Pierre Palm)

L’accusé Jean-Pierre Palm, ancien patron de la gendarmerie, était à la barre ce jeudi 4 novembre 2021. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Dans son récit des faits, l’accusé est revenu sur un pan de l’histoire politique du Burkina. A ce sujet, l’ancien directeur de la sûreté de l’État, Jean-Pierre Palm (1984-1986) a "levé un coin du voile" sur le service des transmissions et la table d’écoutes de la gendarmerie.

"La mission de transmissions est différente du service des renseignements. La transmission, ce n’est pas un stockage de données. Personne n’a pris une table (d’écoutes, ndlr), la table était là-bas, fonctionnelle", précise-t-il. Jean-Pierre Palm expliquait ainsi les contours de la mission française qu’il avait conduite en fin novembre 1987 pour, dit-il, évaluer le matériel et faire l’expression des besoins pour le corps.

Selon l’ancien chef d’état-major de la gendarmerie nationale sous le Front populaire, le service des renseignements à l’époque était embryonnaire. Il avait été mis en place par des Cubains, mais s’est révélé très lourd pour être supporté par la gendarmerie, poursuit-il. M. Palm dit avoir donc demandé à ce qu’il soit rattaché à la présidence du Faso. Mais le service va rester à l’état embryonnaire. C’est cette structure qui a évolué pour donner aujourd’hui l’ANR (agence nationale de renseignements), présente-t-il.

L’ancien ministre des sports et loisirs (dans les années 2005), Jean-Pierre Palm, a révélé que dans l’histoire politique du Burkina, la gendarmerie "n’est pas" informée des coups d’État.

"Quand les coups d’État se passent, en général, on n’informe pas la gendarmerie. Mais après, ce sont les gendarmes qui se tapent tout le boulot", déclare le colonel-major à la retraite.

Son interrogatoire se poursuit avec la reprise de l’audience, lundi, 8 novembre 2021 à partir de 9h.

O.L

Lefaso.net

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