L’héroïsme des femmes palestiniennes
Arrivées en France il y a quelques jours, Amal Khreishe et Samar Hawash, militantes de PWWDS (Association Femmes Travailleuses Palestiniennes) étaient jeudi soir à Nîmes et vendredi à Alès, à l’invitation de France Palestine Solidarité, l’Union Juive pour la Paix, les Femmes en Noir, BDS et la Ligue des Droits de l’Homme.
Avec une dignité et une retenue admirables, elles ont témoigné de la situation des femmes en Palestine occupée par Israël, à Gaza et en Cisjordanie. Situation d’une extrême cruauté. Discriminées, surexploitées, victimes des restrictions d’eau et d’électricité, à la merci des violences policières, nombre d’entre-elles emprisonnées et séparées de leurs enfants…Sans se décourager, elles résistent et luttent à la fois contre l’occupation de leur pays et pour leurs droits encore inférieurs à ceux des hommes en dépit de leur extension par l’Autorité Palestinienne et sans cesse remis en cause par les autorités d’occupation. Elles poursuivent de pair le combat contre l’occupation israélienne et pour les droits des femmes. Samar, pour sa part, nous a apporté de précieuses informations sur les évolutions dans ce domaine du droit palestinien.
J’ai été très ému par cette affirmation de Amar * : « Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des femmes fortes », renouvelant la volonté de leur association d’amplifier la lutte - si nécessaire dans de nouvelles formes - pour un Etat palestinien souverain dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Mesurons bien l’importance de cet engagement au moment même où Trump vient, en contradiction avec le droit international, de proclamer la légalité de l’occupation de la Palestine.
Décidément, « L’avenir est sous les pieds des femmes » !
Un grand merci à Elias pour la qualité de sa traduction de l’arabe.
* Amar nous a dit être Communiste.
100 000 morts passés sous silence
Le journal Midi Libre du 22 novembre fait une large publicité à l’étude publiée par Dominique Reynié sur le bilan des victimes du terrorisme islamique depuis 1979. Il annonce en première page sur quatre colonnes : 167 096 morts. Selon Reynié, les deux pays qui comptent plusieurs dizaines de milliers de morts sont l’Afghanistan et l’Irak. L’Algérie n’est citée que pour mémoire parmi d’autres sans indication chiffrée alors que la décennie noire dans les années 80/90 a fait entre 100 000 et 200 000 morts selon les sources. On ne peut expliquer ce « silence » que par le « qui tue qui » qui avait été lancé par le journal français Libération et qui continue d’être soutenu par les ennemis de l’Algérie, malgré les études les plus sérieuses. Selon Libération, les morts algériens seraient en effet tombés non pas sous les coups du GIA, mais de l’armée algérienne. C’est une inversion des responsabilités. Je ne suis pas surpris qu’elle soit reprise à son compte par le politologue de droite Dominique Reynié.
Terminal Sud, film de Rabah Ameur-Zaïmèche
J’étais curieux de découvrir ce film tourné en Languedoc, et qui a fait l’objet d’une critique élogieuse d’Emile Breton dans l’Humanité.
Je sors de la projection. J’écris donc à chaud. Il est possible que j’aie dans quelques jours, une opinion plus distanciée. Je vous en ferai part.
On reconnait avec plaisir les paysages de la garrigue gardoise et ceux de la Camargue à la fin du film. Mais tout au long jusqu’au dénouement, l’ambiguïté est entretenue : sommes-nous en Algérie ou en France ? C’est évidemment voulu par le réalisateur. J’y reviendrai.
Un bus transportant des personnes dont certaines sont à l’évidence originaires du Maghreb et d’autres européennes, est arrêté par un barrage d’hommes en armes vêtus de treillis militaires. Ce ne sont pas des militaires et ils n’ont pas les attributs traditionnels des terroristes islamiques. On sent que le réalisateur a voulu d’emblée montrer une scène qui pourrait se produire aussi bien en France qu’en Algérie pendant la décennie noire. Il ne stigmatise pas l’islam comme le montrera la suite du film dont certaines scènes – d’obsèques musulmanes notamment – sont empreintes d’humanité et de sérénité. On comprend que le propos de Rabah Ameur-Zaïmeche est de dénoncer le terrorisme quel qu’il soit, en mettant dans la bouche d’un médecin hospitalier d’origine algérienne, la question : « Mais comment en est-on arrivé là ? »
Ce médecin, malgré les menaces et le départ de son épouse qui n’en peut plus, a décidé de rester sur place et de continuer à accomplir ce qu’il considère comme sa mission : soigner. Il sera enlevé par un groupe de « maquisards » (islamistes ?) afin d’opérer leur chef blessé. Il sera par la suite enlevé cette fois par la police et torturé afin de lui faire avouer le nom du blessé qu’il a soigné.
La longue scène de torture est insoutenable. Non par voyeurisme ; Plus que sa dimension physique, c’est le questionneur qui est surtout montré. Glaçant. En tenue militaire avec – les gens de mon âge les auront reconnues – les épaulettes des officiers français pendant la guerre d’Algérie. J’approuve ce choix de l’auteur-réalisateur : rien ne peut justifier la torture. Même à l’égard des pires criminels. Ce qui en l’occurrence, avec ce médecin, n’est pas le cas. Je laisse le soin aux futurs spectateurs de découvrir la fin du film.
Les images de paysages sont magnifiques. Une scène m’a frappé : les visages immobiles, tendus, pensifs des assistants à une cérémonie musulmane. J’avais le sentiment de contempler un tableau du Caravage…J’ai cependant une réserve à formuler : il y a dans ce film davantage d’enlèvements par la police que par les terroristes. Est-ce une concession au « qui tue qui ? »
Allez voir ce film et ensuite peut-être serait-il intéressant que nous organisions une rencontre pour en débattre ?
Bernard DESCHAMPS
23 novembre 2019