Colloque 2 octobre 2021- Grabels (34)
Communication de Bernard Deschamps
(Dernière mise à jour; 13 janvier 2022)
Le 11 janvier 2013, François Hollande, Président de la République française, déclenchait l’Opération Serval au Mali. Cette expédition militaire était engagée «sans l’accord de l’Organisation des Nations Unies », nous dit Anne-Sophie Traversac (1), maitre de conférences à l’Université Panthéon-Assas Paris II, en détachement auprès des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Selon le rapport N°4089 de 2021 de la Commission de la Défense Nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale française, page 24 : « L’intervention de la France au Mali se fonde sur une demande d’aide formulée le 10 janvier 2013 par le Président du Mali Traoré, adressée à la France et au Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que sur les dispositions de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense. » Ce qui est pour le moins contestable, comme l’indiquait le journal Le Monde du 25 janvier 2013. En effet, Dioncounda Traoré, auteur de cette demande, avait été mis en place à l’issue du putsch militaire qui avait le 6 avril 2012, contraint à la démission le Président du Mali Amadou Toumani Touré, élu pour un deuxième mandat en 2007 dès le premier tour avec 71,20 % des voix. C’est donc un « président » illégitime qui avait fait cette demande d’intervention à la France.
L’Opération Serval sera suivie de l’Opération Barkhane à partir de 2014. Engagée par François Hollande, elle sera poursuivie par Emmanuel Macron.
Loin de s’améliorer au cours de ces huit années, la situation au Mali et plus généralement au Sahel, s’est au contraire aggravée. Voici ce que déclarait le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le 25 septembre 2019 (2): « partout, ce sont les civils qui en payent le prix. Dans les seuls pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), le nombre de morts civils entre 2012 et 2018 a été multiplié par quatre. Plus de 5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire, plus de 4 millions ont été déplacées, 3 millions d’enfants ne sont pas scolarisés et près de 2 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire. »
« Les forces étrangères au Sahel sont de plus en plus contestées » écrivait le journal La Croix le 5 novembre 2019, qui ajoutait que dans la population : « ils sont de plus en plus nombreux à demander le départ des 4.500 soldats de l'opération Barkhane déployés au Sahel, des 13.000 Casques bleus de la Minusma au Mali et d'autres partenaires présents, tous déployés au nom de la lutte antiterroriste et de la protection des civils. »
Les rapporteures de la mission parlementaire (3), Mmes Sereine Mauborgne (députée Lrem) et Nathalie Serre (députée LR), pourtant favorables à l’option militaire, font le même constat: « Près de dix ans après l’éclatement de la crise malienne de 2012, force est de constater que les groupes armés terroristes ont élargi leur espace d’influence». « L’aire d’influence des groupes violents a largement dépassé le Nord, et se concentre aujourd’hui davantage vers le Centre du Mali, véritable épicentre de la crise, et la zone des trois frontières » (P.32) .Ce que confirme le rapport de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) en date du 1er juin 2021 (4): « Les conditions de sécurité au Mali et dans la sous-région du Sahel ont continué de se détériorer. La présence de groupes armés terroristes a été signalée dans les zones situées entre le Mali et la Mauritanie et entre le Niger et le Tchad et confirmée dans le centre et dans le nord du Mali ainsi que dans la zone des trois frontières (Burkina Fas
Niger) ».
L’intervention militaire est un échec, or elle a coûté à ce jour la vie à 57 soldats français, à plusieurs milliers d’Africains et déplacé un demi-million de personnes (5), en dépit de la disproportion des forces entre celles des rebelles et celles des armées d’intervention. Les effectifs de ces dernières (Barkhane, armée malienne, Minusma, contingents de l’Union Européenne, contingent US) s’élèvent à 65 000 dont 30 000 opérationnels (6), tandis que les forces rebelles sont estimées à 22 000 au maximum dont 10 000 combattants. Ce qui faisait dire à Antonio Guterres : «Je crains que nous n’ayons collectivement échoué à enrayer les causes profondes de la crise – la pauvreté, les failles de gouvernance, l’impunité – qui nourrissent la montée de l’extrémisme violent. Les groupes terroristes instrumentalisent les conflits locaux et se positionnent en défenseurs des communautés. Tout cela est aggravé par le changement climatique. La raréfaction des ressources naturelles exacerbe les tensions. » (7)
La solution en effet n’est pas militaire. Pour comprendre la genèse de cette situation de guerre quelques rappels sont nécessaires.
Qu’est-ce que le Sahel ?
J’emprunte à François Bost cette définition (8): « Espace de transition entre le désert saharien, au nord, et la zone soudanienne, au sud, le Sahel (Es-Sahel en arabe, littéralement « rivage » ou « bordure ») se présente sous la forme d'une bande d'environ 5 500 kilomètres de longueur sur 400 à 500 kilomètres de largeur. Il est présent dans une dizaine de pays africains, depuis l'embouchure du fleuve Sénégal jusqu'à la Djézireh soudanaise (Haut Nil), soit sur environ 3 millions de kilomètres carrés. Très marqué par la longueur de sa saison sèche (de huit à neuf mois), le Sahel n'en est pas pour autant un désert physique et humain. Végétation, hommes, animaux et activités se sont en effet adaptés à ce milieu difficile, aux forts aléas climatiques, ainsi qu'aux disponibilités fluctuantes en eau. Mais cet espace reste très vulnérable, notamment aux épisodes de sécheresse qui se sont multipliés à la fin du XXe siècle et dont les conséquences sont souvent catastrophiques pour les troupeaux et les populations.
Classé aujourd'hui parmi les régions les plus pauvres et les plus fragiles au monde, le Sahel n'en a pas moins connu, dès les XIe et XIIe siècles, une intense vie fondée sur des échanges, en faisant le lien entre l'Afrique du Nord et le littoral ouest-africain. Des empires et des royaumes puissants (Songhaï, Kanem-Bornou, Mossi, Bambara...) s'y sont développés. Mais le Sahel du début du XXIe siècle voit sa situation encore aggravée par l'accroissement important de sa population, posant ainsi de redoutables défis, notamment en matière d'autosuffisance alimentaire. Dans cet espace en crise, l'avenir est très incertain et fortement sous-tendu par l'évolution climatique ».
Le Sahel est passé de 17 millions d'habitants en 1950 à 81 millions en 2012(9), soit une multiplication par 5 en 60 ans. Les projections moyennes font état de 117 millions d'habitants prévisibles en 2025, puis 208 millions en 2050.
