Ils bougent encore !
Certes, nous avons pris des coups et les médias nous ignorent, mais nous existons et nous agissons. 759 Communes françaises dont 37 de plus de 20 000 habitants sont administrées par des maires communistes. 235 communistes siègent dans les Conseils départementaux et 6 596 dans les Conseils municipaux. L’Assemblée Nationale compte 11 députés communistes et trois siègent au Parlement européen. La France est un des rares pays où paraisse un quotidien communiste, l’Humanité. Et nos 56 795 adhérent(e)s, cette richesse inestimable pétrie de cœur et de raison, répartis dans toute la France et au service de nos concitoyens.
Oui, les Communistes existent et c’est bien ce qui effraie les féodaux de la finance. Et ils sont terriblement remuants. Ils ont décidé, figurez-vous, de se réunir en congrès pour décider comment toujours mieux lutter contre le Veau d’or qui affame les peuples.
C’est un de ces remue-méninges qui se réunissait aujourd’hui à Nîmes au Cercle de l’Avenir Monique Jourdan. L’Avenir ! Quel beau nom pour une assemblée de Communistes !
Nous étions près de 70 venus des Cévennes, de la Vallée du Rhône, de Nîmes, de la Camargue, pour débattre avec la participation de Vincent Bouget, notre secrétaire départemental, de la visée communiste, des luttes contre la politique de Macron, du rassemblement nécessaire pour gagner et changer de politique.
Sept heures d’échanges toujours fraternels par-delà la diversité de nos approches et de nos sensibilités; les plus jeunes, Léa, Hugo, Anne et les autres, nous communiquant leur enthousiasme.
Ma contribution à la réflexion :
« Devons-nous continuer à lutter pour l’avènement d’une société communiste débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme ?
L’implosion de l’Union Soviétique ; la diversité des expériences communistes dans le monde ; l’image que nous renvoient les pays qui se disent communistes, Chine, Corée du Nord, Cuba, Viet Nam…n’invalident-t-elles pas cette visée ? Depuis Marx, le monde a changé, la mondialisation du capitalisme rend-elle utopique l’instauration de sociétés communistes dans les Etats-nations ?
Certes, très majoritairement nos concitoyens partagent cette vue pessimiste ressentie spontanément et que les médias dominants martèlent de façon répétitive.
Comme en toute chose, il faut dépasser les apparences pour atteindre la vérité. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de notre pays que l’avenir parait bouché qui pourtant s’est dégagé quelques années plus tard. Pensons aux Communards de 1871 et à nos grands-parents au lendemain du 10 juillet 1940.
Prenons le problème par une autre entrée : l’organisation capitaliste de la société basée sur l’exploitation de la force de travail considérée comme une marchandise qui, à l’origine, constituait un progrès par rapport à la société féodale est-elle toujours en mesure d’assurer l’avenir de l’humanité ? N’est-elle pas parvenue en fin de course, dans l’incapacité de se régénérer ? A ce stade, le capitalisme – avec la richesse concentrée dans un très petit nombre de mains - n’ouvre-t-il pas la voie aux pires catastrophes, humaines, écologiques...mettant l’humanité à la merci d’une guerre thermonucléaire qui sonnerait le glas de notre planète ?
Claude Mazauric dans un texte récent mettait l’accent sur cette perspective dramatique que Marx déjà avait anticipée et sur laquelle travaillent des chercheurs, je pense entre autres à Anselm Jappe et à son récent ouvrage « La société autophage ».
Parce que ce risque mortifère est réel, l’heure n’est plus aux aménagements à la marge. Il faut impérativement changer de société. Il faut en finir avec l’organisation capitaliste de l’économie et de la société. La visée communiste est plus que jamais posée devant nous comme une urgence vitale. Au risque d’être incompris ?
C’est le rôle des révolutionnaires de bousculer les évidences trompeuses et d’expliquer, expliquer, expliquer en faisant confiance à l’intelligence humaine et en mariant le travail d’explication avec l’organisation de luttes partielles qui permettent non seulement de limiter la malfaisance du capital, mais aussi peu à peu de faire prendre conscience de la force que représente un peuple rassemblé en lutte.
Mais après ? Les expériences communistes n’invalident-elles pas cet objectif ? La Révolution d’Octobre a été profondément marquée par le contexte historique dans lequel elle a eu lieu. Il en fut de même pour la Chine, Cuba, le Viet Nam et autres. Les dirigeants ont eu ou ont également parfois une influence négative sur le cours des choses. Mais il n’y a à cela aucune fatalité. Rien n’est écrit à l’avance et ce qui parait difficile voire impossible aujourd’hui parfois change rapidement. L’histoire connait des accélérations. Et le nombre grandit de celles et de ceux – ils sont la majorité - qui souffrent à en mourir de ce régime et qui ont intérêt au changement. Et l’échelon de l’Etat-nation – même à l’heure de la mondialisation - continue d’être un des plus pertinents pour y parvenir.
La question est aujourd'hui posée, vers quoi débouchera la colère populaire parvenue à son point d’ébullition ? Vers le meilleur ou vers le pire ? Cela dépendra du niveau de conscience politique, d’où la nécessité d’une organisation révolutionnaire, parti ou mouvement.
Ce n’est qu’au prix d’objectifs audacieux que nous susciterons l’intérêt et l’enthousiasme de nos concitoyens et non par des demi-mesures de caractère réformiste.
Nous ne devons donc en aucun cas abandonner la visée communiste. Faisons du dépassement du capitalisme et de l’appropriation collective des moyens de production et d’échanges qui conditionnent notre vie, notre objectif central. »
Bernard DESCHAMPS
Voici le beau texte (1950) de Bertolt Brecht que Michèle Oromi nous a lu en guise de conclusion :
« Nous sommes moins nombreux. Nos mots sont en désordre. Une partie de nos paroles, l’ennemi les a tordues jusqu’à les rendre méconnaissables. Qu’est-ce qui est faux dans ce que nous avons dit, une partie ou bien le tout ? Sur qui pouvons-nous compter ? Sommes-nous des rescapés, rejetés d’un fleuve plein de vie ? Serons-nous dépassés, ne comprenant plus le monde et n’étant plus compris de lui ? Aurons-nous besoin de chance ? Voilà ce que tu demandes. N’attends pas d’autre réponse que la tienne. »