Verdict le 13 octobre
Un public nombreux était présent ce 15 septembre pour soutenir notre combat contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie devant la Cour d’Appel de Nîmes.
Après que la Présidente eut rappelé les termes de la plainte que j’avais déposée contre le site d’extrême-droite Riposte Laïque et avant les réquisitions du ministère public, les plaidoiries de mon avocate Maître Khadija Aoudia et de l’avocat de la défense, je fus appelé à la barre pour expliciter ma démarche.
Voici l’essentiel de ma déclaration :
« C’est la première fois que je fais appel à la justice pour injures, diffamation et menaces. Pourtant en quelque trente années de mandats électifs, j’ai souvent été injurié, diffamé et parfois menacé, mais j’ai toujours traité ces actes avec mépris, me limitant à rétablir la vérité lorsque j’étais diffamé.
Pourquoi cette fois-ci avoir déposé plainte ?
En premier lieu parce que les propos tenus à mon égard l’ont été à l’issue d’une manifestation de parents à Beaucaire qui protestaient contre la suppression des repas de substitution dans les cantines scolaires par le Maire lepéniste. Cette décision m’est apparue d’une particulière gravité car elle constitue un dévoiement du principe de laïcité; elle porte atteinte à la liberté de conscience des familles juives et musulmanes et présente un danger pour la santé des enfants.
Je suis athée et je respecte les religions. Mieux, je m’efforce de dialoguer avec elles. Les religions sont en effet, à mes yeux, non pas d’essence divine, mais des créations humaines, des recherches de sens sur la vie et la mort et des ensembles de règles morales que se donnent les croyants. Elles sont de ce fait porteuses de valeurs que je peux ne pas partager, mais qui sont dignes d’intérêt.
Toutes ont à un moment de leur histoire, été manipulées et utilisées par les humains à des fins qui n’avaient que peu de rapport avec elles.
La laïcité à la française est le droit de croire ou de ne pas croire et d’exprimer sa foi y compris en public.
La seconde raison tient au contexte actuel de montée inquiétante dans notre pays, du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie et de l’islamophobie dans des formes parfois d’une extrême violence.
Cette audience se tient alors que se poursuit à Paris le procès de l’effroyable tuerie de Charlie hebdo en janvier 2015. Ce n’est pas l’Islam qui est responsable de cette tuerie mais les hommes et les femmes qui l’ont perpétrée. Ce sont eux qu’il faut juger et non condamner l’Islam que souvent ils méconnaissent ou dont ils ont une interprétation erronée.
Le Gard et les Cévennes gardent en mémoire la cruauté des guerres de religions, et le descendant que je suis des Chouans des Deux-Sèvres et de Vendée connait le prix de l’intolérance antireligieuse.
La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme – créée en 1947 par René Cassin – note dans son rapport annuel pour l’année 2018, une « hausse globale des actes racistes déclarés aux forces de l’ordre ». La Délégation Interministérielle de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, précise : « S’agissant des faits à caractère raciste et xénophobe, ils ont augmenté en 2019 avec 1 142 faits comptabilisés contre 496 en 2018 ». Selon un sondage réalisé en août-septembre 2019 par l’IFOP pour la Délégation Interministérielle et la Fondation Jean Jaurès, 7% de nos compatriotes musulmans ont été agressés physiquement au moins une fois dans leur existence contre 3% pour le reste de la population.
J’ai confiance en la justice de mon pays pour contribuer à stopper cet engrenage mortifère de la haine. »
Maître Aoudia, au cours d’une brillante plaidoirie demanda la confirmation de la condamnation prononcée en première instance contre l’accusée dont l’avocat parisien dans une défense laborieuse ne fit que confirmer le caractère injurieux, diffamatoire et menaçant des propos tenus à mon encontre.
Verdict le 13 octobre.
Libérez Rolland Veuillet
Incarcéré depuis 4 mois pour avoir manifesté. Mardi 29 septembre à 8h.30 pour son procès, soyons nombreux à dénoncer la criminalisation du mouvement social.