Cette zone, de l’Atlantique à la Mer Rouge, est actuellement divisée en dix Etats-nations : Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et Tchad. Il s’agit donc d’un territoire plus étendu que celui de l’alliance militaire pilotée par la France, le G5 Sahel créé en février 2014, avec le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, et le Tchad, que la France néocoloniale considère comme faisant partie de « son pré carré », d’autant que leur sous-sol renferme des richesses sur lesquelles lorgnent les multinationales. Selon le rapport « Commodity Markets Outlook» publié par la Banque mondiale en avril 2018 (10), le Mali est le quatrième pays producteur d'or d'Afrique. 16e au plan mondial en 2019. Le Niger possède le troisième gisement d’uranium au monde. Autres richesses naturelles de cette région: pétrole, gaz, phosphate, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux. Le groupe Orano (ex-Cogema puis Areva), premier producteur mondial d’uranium, est présent depuis un demi-siècle au Niger. American Corporation, BHP, Gencor, Ashanti Goldfields, Barrick Gold, Rand Gold sont à pied d’œuvre au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et en Mauritanie.
Les Touareg
Le recensement colonial de 1950 montre que Touareg, Maures et Sonrhaïs constituaient l'écrasante majorité de la population de la zone. La population globale des Touareg (11) est estimée, suivant les sources, de 1 à 3 millions de personnes, dont la majorité (85%) vit au Mali.
Dans «Histoire des touareg » (avril 2016) (12), Arnaud Jouve écrit : « Le Sahara central et une partie du Sahel ont toujours été habités par les Touaregs. Ces grandes sociétés nomades ont toujours affirmé leur indépendance et leur liberté de mouvement sur d'immenses territoires désertiques. Mais l'expansion coloniale et la naissance des Etats-nations sur cet espace vont provoquer de nombreuses rébellions qui continuent de marquer l'histoire contemporaine »
À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l’ensemble des groupes touareg, vont être confrontés à la colonisation du Sahara et au déclin du commerce caravanier. Les actions de résistance se multiplient et s’intensifient. En 1880-1881, ils s’opposent au projet de construction d’une ligne de chemin de fer qui devait relier le nord de l’Algérie au Soudan, ce qui mettra un terme au projet de chemin de fer et retardera pendant une vingtaine d’années la progression des forces coloniales qui ne prendront Tombouctou qu’en 1893 et In-Salah en 1900.
En 1902 à la bataille de Tit, l’armée française leur inflige une terrible défaite qu’ils appelleront la « tiwta », le « désastre ». Mais la domination coloniale sur les populations du Sahara central provoque en 1916 une insurrection générale des Touareg. Après l’indépendance du Mali (1960), une nouvelle grande révolte éclatera de 1963 à 1964 qui sera durement réprimée par le père de l’indépendance du Mali, Modibo Keita, avec le soutien du Maroc et de l’Algérie de Ben bella. « Ceux qui restent, survivent dans des conditions de très grande pauvreté qui deviennent dramatiques avec les grandes sécheresses de 1973-1974, puis de 1984-1986. Pour survivre, les populations sont obligées de se déplacer et perdent une grande partie de leurs troupeaux. On assiste alors à une vague d’exode vers l’Algérie et la Libye. Cette marginalisation et ces vagues d’émigration donnent naissance à une nouvelle génération de résistants dont certains apprendront à combattre sur des terrains extérieurs en Libye, au Tchad ou au Liban. » (13).
Epicentre de l’affrontement, le Mali, ancienne colonie française indépendante depuis 1960. République présidentielle sous le régime du multipartisme. D’une superficie de plus de 800 000 km2, une fois et demie la France. Ses 20 millions d’habitants et ses deux régions dont le Nord (Azawad) qui cumule les handicaps économiques, sociaux, culturels, sources de colère et de révoltes.
Portraits de chefs de groupes rebelles armés.(14)
Selon Guillaume Soto-Mayor(15) : « Il ne faut surtout pas confondre les acteurs criminels et les acteurs djihadistes. C’est une erreur grave. Cette idée que les groupes armés djihadistes seraient des bandits de grand chemin drapés dans un voile de religion, dont le principal objectif serait pécuniaire, est absurde et irréaliste. Tout d’abord parce que la survie de groupes armés locaux, de tribus, de clans, d’ethnies entières dépend des revenus issus d’activités illicites sur leurs territoires. Comment donc penser que des milliers d’hommes armés zone par zone, connaissant la topographie sur le bout des doigts, respectés, légitimes auprès des populations locales, laisseraient quelques centaines d’hommes souvent étrangers (Algériens notamment), aussi entraînés soient-ils, leur piquer la source de revenus dont ils dépendent ? Cela n’a aucun sens.
Du côté des djihadistes, cette stratégie serait suicidaire car elle entraînerait des conflits avec les populations locales ».
Lyad Ag Ghali est né en 1958. Voici comment le Nouvel Observateur (16 ) décrivait le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali : « 53 ans […] ancien bassiste du célèbre groupe Tinariwen […] militaire formé en Libye, il est envoyé par Kadhafi pour faire la guerre au Liban contre Israël (1980-1982) avant de diriger les opérations commandos contre l'armée tchadienne […] il connaît tout du désert, sait se battre et vaincre. Iyad Ag Ghali est le leader charismatique, notable et chef de guerre, une icône, une légende. » Iyad ag Ghali a grandi à "Tam", où il n'a pas laissé de mauvais souvenirs, avant de quitter la ville à la fin des années 1980. "Un homme courageux; jusqu'à présent, on n'a jamais eu de problèmes avec lui", assure Ahmed Edaber, l'aménokal, le chef des Touareg algériens et député RND (majorité présidentielle). "C'était un excellent mécanicien, il travaillait dans une entreprise de construction ». Comme de nombreux Touaregs, il fuit le Mali pendant les années 1970 et gagne la Libye où il intègre les troupes du colonel Kadhafi. Il combat au Liban et au Tchad avant de regagner le Mali où il déclenche la Rébellion touarègue de 1990-1996. Il fonde et dirige le Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (MPLA), puis le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA) avant de signer la paix en 1992 et de rallier l'État malien. À la fin des années 1990, il se tourne vers l'islamisme et se radicalise au contact de la Jamaat al-Tabligh. La prédication du mouvement, se fixe pour objectif de faire revivre leur foi aux musulmans, dans le cadre d'une interprétation littéraliste de celle-ci et de ramener à une pratique stricte de l'islam sunnite. S'il semble rejeter le djihadisme, il se lie de plus en plus au cours des années 2000 avec les djihadistes du GSPC, qui fait allégeance à Al Qaïda en 2007 et devient Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
En 2002, Iyad Ag Ghali servira de médiateur pour faire libérer 32 touristes enlevés à Djanet en Algérie. « Le fondateur d’Ansar Dine était en effet médiateur, chargé de libérer les otages occidentaux. D’ailleurs c’est lui-même en personne qui a négocié la libération de l’humanitaire Pierre Camatte, premier français enlevé au Mali, à Ménaka le 26 novembre 2009, avant d’être relâché le 23 février 2010, par Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Selon les médias suisses, il a aussi été la clé de la libération de nombreux otages helvétiques en 2003, 2009 et 2012.
