Le Ministre des Affaires Etrangère sahraoui accuse :
«La France est un obstacle à la paix»
La RASD a décidé de frapper fort en désignant hier la France comme principal obstacle au règlement du dossier sahraoui. S’exprimant par la voix de son ministre des Affaires étrangères, elle a également accusé ce pays de constituer un «danger pour la stabilité de l’Afrique du Nord».
Abla chérif - Alger (Le Soir)
- Ould Salek n’y est pas allé de main-morte. La conférence de presse qu’il a animée intervient à un moment sensible, celui où les Nations-Unies et son nouveau représentant pour le Sahara occidental tentent de mettre en œuvre une stratégie destinée à remettre en marche le processus onusien pour la paix au Sahara occidental.
Tant le secrétaire général de l’ONU active en vue de rapprocher les deux parties adverses à travers des pourparlers directs, mais ces derniers se sont heurtés à un refus net du roi du Maroc. Lundi, ce dernier déclarait à la face du monde qu’aucun règlement «autre que celui d’affirmer la souveraineté pleine et entière du Maroc» n’était possible.
Mohammed VI a également fait savoir qu’il excluait toute possibilité d’organisation d’un référendum d’autodétermination tel que prévu dans les accords signés sous l’égide des Nations-Unies en 1991. «A ce moment, rappelle Ould Salek, Hassan II avait décidé de mettre fin à 16 ans de guerre et s’engageait sur la voie de la paix après s’être rendu compte de l’impossibilité de mater le peuple sahraoui.» «Cet entêtement, poursuit le ministre sahraoui des Affaires étrangères, est dû à l’appui indéfectible que lui apporte la France.»
Cette dernière, poursuit le conférencier, agit particulièrement en faisant valoir son droit de veto au sein du Conseil de sécurité. «L’heure est venue, martèle-t-il, pour que les Nations-Unies et l’envoyé spécial auprès du Sahara occidental disent toute la vérité à l’opinion.
Qu’ils désignent l’auteur du blocage. Celui qui refuse de reprendre le processus des négociations, qui va à l’encontre des accords signés par son propre père et qui fait preuve d’une grande intransigeance en raison du soutien que lui apportent certains pays. Le roi est en effet le protégé de la France.»
Ould Salek ajoute par ailleurs que le tout dernier discours durant lequel Mohammed VI a fermé la porte aux négociations et à toute possibilité d’organiser un référendum d’autodétermination n’est qu’une conséquence de ce soutien.
«Quant à nous, poursuit-il, nous lui disons que les Sahraouis sont prêts à emprunter toutes les voies nécessaires pour recouvrer la souveraineté de nos territoires. La balle est comme toujours dans le camp des Nations-Unies et du Conseil de sécurité qui doivent prendre leurs responsabilités dans un dossier qui compromet lourdement l’équilibre de la région.
Aux Français nous disons qu’ils doivent assumer leurs positions honteuses, leur jeu malsain qui entrave un processus pour le recouvrement de la paix, de la souveraineté d’un peuple qui a souffert, et sa complicité dans les atteintes aux droits de l’Homme dont souffrent quotidiennement nos concitoyens.»
Interrogé au sujet de la rencontre qui s’est déroulée ce mardi au Palais du Gouvernement entre le Premier ministre algérien et le président de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), ce dernier a indiqué qu’elle entrait dans «le cadre des consultations régulières avec l’Algérie». «Nous nous en félicitons», ajoute Ould Salek.
Dans un communiqué, le Premier ministère a annoncé que «les entretiens ont notamment permis de procéder à une évaluation de la situation relative au dossier du Sahara occidental aux niveaux régional, africain et international et de passer en revue l’état de la coopération entre l’Algérie et la RASD».
Cette rencontre à laquelle ont assisté le Président sahraoui et son ministre des Affaires étrangères s’est déroulée au lendemain de la déclaration de Mohammed VI dans laquelle ce dernier fermait la porte à toute option d’indépendance du Sahara occidental.
A. C