La bataille de l'élection présidentielle de 2022 en France se résumerait à un duel entre Macron et Le Pen, et l’on nous prédit une victoire du Rassemblement National. Le risque en effet est réel et créerait une situation d’une extrême gravité. La France n’est pas vaccinée contre le fascisme comme en témoigna le pétainisme dans les années quarante et Macron par sa politique lui ouvre un boulevard. Mais ce n’est pas une fatalité contrairement aux affirmations des augures qui s’efforcent de nous décourager. Rien n’est jamais écrit à l’avance et l’histoire est jalonnée d’accélérations dans la prise de conscience des peuples. Beaucoup va dépendre de l’évolution des luttes populaires d’ici 2022.
Quelle doit être dès lors l’attitude de notre parti ? Tout faire pour parvenir à une candidature commune aux forces de gauche, progressistes et écologistes sur un programme de véritable changement social et démocratique qui réponde aux attentes populaires et suscite l’adhésion et l’engagement du plus grand nombre possible de nos concitoyens.
Tout faire ? Mais comment nous y prendre ? Nous avons tiré les leçons de l’échec du Programme commun adopté en 1972 par les partis de gauche. Mitterrand élu sur cette base en 1981, après quelques avancées jusqu’en 1983, a ensuite cédé aux pressions du capital et opéré un virage à droite. La démarche de sommet qui avait présidé à l’élaboration du Programme commun, liée à l’affaiblissement de notre parti ne nous ont pas permis d’y faire obstacle. Il nous faut donc résolument construire et enraciner une alternative politique à partir de notre peuple. Par en bas, comme on dit. A cet égard la proposition signée par Vincent Bouget, Lydia Samarbakhsh, Nathalie Simonet et Pierre Laurent est fort intéressante. A une nuance près : nous ne pouvons pas ignorer les partis de gauche, écologistes et progressistes et leurs directions. Ne cédons pas aux campagnes de rejet des partis. Ceux-ci sont nécessaires à la démocratie. Il nous faut donc inventer une démarche qui engage le débat à la fois « en bas et en haut », simultanément avec nos concitoyens et avec les directions des partis à tous les échelons. Facile ? Sans doute pas, nous devrons faire preuve de créativité.
Faut-il dans ces conditions que le PCF présente un candidat à l’élection présidentielle ? Oui, cela me parait nécessaire, mais avec cet objectif de parvenir à une candidature commune des forces de gauche progressistes et écologistes qui ne sera pas forcément communiste. C’est le moyen de porter nationalement une parole forte.
Bernard DESCHAMPS
9 avril 2o21
*Que l’on me pardonne cet emprunt à Vladimir Ilitch Oulianov. La situation de la France en 2021 n’a en effet aucun rapport avec celle de la Russie en 1902. Encore que au sujet du « révisionnisme »…