En 2012, au début de la guerre du Mali, il fonde le groupe salafiste Ansar Dine pour se joindre au combat d'AQMI.
-Bilal Ag Acherif est né en 1977. En 1993, il a quitté le Mali pour la Libye afin d’étudier les sciences politiques Il est revenu au Mali en 2010.
En mai 2012, Bilal Ag Acherif tente de rapprocher son mouvement d’Ansar Dine afin de chasser AQMI de l'Azawad4. Le MNLA et Ansar Dine signent un accord le 26 mai et annoncent leur fusion. Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’État islamique de l'Azawad. Mais 24 heures après sa signature, l'accord est rompu par les cadres du MNLA.
Le 26 juin 2012, Bilal Ag Acherif est blessé à Gao au cours d’une bataille qui oppose les troupes du MNLA au MUJAO et à AQMI. Le 23 novembre 2012, il est reçu à Paris par plusieurs diplomates français. Il demande alors un soutien matériel pour lutter contre les « djihadistes ».
Le 6 juin 2013, des négociations de paix s'ouvrent entre l'état malien et les rebelles du MNLA et du HCUA. Les négociations aboutissent au bout de 11 jours et Bilal Ag Acherif signe l'accord de Ouagadougou le 18 juin.
La trêve est cependant brisée le 17 mai 2014, lorsque des combats éclatent à Kidal. Le 21, l'offensive de l'armée malienne pour reprendre la ville est repoussée par les forces du MNLA, du HCUA et du MAA. Après la victoire des rebelles, Bilal Ag Acherif demande la reprise des négociations. Celles-ci reprennent à Alger le 16 juillet 2014. Le 20 juillet 2015, le MNLA signe l'Accord d'Alger.
-Mokhtar Belmokhtar naît le 1er juin 1972 à Ghardaïa, au sein d'une famille modeste appartenant à la tribu arabe des Châambas. Il est prénommé Mokhtar en hommage à l'un de ses oncles, guillotiné en 1959 pendant la guerre d'Algérie. Il est le cadet d'une fratrie de huit enfants et se fait remarquer très jeune par son assiduité à la mosquée.
Après un passage en Afghanistan, il combat pendant la Décennie noire dans le sud de l'Algérie au sein du GIA, puis du GSPC. Il est l'un des principaux artisans du ralliement des djihadistes algériens à Al-Qaïda qui aboutit à la formation d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007.
Fin 1994 ou début 1995, Belmokhtar entre pour la première fois en contact avec Al-Qaïda, alors basée à Khartoum, au Soudan.
Au début des années 2000, Belmokhtar s'attelle à obtenir la fusion du GSPC avec Al-Qaïda. Belmokhtar se brouille avec les autres chefs du GSPC.
Très respecté, il se rend en Afghanistan pour transmettre une lettre d'allégeance du GSPC à Al-Qaïda. Elle est acceptée par Ben Laden et le 24 janvier 2007, le GSPC devient officiellement Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)22.
Le 24 décembre 2007, trois hommes de la katiba de Belmokhtar, , attaquent un groupe de cinq touristes français et tuent quatre d'entre eux près d'Aleg en Mauritanie. Cette tuerie entraîne l'annulation du Paris-Dakar 2008.
Belmokhtar est également le premier chef d'AQMI à s'implanter hors d'Algérie dans les pays du Sahara et du Sahel, et principalement au Mali. En décembre 2012, en conflit avec les autres chefs d'AQMI, il crée son propre mouvement : Les Signataires par le sang. En août 2013, son groupe fusionne avec le MUJAO pour former Al-Mourabitoune dont il est désigné émir en juillet 2015. Il rallie finalement de nouveau Al-Qaïda au Maghreb islamique en décembre 2015.
Belmokhtar a certainement pratiqué la contrebande de denrées alimentaires et surtout de carburant, revendu dix fois plus cher hors d'Algérie, cependant il a toujours nié tout lien avec le trafic de stupéfiants. L'homme serait avant tout un « islamiste pur et dur » qui considère ces trafics comme « haram » (interdit par l’islam) ». Pour Guillaume Soto-Mayor, spécialiste de la criminalité organisée au Sahel, il n'existe pas de « narco-djihadisme » au Sahel.
En 2012, Droukdel, opte pour la formation en lien avec Ansar Dine d'un « Émirat islamique de l’Azawad », dirigé par Iyad Ag Ghali. Ce plan, emporte l'adhésion de la majorité des chefs.
En 2012, Belmokhtar prend le commandement des forces du MUJAO et d'AQMI.
En janvier 2013, Belmokhtar organise la Prise d'otages d'In Amenas.
Selon Vincent Nouzille dans son ouvrage "Les tueurs de la république", « Mokhtar Belmokhtar est présumé mort depuis la fin novembre 2016 suite au bombardement français du 15 novembre[…]. Aucun service occidental n'a revendiqué sa mort malgré tout. »
Les principaux groupes rebelles armés.(17)
Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI ) apparu le 26 janvier 2007, est l’héritier direct du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) . Il vise à étendre le djihad au Nord de l’Afrique pour implanter un Émirat islamique. Ses effectifs sont difficiles à évaluer. AQMI conserve la capacité et la volonté de mener des actions asymétriques (attentats suicide notamment).
Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est né à l’automne 2011 de la fusion de deux mouvements touareg plus anciens, le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM) et le Mouvement national de l’Azawad (MNA), eux-mêmes héritiers du Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA), fondé par Iyad Ag Ghali en 1988 et du Mouvement populaire de l’Azawad (MPA) qui prend sa suite quelques années plus tard» (Commission P.22)Une grande partie d’entre eux étaient d’anciens volontaires ayant servi dans l’armée de Mouammar Kadhafi. Le MNLA plonge ses origines dans l’absence de règlement politique de la question touarègue. Son but originel, l’indépendance. Il se prononce aujourd’hui pour l’autodétermination de l’Azawad . Initialement, le MNLA, dont les effectifs étaient évalués à 4 000 hommes, disposait d’un noyau dur mobilisable de plus de 1 500 combattants.
Faute de ressources et de soutiens extérieurs, il s’est rapidement trouvé confronté à une forte démobilisation de ses troupes et à la défection d’une partie de ses membres au profit d’Ansar Eddine. La marginalisation d’Ansar Eddine a provoqué une inversion totale des tendances depuis le déclenchement de l’opération Serval. (18)
Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) est un acteur majeur affranchi de la tutelle d’AQMI. Il s’est fait connaître le 10 décembre 2011, en revendiquant le rapt de trois Européens à Tindouf (Algérie). Ce groupe est issu d’une scission de la katiba Al-Moulathamine de Mokhtar Belmokhtar. Il regroupe des effectifs très hétérogènes autour d’un noyau dur et serait parvenu à absorber une part non négligeable de miliciens ruraux peulh et songhaï. Fortement implanté autour de Gao. Le MUJAO recourt de plus en plus fréquemment aux attentats-suicides
Ansar Eddine (ou Ansar Dine) a été créé en 2012 par Iyad ag Ghali. Ce groupe s’est, dès sa création, rapproché d’AQMI. L’animosité des membres du MNLA vis-à-vis d’Iyad ag Ghali a conduit Ansar Eddine à s’opposer à celui-ci. Ce groupe est favorable à l’application de la charia. Il est à l’origine de l’offensive qui a conduit au déclenchement de l’opération Serval.
