Vagabondage
Je passe aujourd’hui de la relecture des pages de Marx consacrées à la religion dans La critique de la philosophie du droit de Hegel, à la révision de quelques verbes en arabe avant de m’évader à Grenade au temps du royaume Nasride avec Le fou d’Elsa d’Aragon. Je saute d’un texte à l’autre au gré de mon humeur. D’aucuns y trouveront la confirmation de mon insatiable curiosité. Les moins bien disposés, le reflet de mon instabilité. A moins que ce ne soit l’effet du mistral dont les rafales aujourd’hui décoiffent mon cerisier dont j’avais jusqu’alors préservé le feuillage en dépit de la canicule.
Il n’y a pourtant aucun point commun entre ces divers textes. Et pourtant si. Avec la langue arabe, la parenté de Grenade est évidente. Grenade mes amours, Grenade ma Grenade assiégée par Isabelle la catholique et défendue par Mohammed Ben Aboû’l- Hassân Ben’Abdallah, l’Enfant-roi Boabdil. La fureur de la Croix à l’encontre du Croissant. L’Inquisition à l’opposé de l’esprit de tolérance d’Averroès qui conduit à s’interroger sur le statut des religions que Karl Marx a si bien analysé et dont la pensée est souvent déformée et réduite à « l’opium du peuple », quand selon lui « La religion est le soupir de la créature opprimée ». Si bien que ce ne sont pas les religions en tant que telles qui doivent être combattues mais l’intolérance, car « c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme » (K. Marx).
Vagabondage au présent
Pujadas m’a conduit à ces lectures à la suite de la (sainte) colère qui m’a submergé, lorsque l’autre soir sur BFMTV, il est passé, sans transition, comme une filiation évidente, du légitime combat des femmes contre le harcèlement sexuel à Tariq Ramadan et aux quartiers dits sensibles car peuplés de musulmans.
S’il y a une filiation, c’est bien celle de Marine Le Pen et de Pujadas.
Jack Ralite
Jack qui vient de nous quitter était précisément de ceux qui ne confondent pas intolérance et religion. Une amie qui l’avait rencontré au Festival du documentaire des Cévennes à Lasalle, me disait récemment lui avoir entendu raconter le lien fort qu’il avait noué avec l’aumônier de son lycée avec qui fut arrêté en 1942 par les nazis qui déportèrent le prêtre dans les camps de la mort.
Le journal l’Humanité du 13 novembre rapporte également cette anecdote en précisant qu’il s’agit du Père Glaser. Dans le même numéro, est republié un article de Jack, à la veille du 2e tour de l’élection présidentielle, où il appelle à tout faire pour barrer la route à Le Pen…
BD, 14/11/2017