(Photo Sami K, El Watan)
Les manifestations en Algérie ont franchi une nouvelle étape en ce 8 mars 2019, journée symbolique de lutte pour les droits des femmes. De nouvelles categories sociales comme les avocats; de nouvelles organisations ont appelé à
manifester et, fait sans précédent, l'Organisation des Moudjahidines et des syndicats UGTA jusqu'alors proches de l'Etat. Ce mouvement - jusqu'où ira-t-il ? - évolue dans ses objectifs: c'est le régime lui-même qui désormais est en cause.
Bernard DESCHAMPS
El Watan, quotidien algérien
08 mars 2019
Alger vit aujourd’hui
un moment historique. Des centaines de milliers, voire plus d’un million de manifestants, occupent le centre de la capitale. Une fête pour la liberté.
13h30, à la rue Ben Mehidi à Alger. Des foules nombreuses, venues de la place des martyrs et des autres quartiers du vieux Alger marchent en direction des places Audin et 1er mai. ” Ya Bouteflika pas de 5e mandat, ” Voleurs! Vous avez mangé le pays”, scandent la foule immense, dont de nombreuses femmes, qui défilaient avec les drapeaux algériens.
14hoo, une marée humaine, colorée et joyeuse, envahit la centre d’Alger en criant ” Algérie libre et démocratique”, “Pouvoir assassin”. Les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : ” le peuple veut la chute du régime” ou ” pour le départ du système politique”. Le premier ministre Ahmed Ouyahia a eu sa sa part d’insultes de la part des Algérois qui l’ont qualifié de voleur et de tous les noms d’oiseaux.
A 15 heure, la place du 1er mai est noire de monde et les manifestants continuent d’affluer des rue Belouizdad et d’Hussein Dey et des autres quartiers de l’est d’Alger.
A l’heure où nous mettons en ligne, les processions interminables de manifestants continuent d’affluer vers le centre de la ville, sous les youyous lancés par des dizaines de milliers d’Algéroises.
L’Algérie vit au rythme d’une contestation populaire sans précédent, depuis l’annonce de la candidature du président sortant Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat. Les revendications qui portaient au départ sur le rejet de la candidature de Bouteflika ont évolué au fil des manifestations, pour réclamer le changement du régime politique.
El Watan