Antisémitisme

J’ai participé le 19 février au rassemblement de Nîmes initié par 27 partis politiques et associations à l’exclusion des partis d’extrême-droite.

J’avais décidé d’y être pour condamner l’antisémitisme et tous les racismes, bien que l’appel ne concerna que l’antisémitisme. Je n’ai pas quitté la manifestation quand la LICRA prit la parole, alors que l’on connait son hostilité à l'égard de la Palestine. En effet, pour moi, l’urgence du moment était d’affirmer sans ambiguïté notre condamnation des insultes antisémites et des profanations de tombes.

Je n’en suis que plus à l’aise pour dénoncer l’exploitation politicienne qui en est faite.

Rien ne doit amoindrir notre condamnation de l’antisémitisme qui connait une inquiétante recrudescence : les actes antisémites ont progressé de 74% en 2018 (541 recensés contre 311 en 2017). Les croix gammées sur les tombes du cimetière juif d’Herrlisheim (Bas Rhin) qui nous rappellent des temps que nous croyions révolus, nous révulsent et nous indignent. La personnalité – à juste titre contreversée -  de Finkielkraut ne doit pas conduire à minimiser les insultes dont il a été l’objet. L’antisémitisme n’est pas une opinion c’est un délit.

Au même titre que le racisme. Tous les racismes. Rien ne justifiera jamais la haine de l’autre supposé porteur de tous les maux en raison de ses origines, de sa religion, de la couleur de sa peau. Or, les porte-voix (j’allais écrire les porte-flingues) du pouvoir macronien, les médias inféodés à la finance et les partis d’extrême-droite se sont aussitôt emparés de ces actes antisémites pour calomnier les immigrés, l’Islam, les Palestiniens et les Gilets jaunes, avec cet argument selon lequel nous aurions affaire à un « nouvel antisémitisme » Ce qui d’une certaine façon dédouane les meurtriers de Brahim Bouarram jeté à la Seine le 1^er mai 1995 par des participants à une manifestation du Front National et beaucoup d’autres faits tragiques antérieurs.

Les historiens Nicolas Bancel et Pascal Blanchard entre autres font remarquer que l'antisémitisme des années trente est recyclé « dans une incroyable perversion » contre les musulmans, arabes ou noirs, accusés d'œuvrer pour un prétendu grand remplacement. La lutte contre l'antisémitisme elle-même est utilisée par certains dans un refus de la France multiculturelle dans un « curieux retournement de l'histoire ». Il est en effet tout à fait significatif que la pseudo théorie du  « grand remplacement » qui stigmatise les Musulmans ait pris naissance avec le soi-disant « Protocole des Sages de Sion » attribué frauduleusement aux Juifs.

Nous ne hiérarchisons donc pas notre condamnation de l’antisémitisme et des racismes qui ont fait tant de mal au cours de l’histoire de l’humanité et qui servent aujourd’hui à diviser les victimes du capitalisme mondialisé pourrissant et pourrisseur.

J'attends des médias dominants qu'ils dénoncent avec la même vigueur  la montée de l'islamophobie ainsi que l'agression physique et les insultes subies à Paris lors de la manifestation du 19 février, par deux jeunes Communistes militants de la cause palestinienne, parce qu'ils portaient un keffief.

Bernard DESCHAMPS

23 février 2019