L'analyse du PT (Parti des Travailleurs, trotskiste)
Le projet de loi sur les hydrocarbures et le projet de loi de finances 2020 sont dénoncés unanimement dans tout le pays. « Non au bradage des hydrocarbures », « l’Algérie est une AMANA (legs) vendue par les traîtres » ou encore« loi sur les hydrocarbures et LF* 2020 hypothèquent l’avenir du pays» ; « loi sur les hydrocarbures = crimes contre la nation ».
Le régime et le système qu’il incarne sont en crise. Le régime est dans l’impasse car, après avoir échoué dans toutes ses tentatives de convaincre « politiquement » que l’issue résiderait dans l’élection présidentielle, il n’arrive pas à l’imposer par la force. C’est que sante majorité du peuple, le scrutin présidentiel est synonyme du maintien du régime. C’est pourquoi la mobilisation et le rejet de l’élection présidentielle et du système ne faiblissent pas, ce qui introduit le doute y compris chez ceux qui ont décidé d’y participer. La presse s’interroge sur l’absence d’emballement des candidats et sur « le silence énigmatique » des principaux d’entre eux.
Alors le régime s’affole et fait monter la cadence de la répression, comme l’attestaient à Alger la féroce répression de la 33e mobilisation des étudiants, mardi 8 octobre, marquée par une violence inouïe à l’encontre des manifestants et des journalistes, ainsi que les dizaines d’arrestations.
Le régime panique, il veut aller vite car il sait que le temps joue contre lui. Son instabilité et l’impasse politique dans laquelle il a plongé le pays accentuent la crise économique, qui à son tour « accentue le mécontentement social », s’inquiètent les médias nationaux qui évoquent un « brasier social à venir ».
Ce sont les politiques de ce gouvernement illégitime qui soufflent sur le brasier social. C’est la loi de finances pour 2020 avec sa « rigueur » et sa « rationalité » voulues par Bensalah/Bedoui qui accablera davantage les larges couches de la population. Tandis qu’elle offre tous les avantages aux « investisseurs étrangers », à commencer par la suppression de la règle 51/49 (pour les secteurs dits non stratégiques), qui même si elle n’a pu empêcher totalement le pillage étranger, grâce à son contournement par d’ingénieuses techniques et ruses, l’a néanmoins limité.
De l’aveu même du ministre de l’Énergie, cette loi a été élaborée en concertation avec les « majors du pétrole », c’est-à-dire les plus grandes multinationales pétrolières. Ce qui introduit le doute y compris chez ceux qui ont décidé d’y participer. La presse s’interroge sur l’absence d’emballement des candidats et sur « le silence énigmatique »des principaux d’entre eux.
Pour résumer la loi de finances 2020, les miettes et la misère donc pour la majorité du peuple, les travailleurs et leurs familles, les milliards pour les multinationales.
En réintroduisant le recours à l’endettement extérieur, ce gouvernement, qui prétend être en rupture avec les politiques des gouvernements de l’« Issaba/bande » qui ont bradé l’économie nationale, ose pourtant faire ce que ces derniers n’avaient pas osé.
Pour oser, ce gouvernement ose ! Il annonce des assises pour ce mois de novembre pour élaborer une réforme des retraites, pour faire étudier des propositions de faire reculer l’âge de départ à la retraite à 65 ans au lieu de 60 actuellement, réduire le taux des pensions de 80 % actuellement à 60 %,ramener l’indice de calcul des pensions de 2,5 à 2,3 et la base de calcul des annuités sur les dix (10) dernières années au lieu des cinq (5). Il commence par le projet de loi sur les hydrocarbures, exhumant la loi de Chakib Khellil combattue avec succès par Louisa Hanoune et le Parti des travailleurs !
Justement, Louisa Hanoune est jetée arbitrairement en prison, pour faire taire une voix porteuse de la révolution et du combat contre toute remise en cause de la souveraineté nationale.
