Les Bienheureux.
Alger. Ses maisons qui s’emboîtent comme des cubes et dont les terrasses montent à l’assaut de la colline de la Bouzareah. Ses immeubles haussmanniens; leur élégance glacée qu’humanise le linge aux fenêtres. Le port, la mer. Au loin, le Makam el Chahid. Et la lumière…Les rues d’Alger telles que je les connais et les aime.
Le film de Sofia Djama se déroule en 2008. Trois ans après l’adoption par référendum de la Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale. Le souvenir terrible de la décennie noire ne s’efface pas. C’est une épreuve dont on ne se relève pas. Bien que la paix soit revenue, les portes restent cadenassées, les fenêtres fermées et les rideaux sont tirés en plein jour. Le peuple algérien vit avec le souvenir de ce drame qu’il a réussi à surmonter mais qui le marque à tout jamais. Les regards échangés en disent souvent davantage que les mots.
Les bienheureux est le récit de cette tragédie vécue par des personnes de milieux divers. Un couple de médecins ; un journaliste (ils ont perdu tellement des leurs) ; un père de condition modeste dont l’épouse s’est suicidée après un viol ; des policiers obtus et d’autres plus compréhensifs qui rendent des services. Et des jeunes en quête d’idéal qu’ils pensent trouver dans l’Islam. Des jeunes qui se shootent, boivent et récitent le Coran. Une description très actuelle de la jeunesse algérienne qui rejette le terrorisme mais trouve dans la religion une réponse à ses angoisses existentielles. Et la crainte que cela recommence. L’interrogation récurrente: rester ou partir ? L’incompréhension qui s’installe entre les uns et les autres.
Ce film m’a profondément ému. Il aide à comprendre ce qu’a vécu le peuple algérien pendant la décennie noire alors que Mitterrand lui refusait son aide mais accueillait les responsables du GIA sur notre sol.
Le cadeau de Macron aux plus démunis pour le Nouvel An.
Invisibiliser ( ! ) les campements, trier les réfugiés, expulser les migrants économiques et bloquer les départs depuis l’Afrique, telles sont les nouvelle dispositions envisagées par Macron et son ministre de l’Intérieur. C’est la politique la plus répressive depuis des dizaines d’années, en rupture avec la tradition française.
Dans son édition de ce mercredi 27 décembre, le Canard enchaîné, s'appuyant sur une note confidentielle rédigée par Antoine Foucher, directeur de cabinet de la ministre du travail Muriel Pénicaud (et ancien cadre du Medef), révèle que l'exécutif réfléchit à ce qu'en cas de recherche jugée insuffisante, de refus de formation ou de refus de deux offres d’emploi "raisonnables", l'allocation chômage soit réduite de 50% pendant deux mois. En cas de récidive, elle serait carrément supprimée pour la même durée.
Il faut vraiment être né et vivre dans un cocon doré pour traiter avec autant de mépris nos concitoyens les plus en difficulté. Et choisir les fêtes de fin d’année pour annoncer de telles mesures relève d’une forme de sadisme.
Bernard DESCHAMPS
29/12/2017