L’Afrique à Monoblet
Du fond de la savane tanzanienne, les battements sourds du tam-tam percent la nuit qui enveloppe la nouvelle salle culturelle de Monoblet. Un bouclier de cuivre suspendu s’éclaire peu à peu tel l’astre solaire au-dessus de l’horizon.
Et, dans un murmure, la voix expressive de Paule Latorre nous parvient qui nous restitue le Rêve de l’antilope, cet animal mythique de la région des Grands Lacs, symbole de beauté, de vitesse et de grâce.
Grâce au dévouement de la rusée antilope achetée à des chasseurs, un mendiant qui vivait sur une décharge et se nourrissait de détritus, va substituer à ses haillons la parure somptueuse d’un sultan et épouser la fille du sultan voisin. Mais alors que pauvre, il avait eu l’intelligence de libérer l’antilope de ses ravisseurs et de lui accorder une large liberté afin qu’elle puisse s’en aller au loin brouter l’herbe fraîche, en devenant riche il va devenir dur et sans cœur et il refusera de soigner la jolie antilope tombée malade. Il en sera puni en se retrouvant au matin au milieu de son tas d’ordures. C’est le rêve que, dans son sommeil, fait l’antilope. C’est une histoire morale qui cependant ne s’arrête pas là. On pourrait penser que l’antilope désormais vaccinée va se défier des mirages. Eh bien, non. Comme au début de son rêve, elle accepte, afin de se libérer de ses ravisseurs, d’être achetée par un mendiant qui a trouvé une pièce d’argent dans la décharge…Tout plutôt que l’absence de liberté ! Quitte à être à nouveau déçue.
C’est bien évidemment une libre interprétation personnelle de ce conte swahili.
La Tanzanie, ancienne colonie allemande puis anglaise, est indépendante depuis 1961. L’actuel président de la République Unie de Tanzanie, M. John Magufuli, dirige le pays depuis 2015 en s’appuyant sur le Parti de la Révolution, le parti de Julius Nyerere, « l’instituteur », le père de l'Indépendance qui avait instauré un régime que l’on peut qualifier de « socialisme africain » inspiré de l’expérience chinoise et qui a évolué vers le multipartisme et un régime où, depuis les privatisations, coexistent un secteur public et un secteur privé. La Tanzanie pratique une politique de paix avec ses voisins. Comme l’antilope, elle est très soucieuse de son indépendance et son gouvernement remet en valeur la culture africaine et les valeurs qu’elle véhicule.
*Ce magnifique équipement culturel a été réalisé par la Commune de Monoblet dont le Maire est M.Philipe Castanon qui, avec son équipe municipale, encourage une intense vie associative.
*Le talentueux percussionniste était Jean-Pierre Julian.
*A l'occasion de cette soirée j'ai eu le plaisir de retrouver Jacques Lin le continuateur de Fernand Deligny.
L’horreur et le courage
Comment dire l’horreur que nous avons éprouvée devant le crime de Trèbes et l’indicible émotion ressentie devant le sacrifice héroïque du lieutenant-colonel Beltrame. Ainsi va le monde en ces temps troublés où les signes d’espoir l’emportent cependant sur la violence et la haine. Les jeunes états-uniens viennent magistralement de le démontrer en organisant la plus grande manifestation pacifique de l’histoire des Etats-Unis contre la politique de Trump. Et les minables et dangereux fachos qui ont agressé brutalement des étudiants à la fac de droit de Montpellier ne sont que les derniers avatars d’un Monde qui cherche sa voie vers le changement. C’est le changement qui triomphera, mais pas sans efforts, ni sacrifices.
Bernard DESCHAMPS
26 mars 2018