El Watan
08/12/2020
« Un congrès pour la citoyenneté» : Une nouvelle initiative pour faire aboutir les revendications du hirak
MADJID MAKEDHI 06 DÉCEMBRE 2020 6372
La démarche vise, selon ses initiateurs, à enclencher un processus d’auto-organisation de la société pour réaliser les objectifs suprêmes du mouvement citoyen du 22 février 2019.
Des acteurs et des collectifs politiques activant en Algérie et au sein de l’émigration viennent de lancer une nouvelle initiative pour réaliser les objectifs du hirak. Les initiateurs, une trentaine de collectifs, appellent à l’organisation «d’un congrès pour la citoyenneté».
Rappelant le contexte actuel marqué par la répression et l’exploitation par le pouvoir de la crise sanitaire pour reconstituer le système, les signataires appellent, dans une déclaration transmise hier à notre rédaction, à «l’auto-organisation». «Devant cette impasse qui menace le pays dans son intégrité, que faire ?
Quels mécanismes et quelle stratégie sont nécessaires pour faire aboutir la citoyenneté en marche ? Quel modèle d’Etat voulons-nous pour l’Algérie?» demandent-ils. Et de répondre : «L’auto-organisation apparaît comme la première étape d’une stratégie d’ensemble visant en définitive à faire émerger une organisation pérenne de la société civile.
Cela passe par la mise en place d’une Coordination nationale chargée de préparer un congrès pour la citoyenneté. Celui-ci rassemblera les forces démocratiques citoyennes autour d’une plate-forme en accord avec les mots d’ordre du peuple en marche vers la conquête de ses droits».
Selon Ali Brahimi (1)et Salah Belmeki (2), deux des représentants des collectifs initiateurs, ce «congrès pourrait être organisé dans les prochains mois». «Nous travaillons actuellement sur les textes et nous essayons de rassembler les différents acteurs qui adhèrent à la démarche. Ensuite, après la fin de la crise sanitaire, nous pourrons organiser ce congrès», explique Salah Belmeki.
Surmonter les faiblesses
Adressé aux forces démocratiques, l’appel a pour but «de faire aboutir la révolution populaire démocratique». Pour cela, lit-on dans la déclaration, «les organisations citoyennes et les partis politiques démocrates peuvent et doivent travailler de pair et parallèlement pour surmonter leur faiblesses issues en partie de la fermeture politique et institutionnelle du système».
«Par ailleurs, la transition démocratique indépendante à laquelle nous appelons ne saurait se réduire à un subterfuge rassemblant des personnalités plus ou moins cooptées pour aider la contre-révolution autoritaire à échapper aux désastres de ses propres turpitudes ni pour servir les intérêts de puissances étrangères complices et/ou complaisantes», précisent encore les initiateurs, affirmant que «toute transition démocratique réelle passe par le préalable de la libération des champs politique et médiatique, qui est le mot d’ordre de l’heure».
Selon eux, l’ambition est «de transformer la société et les institutions, de répandre et d’ancrer les idées et les valeurs de la démocratie».
«Nous appelons les collectifs citoyens, associations, syndicats et individualités engagés pour une issue démocratique et pacifique de la révolution populaire de février 2019 à œuvrer avec nous pour concrétiser l’événement politique majeur du congrès pour la citoyenneté afin de se donner l’instrument de l’exercice de notre citoyenneté. Le pays traverse et affronte un moment décisif de son Histoire», insistent-ils.
La déclaration définit également les principes et les objectifs autour desquels doit s’articuler le prochain travail. Il s’agit de quatre grand axes : «Pour une Algérie libre et démocratique», «Un Etat civil», «Un Etat de droit» et «Etat social». (El Watan)
1-Ali Brahimi, né en 1957 dans l'ex-commune mixte de M'chedallah en Kabylie, est un homme politique algérien de la génération des acteurs du Printemps berbère de 1980. Issu de la gauche berbéro marxiste du milieu des années soixante dix, il rejoint le FFS (socialiste) à l'ouverture démocratique de 1989 avant de le quitter pour cause de divergence sur le contrat de Rome. Il adhérera au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, laïc) en 1998.
Élu député à l'Assemblée populaire nationale sur la liste du RCD de la wilaya de Bouira en 2007, Ali Brahimi qui s'est présenté sur la liste ANR n'a pas réussi à se faire réélire en 2012.
2- Salah Belmekki, médecin psychiatre.
Il combat Rachad issu de la mouvance du Front islamique du Salut : « Rachad est une ONG organiquement mal connue, sauf qu’elle dispose de réseaux internationaux. Elle est la partie émergée de l’iceberg qui cultive un discours assez policé pour être fréquentable. Elle aurait été un avatar tardif de la décennie noire et ce que subsistait encore du contrat Sant’Egidio, si ce n’était la constance du soutien des défenseurs des droits de l’homme, d’une partie des socialistes et de quelques universitaires ; un ensemble composite dont l’une des fonctions sert à bloquer le débat politique sur la démocratie et culpabiliser les acteurs qui s’inscrivent radicalement contre ce courant politique. »
(Dessin: Ligue de l'Enseignement, France)