La Coordination des mouvements de l'Azawad. La formation de la CMA est annoncée le 28 octobre 2014.Elle compte les groupes suivants : Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) ; Le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et une aile du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA).
D'autres groupes se réclament de la CMA, mais sans être reconnus par les groupes fondateurs : La Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) ; Une aile de la Coordination des mouvements et Front patriotique de résistance (CM-FPR) ; le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA).
Le Front populaire de l'Azawad (FPA) intègre initialement la CMA avant de s'en retirer 29 novembre 20144.
Les leaders des différents mouvements de la CMA se relaient à sa présidence :
Du 28 octobre 2014 au 16 décembre 2016 : Bilal Ag Acherif (MNLA)
Du 16 décembre 2016 au 10 septembre 2017 : Alghabass Ag Intalla (HCUA)
Du 10 septembre 2017 au 26 février 2018 : Sidi Brahim Ould Sidatt (MAA).
Alors qu'il assure la présidence de la CMA, Sidi Brahim Ould Sidatt est assassiné à Bamako le 13 avril 2021.
Le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn). Le GSIM) est une organisation militaire d'idéologie salafiste, née le 1er mars 2017 de la fusion d'Ansar Dine, des forces d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans le Sahel, de la katiba Macina et de la katiba Al-Mourabitoune. Son objectif : l’instauration d'un califat régi par la charia. Sa zone opérationnelle : Mali, Niger, Burkina Faso. Ses chefs • Iyad Ag Ghali ; Djamel Okacha (tué en 2019) ; Mokhtar Belmokhtar ; Amadou Koufa ; Abou Hassan al-Ansari (tué en 2018) ; Sedane Ag Hita ; Ba Ag Moussa (tué en 2020). Les effectifs du groupe varient de 500 à 2000. Le GSIM est dirigé par Iyad Ag Ghali. Le groupe est organisé en plusieurs katiba.
L'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS) est une organisation militaire d'idéologie salafiste, née le 15 mai 2015 d'une scission d'Al-Mourabitoune provoquée par l'allégeance d'un de ses commandants, Adnane Abou Walid al-Sahraoui, à l'État islamique. Abou Bakr al-Baghdadi, « calife » de l'État islamique, reconnaît officiellement cette allégeance le 30 octobre 2016. En mars 2019, l'État islamique dans le Grand Sahara intègre l'État islamique en Afrique de l'Ouest.
Fin de l’Opération Barkhane, mythe ou réalité ?
Ainsi titraient plusieurs journaux en France et à l’étranger, au lendemain de la conférence de presse sur les questions internationales, au cours de laquelle, le 10 juin 2021, Président de la République Emmanuel Macron, avait annoncé : « "la fin de l'opération 'Barkhane' en tant qu'opération extérieure pour permettre une opération d'appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent, et la mise en œuvre d'une opération militaire et d'une alliance internationale associant les Etats de la région et tous nos partenaires strictement concentrées sur la lutte contre le terrorisme".(19) Florence Parly, la Ministre de la Défense et des Forces armées commentait le 11 juin cette annonce dans les termes suivants : « La France restera fortement engagée aux côtés des Etats du G5 Sahel dans leur lutte contre les groupes armés terroristes, qui reste une priorité absolue. Elle conservera un dispositif militaire significatif pour, avec ses partenaires européens et américain, accompagner, appuyer et soutenir les forces sahéliennes.»(20)
Ces déclarations sont le prolongement des décisions adoptées au Sommet de Pau des pays du G5-Sahel (Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), en décembre 2020. « Ce que nous proposons de lancer ce soir - avait déclaré le Chef de l’Etat (21)- c’est une grande coalition internationale pour le Sahel qui aura vocation à rassembler de manière cohérente les différents volets de l’action internationale : la lutte contre le terrorisme, que je viens de rappeler, le renforcement des capacités militaires […] avec l’engagement justement aussi de la présence onusienne à travers la MINUSMA, le travail avec en particulier l’Union européenne (EUTM, EUCAP), le travail avec l’Union africaine et la CEDEAO […] en mettant en place une coalition militaire avec un commandement conjoint entre la force Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel». Ce qui avait conduit le Monde diplomatique d’avril 2021 à titrer : «Au Sahel, la France sous-traite sa guerre ». Emmanuel Macron est-il suivi ? On peut s’interroger, face à la menace du nouveau Premier ministre du Mali, Choguel Maïga, de faire appel aux mercenaires russes du groupe paramilitaire Wagner (22). Quelles que soient les armées alignées, il n’y a pas désengagement contrairement à ce que prétendent certains médias, mais au contraire la volonté d’intensifier les opérations militaires. Comment dans cette situation interpréter la décision du Tchad de rapatrier sur N’Djamena 600 des 1 300 militaires(23) jusqu’alors déployés dans la zone des Trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso) ?
Les accords de paix
Plusieurs révoltes touareg eurent lieu à partir de 1963. En 1990-1996, 2006, 2007-2009 et 2012 qui déboucheront sur des accords entre les groupes rebelles et l’Etat du Mali en 1963 (Accord de Tamanrasset), 1992 (Pacte national de Bamako), juin 2006, 2013 (Accord de Ouagadougou) et 2015 (Accord d’Alger), ainsi qu’avec les Etats du Mali et du Niger en octobre 2009. Mais aucun de ces accords ne sera respecté par les Etats.
L’Accord de Tamanrasset (24) passé en 1991 avec Iyad Ag Ghali au nom du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad) reconnait, sans préciser, pour les populations des 6e, 7e et 8e régions, le droit de gérer « librement leurs affaires régionales et locales par le biais de leurs représentants dans des assemblées élues, selon un statut particulier consacré par la loi » (Article 2). L’appellation « Azawad » donnée à cette zone par les Touareg n’est pas retenue.
