En attendant les hirondelles
J’ai passionnément aimé ce film de Karim Moussaoui (franco, allemand, algérien, novembre 2017, subventionné par le Ministère algérien de la culture).
L’Algérie qu’il nous donne à voir est celle qui surprend les voyageurs habitués aux images partisanes que nous présentent la plupart des médias français. Des rues du centre d’Alger aux étendues arides des Aurès et de leurs barres rocheuses sculptées par le temps. Avec ses ombres et ses lumières, ses réalisations et ses retards, le modernisme et les traditions. Les villes nouvelles bordées de terrains vagues. Les logements neufs confortables que côtoient des gourbis. Les routes asphaltées et les chemins de terre. Et son peuple si attachant. