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18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 06:28

El Watan

Des photos de Ahed sont placardées sur les murs des maisons dans les Territoires palestiniens occupés. La jeune fille est devenue une icône de la résistance palestinienne à l’occupation israélienne.

Ahed Tamimi, une adolescente palestinienne de 17 ans — arrêtée par des éléments des forces spéciales israéliennes dans la nuit du 18 au 19 décembre dernier pour être apparue sur une vidéo virale sur les réseaux sociaux en train de gifler un de leurs soldats qui se trouvait dans la cour de sa maison, dans le village de Nabi Saleh, près de Ramallah en Cisjordanie occupée — a comparu, hier, devant le tribunal militaire israélien d’Ofer, dans la région de Ramallah.

Le juge militaire qui a pris le soin de faire évacuer la salle dès son arrivée, particulièrement des représentants de la presse, a décidé une nouvelle fois de reporter le procès. Il aura lieu le 11 mars et elle devra répondre de 12 chefs d’inculpation retenus contre elle, dont «coups et gifles infligés à un soldat israélien» le 15 décembre dernier.

Elle est accusée également d’«avoir lancé des pierres contre les soldats israéliens», «proféré des menaces» et «participé à des émeutes». Sur une rare vidéo montrant son arrivée, hier, dans la salle du tribunal, mains et pieds menottés, Ahed arborait, cette fois encore, son petit sourire plein de défi face à la machine d’oppression israélienne.

Un sourire qui ne l’a pas quittée depuis sa première comparution devant le juge militaire, le 1er janvier 2018. Même si elle semblait fatiguée à cause des mauvaises conditions de détention, Ahed a montré encore une fois l’immensité de son courage. Son père et ses cousines ont pu assister à son jugement. Sa mère Nariman Tamimi, une activiste palestinienne de longue date, est également sous les verrous. Elle a été arrêtée le lendemain de l’arrestation de Ahed.

Elle a déjà connu, à plusieurs reprises, ce que c’est la détention dans les prisons israéliennes, après des arrestations pour cause de participation à des manifestations pacifiques de protestation contre l’occupation et l’extension de la colonisation, particulièrement dans sa région du village de Nabi Saleh.  Son père Bassem, lui aussi emprisonné plusieurs fois pour les mêmes motifs que sa femme Nariman, avait déjà été qualifié, en 2012, de prisonnier d’opinion par l’organisation de défense des droits de l’homme, Amnesty International (AI).

Cette même organisation a publié un communiqué le 12 février, dans lequel elle appelle les forces de l’occupation israélienne à libérer «immédiatement» Ahed Tamimi, dont la détention est une tentative désespérée d’intimider les enfants palestiniens qui osent résister à la répression exercée par les forces d’occupation. Pour AI, «rien de ce qu’elle a fait ne peut justifier sa détention prolongée et les longues séances d’interrogatoire agressives qu’elle a été contrainte de subir pendant les deux premières semaines de sa détention».

Symbole de la résistance palestinienne

Amnesty International a dit que l’adolescente palestinienne pourrait écoper de 10 années de prison, si elle est reconnue coupable après le procès, qui devrait durer plusieurs mois, et que sa détention visait à lancer un message à l’adresse de la résistance palestinienne et notamment les jeunes générations.

«En refusant de libérer Ahed Tamimi depuis son arrestation le 19 décembre, les autorités israéliennes ont fait preuve de mépris pour leurs obligations en vertu du droit international de protéger les enfants», a déclaré la directrice adjointe du Moyen-Orient et de l’Afrique, Magdalena Mughrabi.

La détention de Ahed Tamimi, mondialement médiatisée et qui n’a que rajouté à l’embarras des autorités israéliennes, a permis également de braquer les projecteurs sur la situation de centaines d’enfants palestiniens incarcérés dans les geôles israéliennes, en flagrante violation du droit international.

Née dans une famille portant l’ADN de la combativité, Ahed a connu la résistance pacifique depuis des années déjà, bien qu’elle soit jeune. Elle participe depuis des années aux manifestations de protestation contre l’occupation et contre la colonisation menaçant les terres de son village natal, Nabi Saleh, dans la région de Ramallah. Elle a été filmée à plusieurs reprises lors de situations où elle montre un grand courage face à des militaires israéliens surarmés.

En 2012, déjà, la fillette s’était distinguée en brandissant le poing sous le nez de soldats israéliens, des images qui avaient fait le tour du monde et qui lui avaient valu d’être reçue par Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc. L’une des séquences les plus célèbres montre Ahed, en 2015, s’attaquant à un soldat israélien qui tentait d’arrêter son jeune frère alors qu’il avait le bras plâtré.

 

Elle a pu, grâce à l’aide de sa mère et de quelques femmes du village, libérer son frère après avoir malmené le soldat en question. Toutes ces images de cette adolescente aux cheveux blonds et aux yeux verts lui ont valu une haine indescriptible de grands responsables israéliens, qui ont demandé et incité l’armée à l’arrêter.

Fares Chahine

(Photo El Watan)

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