Les assassinats perpétrés à la Préfecture de police de Paris, au sein même du dispositif policier, sont d’une extrême gravité et il est urgent de connaître les conditions dans lesquelles ils ont été commis et de prendre les dispositions nécessaires pour s’en prémunir à l’avenir. La police ne manque pas de moyens pour cela. Elle l’a montré en d’autres circonstances. En tout état de cause, cela ne doit en aucune façon servir de prétexte à une stigmatisation des Musulmans où à un appel à la délation. Nous y perdrions notre âme.
Ecoutant le discours de Macron à la télévision, je pensais avoir mal compris. Ce n’était pas possible ! Je consultai le texte écrit de son discours. Voici ce qu’il a déclaré : « Une société de vigilance, voilà ce qu'il nous revient de bâtir. La vigilance, et non le soupçon qui corrode, la vigilance, l'écoute attentive de l'autre, l'éveil raisonnable des consciences : c'est tout simplement savoir repérer à l'école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement avec les lois et les valeurs de la République".
J’avais malheureusement bien entendu. La formule de faux-cul « non le soupçon qui corrode », caractéristique du promoteur du « en même-temps », ne peut nous abuser : le Président de la République appelle les Français, dans un discours officiel, à se transformer en délateurs.
Les petits gestes ? La barbe de mon voisin? Le voile des mamans qui accompagnent un voyage scolaire ? Le tapis de prière de mon ami Fouad? Cet article que des mouchards potentiels vont trouver complaisant ?
Dans le climat actuel d’islamophobie, j’imagine les dégâts que va provoquer cet appel irresponsable du chef de l'Etat aux relents vichystes.
Je suis athée, et j’affirme une nouvelle fois que je me refuse à combattre la foi religieuse quelle qu’elle soit. Je me reconnais dans la pensée de Marx : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. » que l’on réduit trop souvent à cette dernière phrase en faisant abstraction du début du paragraphe.
Les mêmes – parfois de gauche aux côtés de l’extrême-droite - qui dénoncent le port du voile et les prières dans la sphère publique, ne s’insurgent pas contre les processions chrétiennes et la tenue vestimentaire des prêtres et des religieuses qui, pas plus que le voile, ne me gênent. Je suis pour la liberté, et quand en Algérie, où je vais souvent, je croise des jeunes femmes, les unes voilées, les autres cheveux au vent, bras-dessus, bras-dessous, cela me fait chaud au cœur.
Macron dans son mano a mano avec les Le Pen nous prépare une société dangereuse. Résistons !
Bernard DESCHAMPS
09/10/2019