Le Pacte de Bamako (25), conclu le 11 avril 1992, fut signé, par la coordination des MFUA. Celle-ci regroupait le Mouvement populaire de l'Azawad (MPA, issu du MPLA) dirigé par Lyad Ad Ghali ; le Front islamique arabe de l'Azawad (FIAA, groupe du nord du Mali, fondé par Ahmed Ould Sidi Mohamed, issu pour la plupart de la minorité arabe du Mali. Après les accords de Tamanrasset, le FIA rejoint les Mouvements et Fronts unifiés de l'Azawad (MFUA) qui devient par la suite le Front pour la libération de l'Azawad. Disposant de bases dans le Sud de l'Algérie) ; le Front populaire de libération de l'Azawad (FPLA, né en 1991 d'une scission du Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad) ; l'Armée révolutionnaire de libération de l'Azawad (ARLA, né en 1991 d'une scission du Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (MPLA) ; le Front uni de libération de l'Azawad (FULA, fondé en décembre 1991 à El Meniaa en Algérie, sous le nom de Front Unifié pour la Défense de l'Azawad (FUDA). Il a changé de nom pour devenir Mouvements et Fronts unifiés de l'Azawad (MFUA) puis a adopté son nom actuel FULA) et le Front national de libération de l'Azawad (FNLA).
Cet accord plus complet et plus précis que l’accord de Tamanrasset stipule : «Le Gouvernement de la République du Mali n’est pas opposé à l’appellation “AZAWAD” pour ces régions.», comme l’indique le Titre I de l’accord. Malgré cette réticence, c’est une avancée, d’autant qu’il est précisé qu’il sera tenu compte « des diversités culturelles, géographiques et géographiques et socio-économiques qui existent dans la République du Mali ». L’accord s’engage à intégrer les combattants des Mouvements rebelles signataires, dans l’armée nationale. Un Fonds de Développement et de Réinsertion sera créé ainsi qu’un « Fonds d’Assistance et d’Indemnisation aux victimes civiles et militaires des deux parties et à leurs ayant droits ». Une Commission indépendante d’Enquête, sera mise en place, ce qui est nouveau, afin d’enquêter sur les crimes au cours des « événements qui ont eu lieu au Mali en relation avec les problèmes du Nord ». Une Assemblée inter-régionale sera mise en place au niveau des « régions du Nord-Mali », dont l’accord énumère les compétences.
« Chacune des régions du Nord du Mali sera dotée d’une assemblée démocratiquement élue par les populations locales. Cette assemblée sera élue au suffrage indirect pour un mandat de cinq années. » On notera l’élection « au suffrage indirect ». Enfin, « Un programme spécial de développement du Nord du Mali sera arrêté pour une période de dix années … »
L’Accord du 4 Juillet 2006 (26) contracté avec L'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC), issue du mouvement touareg de l'Adrar des Ifoghas, dans la région de Kidal. L'ADC a été fondée par Iyad ag Ghali, Hassan Ag Fagaga, Ibrahim Ag Bahanga et Amada Ag Bibi. La médiation revient à l'Algérie qui exige l'abandon de la revendication d'autonomie, le cantonnement des rebelles et l’interdiction de contacter des organisations touarègues actives dans d'autres pays. Cet accord est mal accueilli par une partie de la classe politique et de la presse malienne, ce qui retarde son application.
L’Accord de 2009 (27), conclu par le Mali et le Niger avec le Mouvement des Nigériens pour la justice MNJ, mouvement rebelle touareg au Niger fondé en 2007. Son président est Aghali Alambo, ancien membre du Front de libération de l'Aïr et de l'Azawak (FLAA) pendant la rébellion touarègue de 1990, et son vice-président, Acharif Mohamed Mokhtar, ancien capitaine des Forces armées nigériennes, qui a déserté en mai 2007. Le mouvement affirme également combattre pour la démocratie et être un mouvement national et pas seulement touareg) ; l'Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC, mouvement touareg malien fondé par Lyad Ad Ghali, voir plus haut) ; l'Alliance Touareg Niger-Mali (union politique et militaire entre touareg de l'Adrar des Ifoghas du Mali et touareg du Niger, créée les 25, 26 et 27 juillet 2007)
L'Accord de Ouagadougou (28) signé le 18 juin 2013 entre la république du Mali et les groupes armés rebelles du MNLA et du HCUA. Le Mouvement national de l'Azawad (MNA), créé en novembre 2010 et qui se définit comme « une organisation politique de l’Azawad qui défend et valorise la politique pacifique pour atteindre les objectifs légitimes pour recouvrer tous les droits historiques spoliés du peuple de l’Azawad, et le Mouvement touareg du Nord-Mali (MTNM), mouvement responsable de rébellions de 2006 à 2009, fusionnent le 16 octobre 2011 pour créer le MNLA. Le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) est formé pendant la guerre du Mali, afin de favoriser les pourparlers avec le gouvernement malien. Ses représentants touareg décident de rejeter la lutte armée et de former le Haut Conseil de l'Azawad (HCA). C’est un mouvement pacifique qui ne réclame pas l'indépendance d'une partie du nord du Mali et est contre toute idée de partition. (…) Nous sommes également contre le terrorisme. Nous voulons mettre ensemble tous les fils touareg du Nord et les autres frères pour faire la paix avec le Sud, avec tous les Maliens*.»Sous les auspices de la communauté internationale et du médiateur burkinabé, un accord de cessez-le-feu immédiat qui ouvre la voie à la tenue, le 28 juillet prochain, du premier tour de l'élection présidentielle sur l'ensemble du territoire malien, y compris dans la région de Kidal, fief des mouvements armés touareg qui avaient décrété unilatéralement l'indépendance des deux tiers nord du pays, en mars 2012, avant d'y renoncer sept mois plus tard.
Le document comprenant 25 articles, L'accord a été signé par Bilal ag Acherif, secrétaire général du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et Alghabass ag Intalla, représentant du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA).
Pour l'Etat malien, chassé pendant un an et demi des deux tiers nord de son territoire, occupé par les rebelles touareg du MNLA, puis par des groupes salafistes (Ansar ed-Dine) et djihadistes (Aqmi, Mujao), le préalable était de voir son "unité nationale" et son "intégrité territoriale" reconnues par écrit par les mouvements touareg. C'est ce que réaffirme le préambule de l'accord. L'article 7 prévoit le "déploiement progressif des forces de défense et de sécurité maliennes dans la région de Kidal, dès la signature du présent accord."
Ce déploiement se fera en coopération avec la Minusma et les militaires français de l'opération Serval pour réduire au maximum les risques de confrontation entre l'armée malienne, les groupes armés et la population touareg. Les mouvements armés s'engagent " à procéder sans délai au cantonnement de leurs éléments (...) dans des sites définis conjointement ".
Le respect de la forme républicaine et laïque de l'Etat, de l'égalité entre les citoyens maliens, sont également rappelés par écrit.
Le processus post électoral prévoit par exemple la réinsertion socioéconomique des groupes armés. Il implique aussi de négocier " l'organisation administrative et institutionnelle du Mali, en particulier les [trois] régions du nord du Mali désignées par certains sous le terme Azawad. " Le terme " Azawad " est considéré comme un " blasphème " par une frange de la population malienne, mais figurait déjà dans le pacte national de 1992. Une nouvelle "stratégie de développement intégré" – sans précisions - des collectivités territoriales sera étudiée.
