mardi 26 octobre 2021
Comme annoncé la veille, le procès sur l’assassinat du capitaine Thomas Sankara et ses douze compagnons a entamé, ce mardi 26 octobre 2021, l’étape d’audition des accusés. C’est Yamba Elysée Ilboudo, agent et chauffeur dans la sécurité de Blaise Compaoré, à l’époque des faits, qui est le premier à être appelé à la barre.
Il était 11h 54, lorsque le président du tribunal a invité l’accusé à la barre. Celui-ci approche, calmement, le cache-nez bien fixé. Son identité révèle qu’il est né en 1959 à Kombissiri (45 kilomètres au sud de Ouagadougou, dans la région du Centre-sud) et qu’il était chauffeur dans la sécurité de Blaise Compaoré. Soldat de première classe à l’époque des faits, il est miliaire commando.
"Soyez serein. C’est le Procureur qui vous accuse, nous, on vous juge. Soyez donc relaxe, à l’aise. Dites tout ce que vous avez à dire", a accueilli le président du tribunal.
Il va ensuite rappeler les chefs d’accusation. ll s’agit de la complicité d’attentat à la sûreté de l’État et d’assassinat. Au rappel de ces charges par le tribunal, l’accusé dit s’y reconnaître. En clair, il reconnaît les faits qui lui sont reprochés.
S’en suit une série de questions du tribunal, aux fins de reconstituer les faits. L’accusé se souvient avoir été appelé par Hyacinthe Kafando (chef de la garde rapprochée de Blaise Compaoré), de positionner son véhicule pour aller au Conseil. Ils sont donc deux véhicules à avoir embarqué au domicile de Blaise Compaoré (sis derrière l’ancienne Assemblée nationale). Parmi les occupants de son véhicule, Hyacinthe Kafando.
Le second véhicule est conduit par Pathé Maïga, avec à bord, un certain nombre d’occupants, dont il dit ne pas se remémorer. Néanmoins reconnaît-il que dans le véhicule conduit par lui, se trouvaient, en plus de Hyacinthe Kafando, Idrissa Sawadogo et Nabonsseouindé Ouédraogo tandis que dans celui de Pathé Maïga, il a identifié Arzouma Ouédraogo, un certain Sinaré et Ousséni Nébié.
Une fois au Conseil par l’accès nord, ils font d’abord escale au pied-à-terre de Blaise Compaoré. Là se situe également le pied-à-terre du chef de corps, Hyacinthe Kafando. C’est de là que le groupe a mis le cap sur le bâtiment où Thomas Sankara et ses proches tenaient la réunion. Il explique que le bâtiment (où se tenait ladite réunion) a été encerclé et les tirs ont retenti.
Mais, le récit des faits par l’accusé va révéler des contradictions dans les propos. Le tribunal creuse davantage pour avoir tous les contours.
Puis, la parole revient au Parquet militaire. Il observe que l’accusé fait dans l’oubli, lorsqu’on se réfère à ses déclarations devant le juge d’instruction. Le Parquet fait donc lecture de certains de ses propos, tels que ressortis dans les pièces du dossier. L’accusé dit ne plus se reconnaître dans nombre des propos et faits à lui présentés.
"Le procès pénal ne consiste pas pour l’accusé de reconnaître les faits et retourner s’asseoir. C’est trop facile", s’agace le Parquet militaire.
Le procureur relève que Yamba Elysée Ilboudo a pourtant été cohérent devant le juge d’instruction, mais opte pour la stratégie du silence devant le tribunal. C’est à cette étape que le président du tribunal a suspendu l’audience à 13h05 pour la reprendre à 14h. Elle se poursuit, toujours avec l’accusé Yamba Elysée Ilboudo.
O.L, Lefaso.net
_______________________
Jeudi 28 octobre 2021
Le général Gilbert Diendéré sera entendu en dernière position
Le président de la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou a donné à titre indicatif l’ordre de passage des accusés. Rappelons que le tribunal vient d’appeler à la barre le troisième accusé qui est Nabonsseouindé Ouédraogo. Quid des autres sur le banc des accusés ?
Bossobè Traoré : Cet ancien sergent en service au centre national d’entraînement commando est accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat et de complicité d’assassinat ;
Adjudant-chef Albert Pascal Sibidi Bélemlilga, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Il était en service à l’Escadron motocycliste commando ;
Diakalia Démé, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat. Il était adjudant-chef major au moment des faits ;
Tibo Ouédraogo, colonel à la retraite, commandant de l’Escadron motocycliste commando (EMC) à Pô. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat ;Colonel-major, Mori Aldiouma Jean Pierre Palm, également accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat ;
Colonel-major Alidou Jean Christophe Diébré. Directeur central du service de santé des forces armées populaires au moment des faits, il est accusé de faux en écriture publique ;
Colonel-major Hamado Kafando, accusé également de faux en écriture publique. Il était le médecin-chef de l’infirmerie de la présidence du Faso ;
Ninda Tondé dit Pascal alias Manga Naaba. Soldat de 1re classe à la retraite, il est accusé de subornation de témoin ;
Gilbert Diendéré : Il est accusé d’attentat à la sureté de l’Etat, complicité d’assassinat, recel de cadavre et subornation de témoins. Lieutenant au moment des faits, il était le chef adjoint du Centre national d’entraînement commando (CNEC).
LeFaso.net