El Watan
17 janvier 2019
Il étend l’accord UE-Maroc au Sahara occidental occupé
La décision abjecte du Parlement européen
Le Front Polisario, agissant au nom du peuple du Sahara occidental, indique qu’il suivra «toutes voies légales pour renverser la décision». Pour le mouvement indépendantiste, cet acte porte un coup non seulement aux défenseurs des droits humains et au droit international, mais aussi au processus de paix conduit par l’ONU que l’UE elle-même prétend défendre.
Le Front Polisario a fermement condamné hier la décision «illégale» et à «courte vue» du Parlement européen qui vise à étendre l’accord commercial UE-Maroc au territoire occupé du Sahara occidental. «Le vote (…) a été pris dans un climat dépourvu de sérieux et de transparence», a souligné le ministre représentant du Front Polisario pour l’Europe, Mohamed Sidati, dans un communiqué adressé à la presse suite au vote du Parlement européen approuvant l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc étendu au Sahara occidental.
«Cet acte porte un coup non seulement aux défenseurs des droits humains et au droit international, mais aussi au processus de paix conduit par l’ONU que l’Union européenne prétend elle-même défendre», a dénoncé le ministre sahraoui. «Nous pressons les Etats membres de l’UE de reconsidérer le vote non obligatoire d’aujourd’hui et de changer de cap immédiatement», a-t-il insisté.
Le responsable sahraoui a souligné, dans ce contexte, qu’après 40 longues années, un «processus de paix crédible conduit par l’ONU est en voie de réalisation», ajoutant que «grâce à la gestion active de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et au leadership des Etats-Unis, il existe enfin une possibilité réelle de s’atteler à la tâche difficile de forger une paix soutenable». Mais, la décision prise aujourd’hui (hier, ndlr) par le Parlement européen vient saper, a-t-il déploré, «ces progrès et préjuge de l’issue des négociations de paix».
«Il est absurde que l’UE nous demande régulièrement d’éviter des pas qui pourraient saper le processus de paix ou préjuger de son issue et qu’elle adopte elle-même, volontairement, une démarche aussi déstabilisante en allant contre les jugements de sa propre cour de justice», a encore dénoncé la diplomate sahraoui, invitant l’UE à développer «une politique cohérente qui soutienne la paix dans notre région». M. Sidati a également, selon l’APS qui rapporte l’information, appelé l’UE «à différer la mise en œuvre de cet accord commercial et, à la place, proposer un plan qui fasse du commerce un encouragement à un accord de paix négocié».
En attendant, le Front Polisario, agissant au nom du peuple du Sahara occidental, envisage, selon M. Sidati, de suivre «toutes voies légales pour renverser la décision d’aujourd’hui», précisant qu’«un défi juridique immédiat contre cet accord» sera engagé par le Front.
«Nous avons une très grande confiance, soutenue par nos conseillers, dans le fait que la décision européenne ne survivra pas à un examen juridique», a-t-il fait savoir, avant de souligner que le Front Polisario «n’hésitera pas à faire respecter le droit international et les droits du peuple sahraoui» et que «l’UE doit maintenant réfléchir à son attitude» à l’égard de cette question. «La paix exige de chacun de jouer un rôle constructif.
L’ONU exerce ses responsabilités, le Conseil de sécurité a émis une position claire, de même que les Etats-Unis et l’Union africaine. Comme partie prenante du processus de paix, le Front Polisario donne une chance réelle aux négociations. Malheureusement, l’Union européenne exerce par cette décision une influence négative vis-à-vis de l’effort collectif international et renforce un statu quo inacceptable», a rappelé M. Sidati.
Patrick Le Hyaric, député communiste français au Parlement européen et directeur du journal l’Humanité a énergiquement dénoncé cette décision.(B.D.)