Les signataires s'engagent aussi à lutter contre le "terrorisme, l'économie criminelle et l'impunité sous toutes ses formes." Afin de promouvoir la " justice et la réconciliation", l'article 18 de l'accord prévoit la mise en place d'une " commission d'enquête internationale sur les crimes de guerre, crimes contre l'humanité, crimes de génocide, crimes de violence sexuelle, le trafic de drogue (...) ". L'article 20 prévoit d'organiser un forum des communautés du nord, au-delà des seuls Touareg.
Cet accord est en recul sur plusieurs points par rapport au Pacte de Bamako de 1992. Pas plus que les précédents, il ne sera appliqué.
L’Accord de 2015 pour la Paix et la Réconciliation au Mali (29)
Issu du processus d’Alger, avec l’Algérie comme médiateur, signé le 20 juin 2015 par l’Etat malien avec la « Coordination des mouvements de l’Azawad » (CMA), et la Plateforme des Mouvements du 14 juin, est le plus abouti, mais est-il de nature à engager le Mali et plus généralement le Sahel sur la voie de la Paix ? En d’autres termes est-il représentatif des organisations en lutte et fait-il droit aux revendications légitimes des populations concernées ?
Certes les groupes rebelles armés AQMI, le MUJAO et Ansaer Edine qui existent respectivement depuis 2007, 2011 et 2012, recyclés aujourd’hui au sein des deux grandes nébuleuses « terroristes », EIGS (Etat Islamique au Grand Sahara) et le GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans) n’en sont pas signataires. Ce n’est évidemment pas négligeable. Mais les signataires de l’Accord recouvrent un large spectre des mouvements contestataires en lutte armée ou en lutte pacifique du Nord-Mali et de la population de cette région : la Coordination des Mouvements de l’Azawad constituée en octobre 2014, qui regroupe le MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) issu de trois mouvements touareg dont l’un créé en 1988 ; le HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad) créé en mars 2013 et hostile au terrorisme et le MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad) créé en avril 2012 ; aux côtés desquels plusieurs mouvements loyalistes regroupés au sein de la Plateforme des Mouvements du 14 juin, ont également signé l’Accord. Face aux deux nébuleuses armées l’EIGS et le GSIM qui se déchirent entre-elles dans une guerre fratricide sanglante, on peut considérer que les signataires de l’Accord d’Alger sont représentatifs.
En tout état de cause, cet accord, détaillé, précis est de nature à combler les graves handicaps dont souffre le Nord-Mali.
Il se prononce contre « le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.» (Préambule et Titre III, Chap. 11) et il précise les conditions du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion des combattants et de leur intégration dans l’armée nationale. (Titre II, Chap.8, 9, 10 et Annexe 2/ II et III).
Cet accord officialise sans ambiguïté l’appellation Azawad et entend dans le cadre de « l’unité nationale, respecter la diversité humaine caractéristique de la Nation malienne […] éthique, culturelle, géographique, socio-économique » « L’appellation AZAWAD recouvre une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord du Mali, constituant des composantes de la communauté nationale. Une compréhension commune de cette appellation qui reflète également une réalité humaine, devra constituer la base du consensus nécessaire, dans le respect du caractère unitaire de l’Etat malien et de son intégrité territoriale.[…]…] socio-historique. » (Préambule et Titre I, Chap.1, Art.1).________________________________________________
Il affirme la « forme républicaine » et le « caractère laïc » du Mali. (Titre I/ Chapitre 1/ Article 1).
Il insiste sur les décisions qui devront être appliquées pour « une plus grande représentation des populations du Nord au sein des institutions nationales.» (Préambule et Titre I, Chap. 2, Art. 15). Il énumère les politiques à mettre en œuvre dans les domaines économique, social, éducatif, culturel afin de faire reculer le sous-développement du Nord dont on sait qu’il est le terreau du terrorisme.
Au plan institutionnel_______________________________________
« Parties conviennent de mettre en place une architecture institutionnelle permettant aux populations du Nord, dans un esprit de pleine citoyenneté participative, de gérer leurs propres affaires, sur la base du principe de libre administration et assurant une plus grande représentation de ces populations au sein des institutions nationales. A cet effet, il est prévu les dispositions ci-après. Au niveau local :
- La région est dotée d’une Assemblée Régionale élue au suffrage universel direct, bénéficie d’un très large transfert de compétences, de ressources et jouit des pouvoirs juridiques, administratifs et financiers appropriés ;
- Les populations maliennes et en particulier celles des régions du Nord auront,dans ce cadre, à gérer leurs propres affaires sur la base du principe de la libre administration ;
- Le Président de l’Assemblée est élu au suffrage universel direct. Il est également le chef de l’Exécutif et de l’Administration de la région ;
- Les cercles et les communes sont dotés d’organes délibérants (Conseil de cercle et Conseil communal) élus au suffrage universel direct et dirigés par des bureaux ayant une fonction exécutive avec à leur tête un Président du Conseil de cercle et un Maire élus » Les cercles sont au Mali les équivalents de nos départements français. A noter : les élections auront lieu au suffrage direct ».(Titre II /Chapitre 3/ Article 6) ___________________________
Afin de ne laisser aucun intervalle à une interprétation restrictive, l’Accord décide de la création d’une Zone de développement des régions du Nord. Cette Zone devra être pilotée par un Comité consultatif interrégional et il énumère un certain nombre de réalisations à entreprendre, avec leur implantation : points d’eau, routes, aéroports, hôpitaux, écoles, (y compris l’aide aux cantines scolaires), etc. (Annexes II et III). L’Etat malien s’engageait par cet accord à dégager les moyens financiers indispensables qui devaient être abondés par des apports internationaux.
Enfin, il reformule la décision de créer une Commission d’enquête internationale « chargée de faire la lumière sur tous les crimes de guerre… »(Titre V/ Chapitre 14/ Article 46).
