El MOUDJAHID Quotidien national d'information
jeudi 11 juin 2020
« L’article ci-après du très officiel quotidien El Moudjahid fait état du soutien de la hiérarchie militaire algérienne et de sa revue El Djeich au projet de révision de la Constitution qui propose d'autoriser l’ANP (Armée Nationale Populaire) à intervenir hors des frontières. Cette proposition est une remise en cause fondamentale de la politique extérieure traditionnelle de l’Algérie.» Bernard DESCHAMPS
« La revue El Djeich est revenue, dans son dernier numéro, sur l’avant-projet de Constitution, qui prévoit dans l’article 95, la constitutionnalisation de l’intervention de l’Armée nationale populaire (ANP) hors des frontières du pays.
«L’article 95 alinéa 3 de la nouvelle Constitution algérienne fixe les conditions et le cadre permettant au président de la République, chef suprême des forces armées et ministre de la Défense nationale, après approbation des deux tiers du Parlement, d’engager des forces armées à l’étranger». L’éditorial intitulé : «Des changements dictés par les mutations», a été consacré à cette question qui a suscité une grande polémique. En effet, El Djeich soutient que «la proposition de participation de l'Armée nationale populaire (ANP) aux opérations de maintien de la paix en dehors des frontières nationales, inscrite dans la mouture du projet d'amendement de la Constitution, est pleinement conforme à la politique étrangère de l'Algérie, qui repose sur des principes fermes et immuables, à savoir le rejet du recours à la guerre, et prône la paix, la non-ingérence dans les affaires internes des Etats ainsi que la résolution des conflits et des différends internationaux par des voies pacifiques, conformément à la légalité internationale représentée par les instances internationales et régionales», a indiqué l’éditorialiste.
Une position motivée par le fait que «la sécurité de notre pays, qui transcende nos frontières géographiques nationales, exige, à la lumière de la conjoncture régionale actuelle et ce qu'elle sous-tend comme mutations et changements, le renforcement de la protection de la sécurité et de la stabilité de notre patrie». L’ANP a précisé, en ce sens, que la participation aux opérations de maintien de la paix et de préservation de la sécurité n'est pas un fait nouveau pour notre pays, «mais elle est de nature à contribuer à l'instauration de la paix et de la sécurité, particulièrement sur le continent africain, théâtre du plus grand nombre de conflits dans le monde et du déploiement, également du plus grand nombre de missions de maintien de la paix des Nations unies et de l'Union africaine, dans des pays minés par les conflits et les guerres», a-t-il encore expliqué. La quête d'édification de l'Algérie nouvelle, fondée sur le recours à la volonté populaire, conformément aux principes démocratiques «est assurément le contenu de la proposition de la mouture modifiée de la Constitution, qui stipule que la décision d'envoi d'unités de l'ANP en dehors de nos frontières par le président de la République, en tant que chef suprême des forces armées, ne sera entérinée qu'après approbation des deux tiers des deux chambres du Parlement», a fait savoir l’éditorialiste. La mouture portant projet d'amendement constitutionnel, soumise par le Président Abdelmadjid Tebboune au débat public pour enrichissement, «marque le lancement de réformes globales dans le cadre de plusieurs ateliers établissant les fondements d'une Algérie nouvelle», a-t-il ajouté.
L’ANP a relevé d’importantes propositions dans cette mouture et des nouveautés remarquables sur le plan constitutionnel dans de nombreux domaines. «Il reste que la proposition de conférer un cachet constitutionnel à la participation de l'Algérie aux opérations de maintien de la paix sous les auspices des Nations unies, de l'Union africaine ou de la Ligue des Etats arabes, a pris la part du lion dans les discussions».
L’éditorialiste est revenu également sur les mauvaises interprétations de cette nouvelle disposition dans le projet de loi. «S'il est indéniable que de larges secteurs de la société aient favorablement accueilli le contenu de cet amendement et fait une lecture sereine et juste de ses fondements et de sa portée, en y apportant des propositions et des idées constructives, certains parmi ceux qui ont pris l'habitude de frayer en eaux troubles, ont tenté de sortir le débat de son contexte réel et choisi délibérément, comme à l'accoutumée, de distiller de la désinformation et des idées empoisonnées, qui n'ont rien à voir avec la vérité, dans le but de diaboliser toute entreprise sérieuse de l'Etat, en adéquation avec les exigences des changements qui s'opèrent dans tous les domaines», a-t-il noté.
Souveraineté nationale
«Nulle crainte donc pour le présent et le futur de l'Algérie, rassure l’éditorialiste, sous l'égide de ce peuple conscient de l'intérêt suprême de sa patrie et nulle crainte pour l'Algérie sous les auspices d'un président de la République issu d'un glorieux peuple et d'une terre sainte et pas de crainte également pour l'Algérie sous l'égide de cette ANP qui respire son pays et dont le cœur bat pour chaque pouce de sa terre sacrée».
Le peuple algérien, à travers tout le territoire national et partout dans le monde, «est pleinement conscient que l'ANP demeurera un bouclier solide et une force de dissuasion contre toute menace qui pourrait affecter la sécurité, la paix et la souveraineté de notre pays, comme elle restera fidèle aux principes et aux valeurs de la glorieuse Révolution de Novembre». La revue, outre l’avant-projet de révision de la Constitution, a publié plusieurs contributions sur notamment la participation des forces armées algériennes au maintien de l’ordre, rappelant que la première participation des unités de l’ANP hors de nos frontières a eu lieu durant les guerres arabo-israéliennes en 1967 et 1973. «La participation de notre armée hors des frontières ne veut nullement signifier faire partie des coalitions militaires dirigées contre un Etat spécifique ou devenir le gendarme du monde, mais plutôt se tenir en permanence pour défendre la souveraineté nationale et les intérêts de l’Algérie», lit-on dans l’article.
Pour rappel, le général major Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP par intérim, a hautement valorisé le contenu de la mouture du projet de révision constitutionnelle, soumis au débat par la présidence de la République «tant en ce qui concerne la possibilité d’intervention de l’ANP en dehors des frontières nationales que de l’équilibre des pouvoirs, des libertés individuelles et des droits de l’homme», a-t-il déclaré dans une allocution à l’occasion de la visite du Président de la République au siège du ministère de la Défense nationale.
Neïla Benrahal