Sol invictus

Anna-Sofia, juchée sur l’escabeau, a réussi à placer l’étoile au sommet du sapin. Rouges, dorées, bleues, argentées, elle choisit les boules et en habille les branches en équilibrant les couleurs. Appliquée, soigneuse, je retrouve en elle,  avec émotion, les gestes hérités de sa maman,  de ses grands-mères et d’Annie son arrière-grand-mère. La permanence de certains traits de la personnalité par-delà les générations. Et je me prends à rêver. Cet attrait des enfants pour l’arbre que l’on décore et qui rayonne de mille couleurs renvoie à la Préhistoire, quand nos ancêtres enflammaient un sapin pour vaincre l’absence du soleil en cette période sombre et froide. Le miracle de l’imprégnation au plus profond de notre être des sensations acquises depuis l’apparition de l’humanité. (Le débat récurrent sur l'acquis et l'inné...)

Mais le plus émouvant est la signification du geste d’Anna-Sofia- six ans -  qui pour la première fois m’offre ce cadeau inestimable de la décoration de l’arbre. Les deux extrémités de la boucle, à 83 ans de distance, se rejoignent. Aux offrandes des parents répondent désormais celles des enfants…

Naël

Naël a trois ans et il poursuit sa découverte du monde. Aujourd’hui, une grande feuille de papier blanc devant lui, il découvre  avec émerveillement qu’il peut y imprimer sa marque. Qui plus est en couleur. Et il expérimente chacune des craies. Cercles, torsades, traits, de haut en bas, de droite à gauche… La page est grande. Comment faut-il tracer à gauche ? Il se sert alors de sa main gauche. Cela lui parait aller de soi .Mais il revient à la main droite…Les humains, comme les animaux, aspirent à laisser une trace de leur passage. Peinture, romans, musique, sculptures, en sont le témoignage. Pour Louis XIV, ce sera Versailles ; pour Mitterrand, la Bibliothèque Nationale de France ; pour Chirac, le Musée du Quai Branly…Mais également les cairns qui jalonnent les sentiers montagnards…

Visioconférence

Confinement oblige, je me suis converti à la visioconférence. Avec des ami(e)s algérien(ne)s et français(e)s, nous avons marqué le 60^e anniversaire des manifestations populaires de décembre 1960 en Algérie par trois soirées consacrées successivement, au Hirak, au bilan d’Abdelaziz Bouteflika et à la nouvelle Constitution de l’Algérie.

Cela ne remplace pas le contact physique, mais c’est malgré tout fabuleux. Sans doute tenterons nous à nouveau l’expérience qui cette fois sera filmée afin d’en faire profiter le plus grand nombre possible de spectateurs.