Le texte de Mehdi Mokrani (qui a démissionné de sa responsabilité d'adjoint au maire d'Ivry) que j’ai publié sur mon blog est un texte public largement publié par ailleurs. Pourquoi l’ignorer ? Pour tenter de cacher la diversité des approches politiques au sein du PCF et donner l’illusion d’un certain unanimisme ?  Cela nous renvoie à des pratiques anciennes dépassées depuis longtemps.

   J’ai donc publié ce texte, bien que je n’en partage pas toutes les appréciations,  avec un chapeau de présentation. Ce n’est pas une décision hasardeuse de ma part. Trois attitudes sont en effet possibles devant des prises de position comme celles de Mina Idir et de Mehdi Mokrani : ou bien les ignorer, ou les considérer comme des attitudes d’adversaires à combattre, ou s’interroger sur  ce qui a bien pu les conduire à une telle décision. J’ai choisi la troisième attitude car je ne considère pas à priori les camarades qui nous quittent comme des adversaires. Pour moi le départ d’un/e camarade est toujours un drame, un échec de notre part. Et je n’en prends pas mon parti. Les démissions de Mina et de Mhedi doivent nous inciter à la réflexion afin de déterminer ce que nous avons raté.

   L’antiracisme fait précisément partie de ces questions sur lesquelles nous sommes actuellement en échec car, comme le dit Mehdi Mokrani, insuffisamment débattues au sein des organisations du parti. Le PCF est certes à mon avis un des moins pénétrés par le virus du racisme  dont l’islamophobie est une variante inoculée par une partie de la droite et par l’extrême-droite, mais plusieurs dérapages m’inquiètent qui témoignent d’un glissement. Que le secrétaire national du PCF, l’ancienne secrétaire nationale et le président des députés communistes se soient abstenus sur la loi « séparatisme » doit nous alerter. Que des camarades parmi les plus responsables approuvent l’interdiction du voile et veuillent la généraliser au mépris de la liberté individuelle et de la loi de 1905, m’inquiète. Que le secrétaire national récidive à propos de l’UNEF et des groupes de parole me préoccupe. Et je comprends que des personnes dont les parents ne sont pas nés en France ou sont musulmans, le vivent douloureusement. A cet égard, un passage du texte de Mehdi Mokrani que j’approuve pleinement, a particulièrement retenu mon attention : « Nous ne croyons pas à un commun universel gommant les différences, nous croyons à un commun multiple permettant à chacun de s’insérer dans un collectif humain sans jamais renier ce qu’il est fondamentalement.» Ce que le poète Edouard Glissant nomme " identité généreuse " et à laquelle faisait écho le rapport du député communiste Pierre Dharréville, présenté devant le conseil national du PCF le  23 novembre 2020.

   Je ne fais pas une croix sur les camarades avec lesquels j’ai des désaccords, mais je crois utile de dire franchement mon opinion en toute fraternité. J’en veux pour preuve que je suis d’accord avec la candidature de Fabien Roussel à l’élection présidentielle avec comme objectif - ce qui malheureusement n’est pas la décision de la  Conférence Nationale du PCF - de travailler à une candidature commune de la gauche, des progressiste et des écologistes pour faire échec au scénario qui serait mortifère d’un duel Macron-Le Pen.

Bernard DESCHAMPS

15 avril 2021