Les annexes qui ont la même valeur juridique que l’accord lui-même, témoignent du souci de précision des signataires pour la réalisation des engagements. Exemple, l’Annexe III :
______________________________________________Annexe III (Extraits)
« Au titre de l’amélioration de l’accès aux Services Sociaux de Base, il sera procédé à ce qui suit :
- La poursuite des actions de réhabilitation des formations sanitaires détériorées et la construction et l’équipement de nouveaux centres de santé communautaire;
- La construction d’un hôpital régional à Kidal et à Ménaka ;
- Renforcement de l’accès des étudiants issus du Nord aux programmes de bourses d’études de coopération ;
- Le renforcement de la fourniture des soins aux populations en milieu nomade, par le déploiement d’équipes mobiles polyvalentes itinérantes pour l’offre des soins préventifs et curatifs ;
- La réhabilitation des centres de formation et des services déconcentrés de l’emploi dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou ;
- La création d’un lycée technique public dans chaque région ;[…]
- Le renforcement de l’adduction d’eau de la ville de Gao ;
- Le renforcement de l’adduction d’eau de la ville Tombouctou ;
- La réalisation de l’Aqueduc ln Esseri - ln Tebzaz—Kidal. »___________________________________
Le grand voyageur amoureux de la zone sahelo-saharienne, Théodore Monod écrivait (30) : « Les nomades vivent actuellement sur les territoires d'Etats modernes et les administrations centrales ne leur sont pas, en principe, très favorables. Un homme libre, pour les bureaux, ça ne devrait pas exister. Alors que faire ? Le sédentariser de gré ou de force, ou bien le détruire […] L'idéal serait de leur accorder de larges autonomies régionales… » Cet entretien qui date des années 90, est assez visionnaire sur la crise actuelle. L’Accord d’Alger de 2015 répond tout à fait à cette vision. Il est pourtant contesté, à la fois par Emmanuel Macron, par la Commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée Nationale française, par les nouvelles autorités maliennes issues du putsch de 2021 et par quelques auteurs.
L’opinion hostile du Point-Afrique du 6 avril 2021.
L’article du Point dénonce : « La montée en puissance de la nébuleuse djihadiste depuis la signature de l'accord d'Alger en 2015, malgré la présence de Barkhane, (qui) ne paraît pas être ainsi une simple coïncidence mais au moins en partie l'effet des conséquences de l'accord.»
A l’appui de ses affirmations, Le Point fait référence à la Résolution 2374 adoptée par le Conseil de sécurité le 5 septembre 2017 et aux rapports des experts de l’ONU, alors que cette résolution indique au contraire que l’Accord d’Alger représente : « une occasion historique d’installer durablement la paix au Mali » et salue « le rôle joué par l’Algérie ». La Résolution mentionne il est vrai « les violations répétées des dispositions du cessez-le-feu par les groupes armés des coalitions Plateforme (loyaliste,ndlr)(31) et Coordination (rebelles signataires de l’Accord d’Alger, ndlr) » et «l’intensification des activités criminelles telles que le trafic de drogues et la traite d’êtres humains dans l’ensemble du pays.»
Les textes officiels et diverses études démentent ces affirmations
Les textes de l’ONU et notamment le Rapport final des experts du 6 août 2019 (32) notent que si les actions terroristes se sont multipliées, ce n’est pas à cause de l’Accord mais parce que celui-ci n’a pas été appliqué dans ses aspects essentiels : démocratisation des institutions et mise en œuvre d’une politique de développement économique, social et culturel du Nord-Mali. Les experts portent à cet égard une accusation grave contre l’Etat malien : « Le Fonds pour le développement durable est le principal mécanisme de financement de la zone de développement des régions du nord […] il était déjà inscrit au budget des dépenses publiques destinées à la mise en œuvre de l’Accord au cours de la période 2015-2017. Il ressort des enquêtes menées par le Groupe d’experts sur les dépenses du Ministère de l’économie et des finances que celui-ci a, par le passé, maquillé les dépenses, abusant les mouvements signataires et les donateurs internationaux et entravant la mise en œuvre de l’Accord. »
Une étude (33) réalisée par Mathieu Pellerin, chercheur associé au Centre Afrique Subsaharienne de l'Ifri, à partir des documents recueillis par la Fondation Carter et publiée par Crisis Group le 20 juin 2020 apporte des précisions complémentaires.
D’une part, le désarmement des ex-combattants et leur intégration dans l’armée régulière est très loin des objectifs fixés par l’Accord et surtout – je cite – « le processus de mise en œuvre de l’accord ne progresse quasiment pas : 22 pour cent des dispositions de l’accord étaient mis en œuvre en 2017, contre 23 pour cent trois ans après. Aucun des cinq piliers sur lesquels se fonde l’accord n’a été appliqué de façon satisfaisante […] Aucune des réformes politiques d’envergure relatives aux « questions politiques et institutionnelles » (titre II de l’accord — le titre I concerne les principes généraux), à commencer par la réforme de la régionalisation, n’a été entreprise jusqu’ici […] Les volets « Développement » (Titre IV) et « Réconciliation » (Titre V) restent quant à eux les parents pauvres de l’accord. Rien ne laisse présager un décollage économique réel du Nord »
Les réserves de la Mission parlementaire de l’Assemblée Nationale
L’étude des rapports parlementaires du Sénat et de la Commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée Nationale (les député-es Lrem sont majoritaires dans cette dernière), permet de mieux cerner la philosophie de l’Etat français.
Les arguments de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale présidée par Françoise Dumas, qui a rendu public son rapport le 14 avril 2021 (34) sont de trois ordres :
-Elle fait sienne cette opinion de l’ancien ambassadeur Nicolas Normand : «l’Accord fait la part belle à une minorité ethnique non élue, et particulièrement aux groupes armés, au détriment des Touaregs ne s’étant pas rebellés ». Faux. Il n’est que de consulter le texte intégral pour constater qu’il répond aux besoins, non pas d’une minorité, mais de l’ensemble de la population du Nord-Mali (Azawad). D’ailleurs, le HCUA et la Plateforme, non favorables au terrorisme, l’ont signé.
- « Le Nord du Mali semble désormais en partie soumis à des règles et des dynamiques de gouvernance qui échappent totalement à l’État malien. » Cette opinion fait écho à celle d’André Bourgeot dans le N°117 de la revue Recherches internationales. Selon lui a nouvelle ’architecture institutionnelle va « générer des processus d’éclatement de la nation (déjà mise à mal) qui était le ciment du « vivre ensemble » alors que le fédéralisme en est le poison… » (35)
Je ne partage pas ces deux opinions car, d’une part de nombreux articles de l’Accord insistent sur l’unicité de la Nation et de l’Etat malien (Préambule, alinéas 5 et 6. Titre I/Chapitre 1/ art. 1/ a. Chapitre 2/art.5/ alinéas 2 et 3.Titre II/ Chapitre 5.Titre III/Chapitre 17, etc ) et d’autre part, de nombreux exemples dans l’histoire des nations montrent que c’est au contraire le refus de prendre en compte les spécificités culturelles, économiques, etc, qui sont sources de tensions et à la limite d’éclatement.
-La Commission estime que l’Opération Barkhane est un succès et que l’action militaire doit être encore renforcée, comme l’avait préconisé le sommet de Pau, en impliquant davantage les pays du G5 et de l’Union Européenne. Ce qui faisait écrire au Monde diplomatique d’avril 2021, que « Au Sahel, la France sous-traite sa guerre»
La position des nouvelles autorités maliennes.
