L’Algérie de 2018
Sur une page entière – ce qui est inhabituel - le quotidien Midi Libre a publié le 30 janvier une interview du nouvel ambassadeur d’Algérie en France, M. Abdelkader Mesdoua, à l’occasion de sa venue à Montpellier. Le titre de l’article : « L’Algérie, acteur incontournable » dit bien l’importance de l’Algérie dans les préoccupations de nos concitoyens et la place qu’occupe désormais à nouveau ce pays sur l’échiquier international après avoir surmonté la terrible épreuve de la décennie noire des années 80/90.
Où en est l’Algérie en ce début d’année 2018 ? Sa réalité, comme toujours, est si contrastée, qu’il est parfois difficile à un œil non averti de discerner à travers la profusion des évènements qui s’y déroulent, ce qui fait sens.
Ainsi, par exemple, depuis quelques mois, de puissants mouvements revendicatifs se développent initiés le plus souvent par des « syndicats autonomes » donc distincts du syndicat officiel UGTA. Ces mouvements portent des revendications générales, salaires, emploi, conditions de travail… (les prix à la consommation enregistrés en décembre 2017, comparativement à décembre 2016, ont connu une croissance de 4,9%, selon l’Office national des statistiques (ONS), soit une variation de 0,3% par rapport à novembre 2017.) mais aussi parfois corporatistes comme la revendication par les médecins de la suppression du « service civil » dans des zones défavorisées auquel ils sont tenus en contrepartie de la gratuité de leurs études. Sans se prononcer sur le contenu de ces revendications, l’existence même de ces mouvements très suivis et rarement réprimés, mise à part la bastonnade de la première manifestation des médecins à Alger en décembre, est une preuve de vitalité de la société algérienne.
Parmi ces décisions, la reconnaissance par le chef de l’Etat, de Yennayer le nouvel An berbère qui cette année était le 12 janvier, désormais journée fériée et payée, a été saluée comme une avancée importante.
La presse algérienne a également largement commenté le communiqué du Président Bouteflika en date du 13 janvier, bloquant la privatisation de certains secteurs économiques, décidée 23 décembre dernier par une Charte sur le Partenariat public privé (PPP) signée par le gouvernement algérien, le patronat et la Centrale syndicale UGTA.
Un autre fait est passé presque inaperçu. Plus de 200 chercheurs algériens établis à l’étranger et travaillant dans d’importantes entreprises de haute technologie, sont revenus en Algérie dans le cadre du projet «Alger Smart ville» initié par la wilaya (préfecture) d’Alger. Parmi ces compétences qui reviennent au pays, figurent notamment le Dr Noureddine Taibi et le Pr Riad Hartani, diplômés de l’Ecole nationale polytechnique.
L’Algérie qui s’est convertie à l’économie de marché après le décès du Président Boumediene - ce dont profite une nouvelle bourgeoisie nationale - continue donc néanmoins de maintenir un important secteur public – voire à l’étendre en reprenant le contrôle de certaines entreprises comme l’usine sidérurgique d’El Hadjar qui avait été cédée à Arcelor Mittal. Et elle confirme son engagement en faveur de la consolidation de la démocratie.
Un aspect de sa politique demeure constant : sa politique étrangère de respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de non-intervention dans leurs affaires intérieures et de recherche de la Paix dans le Monde. Tout en prenant les dispositions politiques et militaires indispensables pour protéger ses 6 343 km de frontières où des menaces se précisent.
Bernard DESCHAMPS
03/02/2018