Un vent de contestation souffle sur le Maghreb
Des manifestations se poursuivent depuis trois jours dans une vingtaine de villes tunisiennes. « Dans plusieurs localités – nous dit l’Humanité – des postes de police, des sièges de municipalités et des symboles de l’Etat, ont été pris pour cibles par les manifestants. »
Au Maroc, selon rfi afrique, des manifestation ont eu lieu dans les rues de Jerada à 60 km d’Oujda, mardi 26 décembre 2017, après la mort de deux personnes dans d'anciennes mines de charbon. Le 31 décembre, les habitants de Jerada, sont restés dans les rues jusque tard dans la nuit, habillés en mineurs, le visage et les mains noircis. Ils ont porté des pains noirs et des cercueils pour symboliser leurs camarades morts dans les mines de charbon. En juillet dernier, le nord du Maroc, avait été le théâtre de puissantes manifestations et d’affrontements avec les forces de l'ordre.
En Algérie, des centaines de médecins ont manifesté ces jours derniers à l’intérieur et devant le CHU Mustapha-Pacha d'Alger, en solidarité avec la grève lancée par les médecins "résidents". Les manifestants sont principalement des internes, des externes et même des professeurs de médecine. Au même moment, des médecins "résidents" manifestaient à Oran, Bejaïa, Constantine et Blida.
Ces manifestations ont des objectifs et des formes diverses selon les pays. Au Maroc, en juillet, elles revendiquaient la reconnaissance de l’identité du Rif et sa mise en valeur économique et sociale. Les plus récentes à Jerada ont un contenu social. En Tunisie, elles ont un contenu résolument social contre les hausses des prix. Elles exigent le retrait du budget austéritaire 2018 de l’Etat. En Algérie, les « médecins résidents » exigent la suppression du « service civil » d’une durée de 2 à 4 ans auquel ils sont astreints dans les régions défavorisées en contrepartie de la gratuité de leurs études. Ils demandent également d’être dispensés de service militaire.
La réponse de l’Etat est variable selon les pays. Quelque 600 arrestations ont eu lieu en Tunisie , un manifestant a été tué. A Alger, une vingtaine de médecins ont été bastonnés devant le CHU Mustaphe-Pacha. Les manifestations à Oran (1500 hier), à Constantine, à Batna, à Bejaïa se sont déroulées « sans heurts et sans passage à tabac ». Au Maroc, selon Reuter, les heurts entre policiers et manifestants ont fait 72 blessés du côté des forces de l'ordre et 11 dans le camp des manifestants. Plusieurs dirigeants du mouvement du mois de juillet sont toujours emprisonnés, accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat.
Aujourd’hui 12 janvier n'est pas un jour comme les autres en Algérie…
Le passage à l'an 2968 du calendrier berbère, correspondant au 12 janvier, se caractérise cette année par des festivités multiples et diversifiées, assignées à un programme officiel élaboré par les ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et le Haut- commissariat à l'amazighité (HCA).
Les établissements culturels ont tracé un programme qui s'étalera sur toute l'année 2018, placée sous le signe de la célébration du patrimoine culturel amazigh dans sa diversité, à travers la tenue de semaines culturelles à travers toutes les régions d'Algérie.
Différentes animations dont des projections de films, des représentations théâtrales et des ateliers d'apprentissage de Tamazight (langue officielle depuis 2016) font partie de ces festivités lancées officiellement le 6 janvier à Ghardaïa.
Dans toute l'Algérie, à l'instar de Béjaia, Annaba, Boumerdès, Bouira ou encore Tizi Ouzou, ce sont des conférences en rapport avec la langue et la culture amazighes ainsi que des manifestations restituant l'art culinaire ancestral, entre autres, qui marqueront Yennayer.
Des galas artistiques sont également prévus à l'attention des Algériens établis à l'étranger.
De son côté, le ministère de la Jeunesse et des Sports a programmé du 10 au 12 janvier plusieurs festivités à Alger et Tizi-Ouzou, où un défilé de troupes folkloriques est prévu.
Le programme du Hca s'étalera jusqu'au 20 janvier dans d'autres villes encore, comme Oran, Jijel, M'Sila et Touggourt qui à leur tour accueillent Yennayer, une des plus anciennes fêtes populaires en Algérie et dans la région nord-africaine.
Chez les Beni Senouss (Tlemcen), Yennayar est fêté dans la convivialité et la solidarité des habitants qui organisent un carnaval, "Ayred" (le lion), en souvenir, selon la légende, de Chechanq, le fondateur d'origine berbère de la XXIIe dynastie des pharaons.
Alliant plusieurs rites et traditions, Ayred, qui dure trois jours, est célébré annuellement avec les habitants déguisés et paradant dans les rues au rythme des chants champêtres traditionnels.
Dans le Chenoua (Tipasa), Yennayer est accueilli par la préparation de plats traditionnels, notamment le pain préparé avec des herbes sauvages, dans une tradition qui exclut les épices et les ingrédients acides pour que l'année qui commence soit douce et prospère. Les enfants, eux, ont droit à "trèze", un mélange de bonbons, dattes et de fruits secs, spécialement prévu pour cette fête.
Blida et Médéa, préparent "El Aâm" avec des plats traditionnels à base de viandes, de pâtes, suivis de gâteaux traditionnels comme "rfiss", un mélange de galettes émiettées, de semoule et de dattes.
Les Touareg fêtent Yennayer, appelé "Tafaski" en tamacheq, par des chants et des danses exécutés sur des rythmes tindi, tandis que les habitant du M'zab marquent la fête du nouvel an par "rfiss", un plat du terroir à base de semoule, de sucre, de lait et d'œufs, ou encore une variante de couscous, appelé également "seksou" dans cette région du petit sud algérien.
L'Algérie est le premier pays d'Afrique du Nord à réhabiliter Yennayer. Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait annoncé lors de la réunion du Conseil des ministres le 27 décembre dernier, sa décision de consacrer Yennayer journée chômée et payée.
(Extraits de l’agence APS, Algérie Presse Service)