Vendredi à Chusclan
Le ciel, qui était légèrement voilé quand j’ai pris la route, s’est peu à peu dégagé. Dans la campagne exceptionnellement verte après les pluies de ces dernières semaines, les herbes en bordure des fossés ondulaient sous le vent léger qui avait balayé les nuages. Le soleil comme un poignard affûté ciselait les ombres.
Je fréquente cette cave coopérative depuis les années 70 quand ma circonscription de député allait du Grau du Roi à Bagnols sur Cèze en passant par Uzès. Elle produisait alors un rosé célèbre à base de grenache baptisé La cuvée de Marcoule, du nom du site atomique tout proche. Je n’ai pas connaissance que les amateurs qui affectionnaient particulièrement ce divin breuvage aient été irradiés. Les temps ont bien changé, La Cuvée de Marcoule n’existe plus, elle porte désormais tout simplement le nom du village.
Chusclan est un coquet village viticole où de nombreux Marcouliens ont construit leur habitation. Les maisons anciennes ont été bâties avec des galets de la plaine du Rhône qui libèrent la nuit la chaleur solaire emmagasinée le jour, permettant au vignoble de bénéficier de conditions optimales de maturité.
Samedi à Notre-Dame du Suffrage et Saint Dominique
Cette église fut construite en 1963-64 dans le quartier du Chemin Bas d’Avignon à Nîmes afin d’accueillir les Français rapatriés d’Algérie chassés de leur domicile par les tueurs de l’OAS. Ce lieu de culte avait au cours des années subi de graves dégradations qui avaient entraîné sa fermeture. D’importants travaux de rénovation étaient nécessaires. Le bâtiment rénové était inauguré ce matin par l’Evêque de Nîmes en présence des représentants des divers cultes ainsi que de nombreux élus et des autorités administratives. Mes camarades communistes Christian Bastid, Conseiller départemental de ce canton et Denis Lanoy, secrétaire de la section de Nîmes du PCF étaient présents.
Son concepteur, l’architecte nîmois Joseph Massota (1925-1989), m’avait à l’époque indiqué au cours d’une conversation, avoir été inspiré par le Concile Vatican II (1962), qui prônait le dialogue interreligieux ainsi qu’avec les personnes « guidé(e)s par les lumières de la raison » (Pacem in terris, 11 avril 1963). L’Evêque de Nîmes, Mgr. Robert Wattebled, a ce matin, dans ce quartier populaire marqué par le multiculturalisme, opportunément rappelé cette grande ambition du Concile. J’ai l’intention, s’il m’y autorise, de publier intégralement son allocution sur ce blog.
J’ai revu avec émotion la grande nef oblongue comme un navire, sans piliers, éclairée par une multitude de vitraux bleus, jaunes et rouges, à laquelle on accède par un immense escalier dont les marches symbolisent les vagues de la mer.
Bernard DESCHAMPS
16 juin 2018