Sur le chemin de Cabane vieille
Ces rochers qui jalonnent le sentier, déposés par l’homme à l’ombre des mûriers, ont-ils une âme ? Les châtaigniers lourdement chargés de bogues encore vertes se penchent pour les écouter. Et je les entends qui me disent les joies et les peines de celles et de ceux qui depuis des temps immémoriaux empruntent cette voie qui longe le cimetière et conduit à l’Aigoual.
Bergers cheminant au rythme lent du troupeau. Familles éplorées accompagnant un défunt. Voyageurs harassés qui se posent un instant sur ces sièges moussus. Chasseurs à la poursuite d’une harde de sangliers. Ombres furtives qui luttaient pour la foi et la liberté…
Ancrés dans le sol, fouettés par les pluies, immobiles, ils veillent et nous accompagnent.
La nuit, sous la lune, ils prennent des allures fantasmagoriques et l’éclat pâle des lichen scintille sur leurs flancs.
Ils se figent soudain au bruit d’une pierre qui roule sous nos pas et s’inquiètent du frôlement soyeux d’une chauve-souris. Silhouettes improbables d’un monde étrange qui nous attire et nous effraie.
J’aime ainsi rêver en marchant le matin à la pointe du jour ou le soir venu à la tombée de la nuit.