El Watan, 2 décembre 2020
Ouverture du capital des banques publiques : Le gouvernement franchit le pas
SAID RABIA
"L’ouverture du capital de deux banques publiques aura lieu courant 2021 à travers la Bourse d’Alger, dans le cadre des réformes gouvernementales du système financier national, a indiqué, hier à Alger, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane. La réforme bancaire est l’une des priorités du gouvernement, a ajouté le ministre des Finances, en annonçant que «tout un programme est finalisé dans ce cadre». L’annonce a été faite hier par le ministre des Finances, Aymane Benabderrahmane, à l’occasion de l’inauguration d’une agence de CNEP-Banque dédiée à la finance islamique.
Lors d’un point de presse en marge de l’inauguration de la première agence CNEP-Banque dédiée exclusivement à la finance islamique, le ministre a fait savoir que «l’ouverture du capital de deux premières banques publiques se fera courant 2021 à travers la Bourse d’Alger», sans dévoiler l’identité des deux banques, rapporte l’APS.
[...] cette réforme passe par l’implémentation d’un nouveau mode de gouvernance au niveau des banques publiques, à savoir «un dispositif permettant le financement pérenne et efficace de l’économie nationale en sortant du carcan du financement de l’import-import pour aller vers le financement des projets productifs pour accompagner les PME et les start-up».
La réforme financière, en général, et l’ouverture du capital des banques publiques en particulier, était envisagée depuis longtemps, mais ce n’est que depuis la fin de l’été dernier que l’idée a pris forme et tend à se concrétiser sur le terrain de la réalité aujourd’hui. Aymane Benabderrahmane affirmait, il y a quelques mois, que la question n’est plus un tabou.
Tous les experts l’ont constaté : le système financier est dépassé par les événements. Il était donc temps de le sortir d’une gouvernance qui n’obéit pas aux règles de la finance, pour coller aux mutations en cours.
«Décarcasser le secteur»
C’est forcé que le gouvernement a pris la décision de décarcasser un secteur bloqué par la bureaucratie qui empêche le développement de l’économie nationale.
Il faut dire aussi que la décision intervient à un moment où les ressources financières du pays se sont réduites considérablement, y compris dans les banques. Faire appel aux capitaux privés est l’un des leviers sur lequel compte le gouvernement pour financer l’investissement.
Dans une récente déclaration à la presse, l’ancien directeur de la dette extérieure à la Banque d’Algérie, Rachid Sekak plaidait pour une ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) et de la Banque de développement local (BDL).
«Ces deux banques sont déjà les plus exposées à la concurrence du secteur privé», avait-t-il estimé en soulignant qu’une telle privatisation «permettra d’alimenter la Bourse, dont la profondeur est actuellement ridiculement faible».
De plus, le premier responsable des Finances a indiqué que des bureaux de banques publiques algériennes seront ouverts à l’étranger (en Europe), dès le début de l’année prochaine, puis suivront d’autres bureaux bancaires en Afrique courant 2021.
Concernant la question sur l’intérêt des bureaux de change, le ministre a fait savoir que ces bureaux à travers l’ensemble des pays dans le monde sont destinés aux non-résidents.
«Il faut qu’on comprenne que les bureaux de change dans ces pays sont destinés aux flux de touristes et non à leurs propres citoyens», a-t-il expliqué, précisant que la réglementation pour les bureaux de change existe en Algérie depuis les années 90’, sachant que la Banque d’Algérie a délivré un grand nombre d’agréments, mais seule une cinquantaine est en cours d’utilisation au niveau des grands établissements hôteliers notamment.
Concernant l’absence des notes de conjoncture de la Banque d’Algérie depuis 2018, M. Benabderrahmane a expliqué que la conjoncture actuelle rend difficiles les projections de la Banque.
«Aucune note de conjoncture ne peut se projeter sur un espace temporel d’une semaine», a-t-il argué en rappelant que la crise sanitaire a mis toutes les économies du monde dans le rouge et que leurs indicateurs actuels sont devenus approximatifs du fait des incertitudes entourant l’évolution de la situation pandémique.
Interrogé quant à l’apport de la finance islamique pour capter les fonds du marché parallèle, le ministre des Finances a rappelé que «l’émergence du marché parallèle a été le résultat de l’absence de confiance et d’une bureaucratie ayant impacté les opérateurs et les investisseurs».
Ainsi, selon lui, «outre les réformes sectorielles en cours, et pour vulgariser la culture financière auprès du citoyen, les autorités financières du pays vont organiser, lors de la ‘‘Journée arabe de l’inclusion financière’’ en avril, plusieurs activités permettant au citoyen de se rapprocher plus du milieu financier et des banques».