Loi « séparatisme »
J’ai étudié les 57 articles du projet de loi gouvernemental « confortant les principes républicains » et je partage l'appréciation de l’historien Jean-Paul Scot publiée dans l’Humanité du 8 février : « La loi de séparation des Eglises et de l’Etat n’avait jamais subi de retouches aussi graves depuis la loi du 25 décembre 1942, ce cadeau de Noël du régime de Vichy ». Les rares articles jugés positifs par les députés de gauche sont rédigés dans des termes qui peuvent prêter à interprétations. Ainsi par exemple l’article 4 qui punit « le fait d’user de menaces, de violences ou de commettre tout autre acte d’intimidation à l’égard d’un agent du service public ou de tout autre personne chargée d’une mission de service public ». S’il est légitime de sanctionner les violences et les menaces, la notion d’ « intimidation » risque d’être interprétée de façon abusive pour réprimer toute manifestation y compris pacifique.
Alors que la loi de 1905 était une loi de tolérance garantissant les libertés des croyances et des cultes, le projet macronien privilégie la dimension répressive en ciblant l’Islam. Ce projet rompt avec la neutralité de l’Etat en matière religieuse en renforçant le contrôle étatique sur les cultes. (Titre 2). Il en accroit le financement indirect (art. 31). Il renforce abusivement les pouvoirs des préfets au détriment de la liberté d’association (art.6 ) et au nom de la responsabilité collective, les associations pourront être condamnées pour telle ou telle action d’un/e de leur(e)s adhérent(e)s (art.8).
Comme l’indiquait le député des Bouches du Rhône, notre camarade Pierre Dharréville dans son intervention, s’adressant à la majorité : « Vous vous tournez plus vers Emile Combes que vers Aristide Briand, avec quelques accents sarkozystes et concordataires… »
Au total, c’est un projet liberticide en rupture avec l’esprit de la loi de 1905, alors que l'arsenal juridique français dispose déjà des moyens de combattre efficacement toutes les entreprises criminelles. Personnellement je voterais contre. Le vote aura lieu mardi 16 février.
Les Dingues
Les Dingues, un groupe fasciste, sont au pouvoir dans une France « libanisée », victime des affrontements meurtriers de milices de diverses obédiences… Pendant ma lecture de VIVONNE, le roman de Jérôme Leroy, j’avais laissé la télé allumée sans le son. Je fus effrayé. Comme si elles s’étaient donné le mot, toutes les chaines cryptées promotionnaient la Le Pen. Le roman de Leroy se déroule dans les années précédant 2030. La prochaine élection présidentielle en France aura lieu en 2022.
Réconcilier les mémoires ?
Il en est ainsi de certaines expressions de prime abord séduisantes mais qu’il convient d’interroger. La mémoire est par nature subjective. Elle est constituée de multiples apports déterminés par le vécu de chaque individu. Elle peut être en partie le fruit d’une réflexion critique. Elle est le plus souvent le reflet des apparences. C’est la raison pour laquelle, les historiens, s’ils font une place aux témoignages, ne les prennent pas pour argent comptant, comme l’expression de la réalité. Vouloir réconcilier les mémoires, comme il est affiché dans le Rapport Stora à propos de l’Algérie, c’est délibérément faire des compromis sans tenir compte de la réalité. C’est faire le choix de s’écarter de la réalité pour adopter un point de vue subjectif. C’est une démarche politicienne. Ce n’est pas une démarche d'historien. Cela m'étonne de Stora.
BD, 13/02/2021