Ainsi donc, ce gouvernement, qu’on nous a présenté comme celui des affaires courantes, vient expédier une loi sur les hydrocarbures, pour brader la principale richesse du pays au profit des grands groupes pétroliers internationaux.
De l’aveu même du ministre de l’Énergie, cette loi a été élaborée en concertation avec les« majors du pétrole », c’est-à-dire les plus grandes multinationales pétrolières, française, britannique et américaines pour l’essentiel. Et ils osent parler de souveraineté nationale, d’ingérence étrangère. Peut-on justement parler de préservation de la souveraineté nationale, sans préserver sa souveraineté sur ses richesses ?
D’aucuns s’interrogent : pourquoi un gouvernement censé être celui des affaires courantes s’empresse-t-il de faire adopter une loi aussi sensible ? Maintenant, à quelques mois de l’élection présidentielle qu’il veut tenir à tout prix ? Parce que comme tout le monde l’aura compris et le dit : ce projet de loi est élaboré en relation même avec cette échéance électorale. Carle régime, qui veut se maintenir coûte que coûte, cherche à avoir la caution internationale pour l’organisation de cette pseudo-élection.
Faut-il rappeler que la guerre de libération nationale a été allongée de quatre années pour arracher la souveraineté du pays sur le sud de l’Algérie, où le colonialisme venait de découvrir le pétrole à Hassi Messaoud ?
Le peuple algérien, qui a arraché l’indépendance du pays et la souveraineté de la nation au prix d’un million cinq cents mille martyrs, rejette cette honteuse vente concomitante. Il vient de le dire clairement et nettement dans tout le pays à l’occasion du 34e vendredi de la révolution.
Comment le pouvoir de fait peut-il prétendre défendre la souveraineté nationale, s’opposer à l’ingérence étrangère et pousser à l’adoption d’une loi sur les hydrocarbures qui hypothèque et remet en cause la souveraineté économique du pays ?
En effet, peut-il y avoir de souveraineté politique sans souveraineté économique sur nos ressources et nos richesses ? Peut-on déclarer se refuser à toute ingérence étrangère et accepter qu’une délégation du Congrès américain vienne s’immiscer dans nos affaires politiques internes en ce moment charnière que vit le pays ?
Peut-on se dire souverains et accepter que des experts du FMI viennent séjourner plusieurs jours dans notre pays, accèdent à nos livres de comptes, décortiquent nos finances publiques et toute notre économie pour nous dicter leurs orientations, leurs mesures élaborées aux profits des gouvernements des grandes puissances, de leurs multinationales ?
Alors est-il exagéré de dire que ce régime constitue un véritable danger pour la nation algérienne, car il est le fossoyeur de sa souveraineté ?
C’est parce qu’il défend en toute circonstance la souveraineté nationale que le Parti des travailleurs s’était opposé de toutes ses forces à la loi de privatisation des hydrocarbures de Chakib-Khalil en 2005, qu’il a fait annuler une année plus tard, à la privatisation du complexe El Hadjar et au bradage de toutes les entreprises publiques.
C’est parce qu’il considère qu’il ne peut y avoir de souveraineté nationale sans la souveraineté sur les richesses. Et c’est toujours pour la défense de cette souveraineté qu’il milite pour une Assemblée nationale constituante souveraine, parce que la souveraineté du peuple est garante de la souveraineté nationale, des richesses et des ressources du pays. La souveraineté populaire immunise le pays contre toute intervention étrangère, qu’elle soit américaine, française ou autre. Parce que pour le PT rien n’est supérieur aux intérêts de la nation, aucune loi ni choix politiques ne sont irréversibles, c’est pourquoi il décide de tout mettre en œuvre pour faire avorter cette politique de destruction des bases matérielles de la nation.
Le bureau politique du PT
Alger, 12 octobre 2019
*LF/ Loi de finance (budget de l’Etat)