Le coup d’Etat du 24 mai 2021 qui a évincé le Président M. Bah N’Daw, remplacé par son vice-président, le colonel Assimi Goïta, a le 26 mai 2021, suscité une vive inquiétude du Secrétaire général de l’ONU et du Conseil de sécurité en raison de la nomination comme Premier ministre de M. Choguel Maïga connu pour son hostilité à l’Accord d’Alger (36) dans lequel il voit un risque de partition du Mali. Assimi Goïta s’est cependant entretenu avec les responsables de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), le 2 juin 2021 à Kidal au cœur de leur fief. Cet entretien et la présence au gouvernement, du colonel Ismaël Wague qui se dit favorable à l’Accord, ont laissé la porte ouverte à l’application de celui-ci et laissé le champ libre à ceux qui, comme le Premier ministre Choguel Maïga, préconisent sa « refonte », position en faveur de laquelle argumentait en novembre 2016 une étude des Jeunes de l’IHEDN (Institut (français) des Hautes Etudes de la Défense Nationale)(37)et que soutient désormais l’Ambassadeur de France au Mali. Le groupe communiste au Sénat, s’est également prononcé par la voix de Pierre Laurent (38) en faveur d’une « profonde révision ». En cas de « révision » ou de « refonte », on peut craindre que l’orientation favorable à Paix soit édulcorée. C’est la crainte exprimée entre autres par le quotidien algérien Liberté DZ du 8 juin 2021 et notamment que soient remises en causes certaines des clauses politiques, économiques, sociales et culturelles répondant aux aspirations et aux besoins des populations du Nord-Mali.
Négocier un nouvel accord ?
Faut-il cependant, comme le proposent certains auteurs, le compléter par un nouvel accord qui prendrait en compte la situation nouvelle dans le Centre du Mali et dans la région des Trois frontières, désormais investis par les groupes rebelles. Et faut-il discuter avec ces groupes ? Certains comme le Président Macron s’y opposent. Certains Etats sahéliens ont pris des contacts en ce sens. Autant d’options qui sont « sur la table » et qui méritent réflexion.
En l’état, l’Accord d’Alger de 2015 est soutenu par l’ONU, son Secrétaire général Antonio Guterres, le Conseil de Sécurité et les organisations africaines : la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest ( 15 membres et bientôt 17); l’Union Africaine (55 pays d’Afrique) ; la Ligue des Etats Arabes (22 membres). La Résolution 2374 adoptée par le Conseil de sécurité le 5 septembre 2017 (39) déclare que l’Accord d’Alger représente : « une occasion historique d’installer durablement la paix au Mali ».
Bernard DESCHAMPS
2 octobre 2021
1- Anne-Sophie Traversac | AFDSDhttps://www.afdsd.fr › anne-sophie-traversac
2-Antonio Guterres, le 25 septembre 2019/ Assemblée générale des Nations Unies - 74e session https://news.un.org › node › date › 2019-09-25
3-Rapport N°4089, Commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée Nationale, page 32.
4-- Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali.Situation au 1er juin 2021. Le présent document décrit les principaux faits survenus au Mali depuis la publication du précédent rapport (S/2021/299), en date du 26 mars 2021.
5-Pierre Laurent. Sénat, séance publique du 9 février 2021, page 911.
6-Sources : Opération Barkhane/Rapport N°4089, page 52. G5/Ministère des Affaires Etrangères.Union Européenne/ UE. MINUSMA/ONU.USA/Slate.fr
7- Antonio Guterres, Source ONU citée.
8-François Bost est Professeur de géographie économique et industrielle à l’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) depuis 2013 (promu en 1ère classe en 2016), après avoir été Maître de conférences à l’Université de Paris Nanterre de 1996 à 2013. Courriel/francois.bost@univ-reims.fr, bost.francois@wanadoo.fr
9-Sénat, 26 septembre 2013, Sahel : Pour une approche globale( rapport d'information ) par MM. Jean-Pierre CHEVÈNEMENT et Gérard LARCHER, au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
10-Rapport « Commodity Markets Outlook» publié par la Banque mondiale en avril 2018.
11-Recensement 1950.
12-Arnaud Jouve. Journaliste. Auteur et coréalisateur de documentaires TV. Journaliste d'investigation.
13-Ibidem et « Les rébellions touarèg, au Sahel » https://www.c-dec.terre.defense.gouv.fr
14-C’est une sélection personnelle donc subjective. Sources croisées : France culture, Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Obs, Jeune Afrique, etc.
15- Guillaume Soto-Mayor.Les narco-djihadistes n'existent pas. Mondafrique https://mondafrique.com
16-Nouvel Obs, Iyad Ag Ghali, le rebelle touareg devenu l'ennemi de la Francehttps://www.nouvelobs.com › Monde
17-Rapports commission parlementaire Défense nationale et Forces armées de l’Assemblée Nationale, Opération Serval N°1288, Opération Barkhane N°4089.
18-Source ; Etat-major des Forces armées françaises.
19-Retrouvez la conférence de presse d'Emmanuel Macron sur ...https://www.lemonde.fr › Politique › Emmanuel Macron
20-Communiqué de presse de Florence Parly, ministre des...https://www.defense.gouv.fr › communiques › commu...
21-Sommet de Pau.
22- Mali: à mots couverts, le Premier ministre évoque la société ...https://www.rfi.fr › afrique › 20210918-mali-à-mots-co...
23-Retrait de 600 soldats tchadiens du G5 Sahel: il y a «des défis ...https://www.rfi.fr › afrique › 20210823-retrait-de-600-...
24- Accords de Tamanrasset - Unescohttp://www.unesco.org
25-Annexe 2 : Textes historiques - 2.1 Pacte national – Peace
...https://www.peaceagreements.org
26- ML_060704_Accord d'Alger.pdf - UN Peacemakerhttp://peacemaker.un.org
27- Accord de paix avec les rebelles touareg du Mali et du Niger https://reliefweb.int
28 – Accord de Ouagadougou : texte intégral - JusticeInfo.nethttp://www.justiceinfo.net
29- Accord Pour la Paix et la Reconciliation au Mali - https://peacemaker.un.org
30- Théodore Monod, amoureux du Sahara et défenseur des ...https://www.francetvinfo.fr
31- Résolution N°2374 du Conseil de Sécurité.
32- Rapport final du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali et reconduit par la résolution 2432 (2018) ll/E/56 - Lettre datée du 6 août 2019, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali
33- Mathieu Pellerin/ L’accord d'Alger cinq ans après...https://www.crisisgroup.org
34- Rapport N°4089 déjà cité.
35- Recherches internationales N°117, pages 54 à 56.
36- Choguel Kokalla Maiga à propos de l'Accord d'Algerhttps://fasomali.com
37-IHEDN, article cité. 38-Pierre Laurent, intervention au Sénat citée.
38-Pierre Laurent, intervention au Sénat citée.
39-Résolution n°2374 du 5 septembre 2017. Conseil de sécurité - Permanent Missions ...https://www.un.int › www.un.int › files › Mali ›