19 MAI 1978, LES PARAS SAUTENT SUR KOLWEZY
Ma première intervention à l’Assemblée Nationale
(compte-rendu dont j'ai corrigé quelques fautes de
frappe, paru au Journal Officiel)
M. le président. La parole est à M . Bernard Deschamps.
M. Bernard Deschamps. Monsieur le Premier ministre, la semaine dernière, un communiqué du ministère de la défense laissait penser que les troupes françaises d'intervention au Zaïre étaient sur le point de regagner la France. Or, aujourd'hui, il n'est plus question du retour du corps expéditionnaire.
M. Hector Rolland. C'est un point d'interrogation!
M. Bernard Deschamps. Celui-ci procède au contraire à des opérations militaires aux côtés des troupes du général Mobutu, troupes dont la responsabilité est de plus en plus établie clans les crimes commis à Kolwezi. (Protestations sur les bancs de la majorité.) La vérité vous fait peur, messieurs ! (Vives exclamations sur les bancs de la majorité .)
M. le président. Je vous en prie, messieurs, écoutons la question de M. Deschamps.
M. Bernard Deschamps. Cette politique est dangereuse pour la France, monsieur le Premier ministre, et contraire à l'intérêt national : elle accroit l'insécurité des Français résidant au Zaïre. En effet, à mesure que la vérité se fait ,jour, il apparait que les buts humanitaires ont servi de prétexte à une expédition de caractère colonialiste... (Vives protestations sur les bancs de la majorité. -- Applaudissements sur les bancs des communistes. — Bruit.)
M. Henri Ferretti et M. Hector Rolland. C'est un scandale !
M. !e président . Monsieur Deschamps, vous avez la parole pour poser une question et non pour donner vous-même la réponse. Posez donc votre question, je vous. prie.
M. Bernard Deschamps. J'en arrive à la question, monsieur le président. (Exclamations sur les bancs de la majorité.) Mais je termine la phrase que j'avais commencée. , une expédition de caractère colonialiste, disais-je, (Vives protestations sur les mêmes bancs) comme le prouve d'ailleurs, entre autres, le choix du colonel Erulin, tristement célèbre depuis la guerre d'Algérie.
M. Hector Rolland. Et Cuba !
M. Bernard Deschamps . Monsieur le Premier ministre, je vous pose donc la question suivante (Exclamations sur les bancs de la majorité) : quand donc sera rapatrié le corps expéditionnaire français ?
M. Hector Rolland . En l'an 2000 !
M. Bernard Deschamps. Nous proposons, pour notre part, que soit constituée une commission d'enquête parlementaire sur les conditions des interventions militaires françaises en Afrique. (Applaudissements sur les bancs des communistes et sur plusieurs bancs des socialistes.