Ce n’est pas si fréquent, deux films étaient programmés dimanche 7 mars par des chaines françaises, Choisir à 20 ans sur TV5 et La guerre d’Algérie sur Histoire TV.
Une dizaine de déserteurs français témoignent dans Choisir à 20 ans un film de Villi Hermann réalisé par la France, la Belgique et la Suisse où plusieurs d’entre eux s’exilèrent.
Les premières images donnent le ton : hélicos déversant leur armada de reîtres surarmés ; chars d’assaut investissant un douar, ; enfant froidement abattu au sortir de sa tente…Soixante-sept ans plus tard, je suis toujours aussi impressionné par l’ampleur et la cruauté des moyens déployés par la France contre un peuple qui aspirait à juste titre à son indépendance. Et puis il y eut la torture, le napalm…L’Algérie compte des dizaines d’Oradour.
Des garçons de vingt ans refusèrent de participer à cet épisode honteux de l’histoire de notre pays : certains, à l’appel du PCF, agirent dans l’armée même ; d’autres comme Alban Liechti ou le gardois Marc Sagnier écrivirent au Président de la République leur refus de faire la guerre au peuple algérien tout en accomplissant leur service militaire; d’autres désertèrent dont le nombre est estimé à 886 sur 12 000 insoumis. C’est aux motivations et aux souvenirs de ces anciens déserteurs que le film est consacré. Ils trouvèrent assez facilement un emploi en Suisse où ils se réfugièrent, mais ils ont vécu douloureusement la distance avec leurs racines, « un arrachement » nous dit l’un d’eux. Souvent ils s’engagèrent dans les réseaux d’aide au FLN algérien. Certains retournèrent clandestinement en France pour des missions ponctuelles où quelques-uns furent arrêtés et condamnés à la prison. A l’indépendance, ils « bénéficièrent » des lois qui amnistièrent à la fois les militants de l’Algérie française et de l’OAS et les auteurs « d’infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie ».
La guerre d’Algérie vue de Grande Bretagne. La chaine Histoire TV projetait ce film réalisé en 1984 par Peter Batty. (Il existe en DVD, photo ci-jointe). Le regard distancié d’un observateur ressortissant d’un pays non engagé dans cette guerre. De nombreux témoins de Jacques Roseau et des généraux Massu et Hélie Denoix de Saint Marc, à Paul Teitgen et aux combattants algériens tel Yacef Saadi, le chef militaire du FLN dans la Casbah pendant la Bataille d‘Alger en 1957. En conclusion, une longue interview d’Henri Alleg. Un film qui fait honneur à ses auteurs.
Bernard DESCHAMPS