La nuit dernière, Emmanuel Macron, aux côtés de Donald Trump et de Theresa May, a attaqué militairement la Syrie en envoyant des missiles y compris sur sa capitale Damas.
Ainsi l’histoire se répète. Alors que les conséquences des désastreuses aventures militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye continuent de déstabiliser le Moyen-Orient et l’Afrique, le Président de la République française prend – en notre nom – la lourde responsabilité de renouveler la même criminelle politique au Levant.
Le prétexte invoqué, une utilisation d’armes chimiques par Bachar El Assad dont on n’a toujours pas la preuve qu’elle lui est imputable, ne justifie en aucune façon que des pays s’érigent en justiciers en dehors de tout mandat de l’ONU. On nous a déjà fait le coup avec la soi-disant menace nucléaire par l’Irak, démentie par la suite. L’accepter serait ouvrir la porte au règne de l’arbitraire lourd de menaces pour la paix mondiale.
Ne nous y trompons pas – ne nous laissons pas chloroformer – cette décision n’est pas un caprice de personnalités atteintes de défaillance mentale, ce qui serait déjà grave en soi. Elle s’inscrit dans une visée géostratégique baptisée « Grand Moyen-Orient » élaborée dans les années 70 et reprise à leur compte à partir de 2004 par les « faucons » néoconservateurs qui conseillaient George W Busch. Ce projet vise à remodeler cet espace afin de le placer sous la dépendance des USA et accessoirement des autres puissances occidentales. Cet espace s'étend du Maghreb et de la Mauritanie au Pakistan et à l'Afghanistan, en passant par la Turquie, le Machrek et l'ensemble de la péninsule Arabique.
Mes amis et camarades algériens avec lesquels je m’en suis entretenu hier sont eux-mêmes inquiets pour leur pays qui n’est pas en dehors de ces projets déstabilisateurs depuis la décision de l’OTAN des 28 et 29 juin 2004 à Istanbul.
Les critiques proférées par Macron à Gao au lendemain de son élection et les propos malveillants récents de l’Ambassadeur de France en Algérie s’inscrivent-lls dans ce cadre ?
J’ai publié sur ce blog, il y a quelques jours, l’article de Pierre Barbancey qui alertait sur les risques d’intervention militaire occidentale en Syrie. Ce qui était tout à l’honneur de mon journal l’Humanité. Quel dommage qu’un autre journaliste de l’ Huma, pour une fois invité sur une chaine de télé, ait lui, au contraire, minimisé ce risque.
Bernard DESCHAMPS
Ancien député
14 avril 2018, 9h.36