Shuhada street
Ils sont jeunes. Sherin Eitedal a 22 ans, Murad Amro, 29. L’âge des rêves d’avenir. Sauf si l'on est Palestinien. Hébron (Al Khalil) en Cisjordanie – la cité du Tombeau des Patriarches - où ils habitent, est un ghetto. Une partie de la ville truffée de check-points leur est interdite. Les contrôles d’identité, les vexations, les interdictions, les insultes de la part de l’armée israélienne d’occupation y sont permanents. Alors qu’ils sont chez eux, conformément au droit international et aux décisions de l’ONU, des banderoles déployées par les colons proclament « Palestine n’est pas un pays et ne le sera jamais » ! La rue où Sherin habitait, Shuhada street (rue des Martyrs), est interdite. Le logement de sa famille est désormais inaccessible Le père de Sherin ne peut plus y exercer son commerce de fruits et légumes. Cette rue autrefois si vivante est déserte, seulement arpentée par la soldatesque. Des herbes folles ont envahi les trottoirs. Une atmosphère de mort. Cette rue est un symbole. Le témoignage de Sherin et de Murad, à partir de ce cas particulier, acquiert une valeur universelle. Il témoigne de la cruauté d’une occupation étrangère.
Sherin et Murad étaient reçus, jeudi soir, à la Maison du Protestantisme par France-Palestine-Solidarité-Nîmes et par les jeunes, particulièrement dynamiques, du groupe BDS.
Un des moments forts de cette soirée intervint lorsque, interrogé sur l’avenir de la Palestine, Murad relata l’engagement de sa famille dont plusieurs dizaines de membres ont été tués ou grièvement blessés, sous l’occupation britannique, puis sous l’occupation israélienne. Lui-même, enfant, participait déjà aux combats. La vidéo (WEST BANK) qui prolonge ce texte le montre en 2000, à l’âge de 11 ans, pendant la 2e intifada. Avec un tel passé familial et personnel, « on a – nous dit-il - l’espoir chevillé au corps ». La décision de Trump de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem et de soutenir la prétention illégale d’Israël d'en faire sa capitale, si elle favorise le découragement chez certains, a surtout eu pour effet de souder davantage les Palestiniens.
Quelle belle leçon de détermination et de courage, vous nous avez donnée Sherin et Murad !
Le même jour, la députée Insoumise, Clémentine Autain et le député communiste Jean-Paul Lecocq intervenaient à la tribune de l’Assemblée nationale française, pour que la France reconnaisse enfin la Palestine en tant qu’Etat membre de l’ONU, conformément à la demande renouvelée solennellement mardi, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, par Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne. Quelles que soient les interrogations suscitées par la poursuite de l’occupation des territoires, l’Autorité palestinienne maintient en effet sa position en faveur de deux Etats. Je soutiens cette orientation qui est la position officielle de la Palestine. En effet, céder sur ce point serait un encouragement à la poursuite de l’occupation israélienne.
Les députés communistes ont également demandé que le Président de la République française exige la libération de l'avocat franco-palestinien Salah Hamouri illégalement détenu depuis 185 jours dans les geôles israéliennes.
Bernard DESCHAMPS
23 février 2018
(Photo Nicole Ziani)