Des assistances plus nombreuses que les années précédentes ont participé aux trois cérémonies commémoratives qui se sont tenues le 17 octobre dans le Gard.
A Nîmes (photo ci-jointe), Oucine Benchouyeb, Président de France-El Djazaïr dénonça le crime d'Etat commis par la France le 17 octobre 1961 à Paris . Prirent ensuite la parole: Denis Lanoy au nom de la section de Nîmes du PCF et de Vincent BOUGET, secrétaire départemental du PCF, présent; Pierre CLEC'H de l'Association Républicaine des Anciens Combattants) et François Py (Réseau des Droits de l'Homme) lut le poème de Kateb Yacine (ci-dessous) Une gerbe fut déposée au pied des drapeaux algérien et français suspendus à la grille du Palais de Justice, par Nicole Ziani (France Palestine Solidarité) et Christian Bastid, Vice- président du Conseil départemental.
A Alès, devant l'entrée du Fort Vauban où des prisonniers algériens furent incarcérés pendant la guerre d'Indépendance, des allocutions ont été prononcées par Foudil DJOUDI au nom de l'Amicale des Algériens; par Sylvain ANDRE, Maire de Cendras; Claude CERPEDES, Maire de Saint-Martin-de-Valgalgues et Jean-Michel SUAU, ancien vice-president du Conseil départemental.
La veille une cérémonie identique avait eu lieu à La Grand'Combe avec Foudil Djoudi, en présence du Maire, Vice-président du Conseil départemental, Patrick MALAVIEILLE.
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L'allocution d'Oucine Benchouyeb:
Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l'époque dont le premier ministre Michel Debré était partisan de l'Algérie française.
Ce jour- là et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent, arrêtés, emprisonnés ,torturés notamment par la force de police « auxilliaires »ou, nombre d'entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes des forces de la police parisienne aux ordres du Préfet Maurice Papon.
Plus d'un demi- siècle après, la vérité est partiellement en marche. Cependant la France n'a toujours pas reconnu totalement sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées en particulier la guerre d'Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elles ont entrainées, comme ce crime d'Etat que constitue 17 octobre 1961.
Nous demandons aux autorités de la République une parole claire, au moment ou certain osent encore aujourd'hui continuer de parler des « bienfaits de la colonisation »,à célébrer le putsch des généraux d'Alger contre la République, à”honorer” les criminels de l'OAS.
-Que la lumière soit faite sur des algériens survivants du 17 octobre envoyé en fait dans des camps de la mort de l'Algérie coloniale.
-Que la création d'un lieu de mémoire voué à cet événement, soit rapidement mise en oeuvre par les autorités de l'Etat, de la ville de Paris et la région Ile de France.
-Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens des deux rives ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression.
-La vérité doit être dite sur l'organisation criminelle de l'OAS que certains au sein de la droite et extrême droite politique veulent réhabiliter.
-Faute d'une telle reconnaissance, le système de ce type de violence policière se reproduit.
Ce n'est qu'a ce prix que pourra disparaitre la séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie à savoir le racisme, l’antisémitisme, l'islamophobie et les discriminations dont sont victimes aujourd'hui nombre de citoyennes et de citoyens, ressortissants d'origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous forme de violences policières réccurentes, parfois meurtrières.
On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations.
Il est temps:
-Que le président de la République, au nom de la France, confirme par un geste fort la reconnaissance et la condamnation de ce crime d'Etat, comme il l'a fait en septembre 2018 pour l'assassinat de Maurice Audin et en mars 2021 pour celui de maitre Ali Boumendjel par l'armée française et pour l'existence d'un système de torture généralisé.
-Que l'Etat français reconnaisse sa responsabilité dans l'internement arbitraire de population civile pendant la guerre d'Algérie dans des camps.
-Que la liberté d'accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.
-Et qu'une loi de réparation soit mise en oeuvre.
Oucine BENCHOUYEB
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Le poème e Kateb Yacine lu par François PY:
Peuple français, tu as tout vu
Oui, tout vu de tes propres yeux.
Tu as vu notre sang couler
Tu as vu la police
Assommer les manifestants
Et les jeter dans la Seine.
La Seine rougissante
N’a pas cessé les jours suivants
De vomir à la face
Du peuple de la Commune
Ces corps martyrisés
Qui rappelaient aux Parisiens
Leurs propres révolutions
Leur propre résistance.
Peuple français, tu as tout vu,
Oui, tout vu de tes propres yeux,
Et maintenant vas-tu parler ?
Et maintenant vas-tu te taire ?