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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 14:47

Le Soir DZ

18 mars 2020

MESSAGE DE ABDELMADJID TEBBOUNE À LA NATION

Situation grave mais encore maîtrisable

Algérie s’isole du reste du monde. Les frontières terrestres seront désormais fermées. Aucun avion transportant des passagers n’atterrira ni décollera des aéroports. Le trafic maritime est également suspendu. Le président de la République annonce douze mesures pour circonscrire la propagation du coronavirus. Abdelmadjid Tebboune s’est adressé, hier mardi, à la Nation, considérant que la situation sanitaire était désormais une question de sécurité nationale.

Nawal Imès - Alger (Le Soir) - L’Algérie prend des mesures draconiennes pour éviter les situations dramatiques que vivent certains pays européens. C’est le président de la République qui les a annoncées, hier, dans un discours télévisé. Abdelmadjid Tebboune annonce la mise en place de douze mesures applicables dans l’immédiat. Plus question de trafic aérien ni maritime ni encore moins de circulation de personnes au niveau des frontières terrestres.

L’Algérie se barricade en suspendant le trafic aérien. Plus aucun avion ne quittera le sol algérien ni n’y atterrira à l’exception de ceux transportant de la marchandise. Les liaisons maritimes sont également suspendues, à l’exception des bateaux transportant la marchandise.

Au niveau des frontières terrestres, plus de circulation possible pour les personnes, sauf exception. L’Algérie sera ainsi totalement isolée pour éviter l’importation de nouveaux cas de coronavirus.

Au plan interne, l’ensemble des moyens de transport des voyageurs seront régulièrement stérilisés avec les moyens nécessaires. La mesure concerne également les gares routières et ferroviaires. Désormais, tous les rassemblements ou marches quel que soit le motif, seront interdits.

Le président de la République annonce la fermeture de tous les lieux suspectés d’être infectés. Pour sauvegarder les réserves nationales en produits stratégiques, aucune opération d’exportation ne sera autorisée, alors que les mosquées demeureront fermées suite à une fetwa émise par des exégètes algériens.

Usant d’un ton menaçant à l’égard de ceux qui font dans la spéculation ou tentent de créer un état de pénurie, Tebboune annonce une lutte sans merci contre ces pratiques, et des sanctions à l’encontre de leurs auteurs. Même ton adopté pour évoquer ceux qui propagent de fausses informations dans le but de semer la panique au sein de la population.

Les auteurs des fake news s’exposent à des poursuites. Se voulant rassurant, le président de la République a longuement évoqué les moyens mis en place pour faire face à la situation épidémiologique, à l’instar de l’augmentation du nombre de lits de réanimation et le lancement d’une large campagne de sensibilisation.

 

Des moyens supplémentaires mobilisés

S’il reconnaît que le coronavirus a créé une situation tragique, le président de la République assure que le gouvernement avait pris et prend encore des mesures devant permettre de limiter sa propagation. Si le pays devait passer au stade 3 selon les normes de l’OMS, des moyens supplémentaires seront en mesure d’être mobilisés. Des structures de l’armée, des espaces commerciaux pourraient servir de lieux de confinement.

Actuellement, le pays dispose d’un stock de 15 millions de masques, en attendant la réception de 54 millions autres prochainement. 6000 kits de prélèvement sont également disponibles et 15 000 autres seront bientôt reçus. Tebboune affirme que les structures de santé disposent de 1 500 lits de réanimation. Une capacité pouvant être portée à 6 000 si besoin. Les respirateurs mis à la disposition des professionnels de la santé sont, quant à eux, au nombre de 6 000.

Rassurant, Tebboune affirme que la situation était « sous contrôle », demandant aux Algériens d’éviter de faire des stocks de produits alimentaires. Il en appelle au civisme et au strict respect des mesures mises en place sans lequel aucun plan de prévention ne pourrait être efficace. Il est demandé aux Algériens d’être disciplinés et de faire certains sacrifices, même au détriment de leurs libertés individuelles. Il s’agit, selon Tebboune, d’une « question de sécurité nationale » nécessitant un suivi « heure par heure » et ayant conduit à la prise prématurée de plusieurs décisions, à l’instar de la dotation d’une enveloppe financière pour faire face à la crise et la fermeture des écoles et des universités. Tebboune rassure les Algériens qui peuvent compter sur « un État fort » et « conscient » de la sensibilité de la situation et qui reste à l’écoute des préoccupations des citoyens qui devront sacrifier certaines de leurs habitudes pour la sécurité de tous.

N. I.

L’Algérie n’y est pas préparée

Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Au-delà de la catastrophe au plan sanitaire que connaissent plusieurs pays, c’est une véritable récession qui s’installe. Consultant en énergie renouvelable, Tewfik Hasni estime que la dimension de ce « krach » n’a aucun précédent et ne sera pas sans conséquence sur l’Algérie, totalement dépendante de la rente pétrolière.

