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5 novembre 2020 4 05 /11 /novembre /2020 07:05

El Watan

JEUDI, 05 NOVEMBRE, 2020

Maladie du président et Constitution adoptée à un très faible taux : L’Algérie dans l’incertitude

Pour un premier «test» du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, actuellement hospitalisé en Allemagne, qui a fait de cette nouvelle Constitution la pierre angulaire de son projet de «l’Algérie nouvelle», c’est la désillusion.

Le référendum pour la Constitution de ce dimanche 1er novembre n’a attiré que 23,72% des électeurs, soit moins du quart des inscrits. Avec les 3 355 518 de «oui», le texte a été finalement adopté par seulement 13,70% du corps électoral.

C’est les plus faibles taux de participation et de votants par «oui» enregistrés dans l’histoire du pays. Pour un premier «test» du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, actuellement hospitalisé en Allemagne, qui a fait de cette nouvelle Constitution la pierre angulaire de son projet de «l’Algérie nouvelle», c’est la désillusion.

Certains responsables, à l’image du président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, ou des cadres de partis politiques ayant soutenu le processus ont tenté de donner des explications, s’articulant essentiellement autour de la crise sanitaire, pour justifier ce «désaveu». Mais les chiffres sont tellement bas que leur entreprise s’avère inopérante.

Quelles qu’en soient les raisons, c’est ce projet cher au chef de l’Etat, donc, qui en prend un coup. Bien évidemment, techniquement et légalement, rien ne peut empêcher sa mise en œuvre, mais sur le plan de la légitimité politique, tant recherchée en ce moment, que vaut une Loi fondamentale du pays votée par seulement 13,70% des électeurs ?

 

Elu au mois de décembre dernier, avec un taux de participation de 39,88% et dans un contexte particulier, alors que les manifestations du hirak battaient leur plein, Tebboune avait grandement besoin d’un «test» qui comblerait ce «déficit» en légitimité (le taux de participation, faible pour une élection présidentielle, avait également été jugé au moment des faits comme un désaveu).

Comme se fut le cas pour l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, qui après son élection en avril 1999, lors d’un rendez-vous marqué par le retrait de tous les autres candidats, a organisé, au mois de septembre de la même année, le référendum sur la concorde civile qui avait obtenu un taux de participation de près de 85%. Les choses se sont passées donc autrement pour l’actuel locataire d’El Mouradia.

 

Une base sociale du régime qui se rétrécit

Pourtant, les autorités ont mis le paquet pour ce rendez-vous électoral. Mobilisation des medias télévisuels, pratiquement à sens unique (les partisans du boycott et même ceux qui ont appelé à voter «non» étaient interdits d’antenne), implication du gouvernement et organisation de dizaines de meetings, animés par les partis FLN et RND, de l’UGTA et d’organisations dites de la société civile (Croissant-Rouge algérien (CRA), Scouts musulmans…), tout a été mis en œuvre pour convaincre, du moins une partie des Algériens à se diriger vers les centres de vote le 1er novembre. Finalement, cela n’a pas suffi pour avoir un taux de participation «acceptable».

Cette base sociale traditionnelle du régime, disqualifiée par les Algériens, n’arrive plus, semble-t-il, à mobiliser, comme elle avait l’habitude de le faire par le passé. Le régime a-t-il fait une erreur en comptant sur cette même «clientèle» ?

Ou n’avait-il pas le choix, tout simplement, en optant pour une feuille de route unilatérale rejetée par le hirak, tout comme par la classe politique de l’opposition ?

Il faut noter qu’en plus des activistes, militants et formations politiques réunies autour du PAD (Pacte de l’alternative démocratique) et même en dehors, qui ont appelé au boycott de ce référendum, il y a les partis islamistes, MSP et Adala principalement, qui ont opté pour le «non». C’est dans ce contexte, marqué également par des arrestations de militants et d’activistes, que ce référendum a eu lieu.

Donc, au-delà du contenu, certains, comme les islamistes, ayant exprimé des réserves sur les aspects liés à l’identité, d’autres par rapport aux pouvoirs renforcés du Président dans cette Constitution, beaucoup ont remis en cause le processus en soi.

Même la manière avec laquelle le texte a été préparé, n’ayant pas été soumis au débat que peu de temps avant le début de la campagne électorale, a été critiquée. Dans tous les cas de figure, ce faible taux de participation n’arrange sûrement pas les affaires du chef de l’Etat, qui aurait certainement voulu donner de la légitimité à son projet phare.

Qu’en sera-t-il pour la suite des événements ? Cette situation, pour le moins inédite, plonge le pays dans une ère d’incertitude. Une Constitution adoptée avec un taux de participation de 23,72% ouvre la voie à toutes les suppositions sur le plan politique en matière de conséquences.

Le président de la République va-t-il poursuivre sa feuille de route, normalement, malgré ce désaveu, avec l’organisation, à brèves échéances, des élections, locales et législatives

Possible. Mais ce serait prendre le risque que le fossé, déjà trop grand entre gouvernants et gouvernés, ne se creuse davantage. »

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