Des changements géopolitiques « importants » sont attendus, estime l’invité de la rédaction de la Chaîne 3 de la Radio nationale pour qui le passage à la quatrième révolution signera « la fin du pétrole », et le passage au transport électrique qui n’est plus une simple vue de l’esprit. Inutile, dit-il, de tabler sur l’augmentation des prix du baril de pétrole. Ce dernier ne dépassera pas les 50 dollars même à l’horizon 2025, ce qui nécessite, dit-il, de sortir de cette sorte de ce cercle vicieux en cessant les subventions aux énergies fossiles afin d’assurer au renouvelable un avenir en Algérie.

Les bouleversements géopolitiques auxquels l’Algérie ne sera pas à l’abri pourront ,dit-il , être affrontés grâce au « facteur de résilience apporté par le Hirak » qu’il faut optimiser et non pas utiliser pour diviser.

L’heure est grave, estime le consultant pour qui la récession est déjà bel et bien installée, ajoutant que la dimension de ce krach n’avait pas d’exemple dans le passé et dont l’impact sera sans précédent, donnant lieu à des changements majeurs. En aucun cas cette crise ne peut, dit-il, être comparée à celle de 2008 qui était financière et circonscrite aux États-Unis, même si elle a impacté le monde.

La crise d’aujourd’hui n’impacte pas que les places boursières, dit-il, mais le monde réel, économique. « C’est une véritable récession. Une crise totalement différente avec des changements au niveau politique et économique », assure le consultant qui ajoute que le monde d’après sera totalement différent car il signera le début de la quatrième guerre industrielle. Les combats à venir seront essentiellement économiques en utilisant les énergies, notamment les renouvelables. La transition vers ce type d’énergie va s’accélérer et le monde sera en pleine révolution industrielle, celle de l’intelligence artificielle. La rareté des ressources remettra en cause les rapports entre dominés et dominants et amènera, dit-il, des réactions plus fortes des dominés pour arriver à un partage des connaissances.

Quelle placepour l’Algérie dans ce monde qui se dessine ?

T ewfik Hasni estime que les jeunes Algériens ont la capacité de s’approprier la transition vers la révolution industrielle et énergétique mais il faut d’abord aller vers le développement de zones franches pour tester les innovations et surtout lever toutes les contraintes à l’investissement. Si le pays continue à accorder plus de subventions qu’il n’a de ressources c’est, dit-il, la catastrophe assurée.

Commentant les décisions portant sur l’arrêt d’un certain type d’activités pour limiter la propagation du coronavirus, l’expert estime que la seule vraie activité créatrice de richesses en Algérie restait celle de la Sonatrach. Tout le reste, dit-il, est quasiment sans impact sur l’économie.

N. I.

Appels à la trève sanitaire

©Fateh Guidoum / PPAgency

Les appels à une «trêve sanitaire» du mouvement populaire à l’effet de faire face à l’épidémie du coronavirus se multiplient.

M. Kebci - Alger (Le Soir) - C’est ainsi que les membres de la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement (Cnuac) affirment que «face à la grave crise sanitaire mondiale causée par le Covid-19 et la rapide évolution de cette pandémie dans notre pays, conscients et conscientes de l'état dans lequel ce système politique prédateur a placé le système de santé, et en accord avec le collectif de médecins Amana, proposent à leurs concitoyens de suspendre momentanément tout rassemblement et tout particulièrement les marches hebdomadaires des mardi et vendredi».

Une suspension «temporaire» qui, précise la Cnuac dans un communiqué rendu public, hier mardi, «ne constitue en rien un renoncement à la lutte contre un régime qui a détruit la santé publique, nous laissant désarmés face à cette pandémie. Nous devons prendre soin de nous-mêmes, collectivement, puisque ce régime s’en est avéré incapable : malgré la formidable embellie financière des années 2000, un seul centre de virologie est en mesure d’assurer le dépistage des personnes atteintes par le virus sur tout le territoire national». Car pour cette entité de la société civile, «maintenir les marches dans la situation actuelle ne constitue pas un acte de résistance», appelant à «approfondir notre combat par le recours à d’autres formes de luttes, comme par exemple mais sans exclusive : des journées « villes mortes » les mardis et vendredis.

Pour les membres de la Cnuac, «le Hirak, dans son intelligence collective, saura trouver d’autres formes de lutte pacifique et préserver son unité», réitérant leur adhésion totale au mouvement populaire pacifique du 22 février 2019, le Hirak.

Ils rappellent qu’ils continuent de se tenir mobilisés parmi et avec leurs concitoyens en soutenant leur principale revendication, à savoir la rupture avec le système politique en place en faveur d’une transition démocratique. Ils réitèrent également leur appel à la libération de tous les détenu-(e-s) du Hirak, dont la situation est particulièrement précaire, et dont les conditions de détention ne peuvent que favoriser la propagation du virus au sein de la population carcérale et «l’arrêt définitif des pratiques répressives en cours».

M. K.

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commentaires

D
Bernard Deschamps Cette photo est extraordinaire, tant elle est emblématique de la situation actuelle en Algérie. Deux jeunes manifestants, l'un enveloppé dans le drapeau algérien et portant un masque contre le coronavirus. L'autre, portant un foulard palestinien qui témoigne de l'attachement du peuple algérien à la cause palestinienne. En arrière plan, la police dont les interventions brutales se sont multipliées ces derniers temps. Et ces jeunes néanmoins résolus et ne baissant pas la tête.
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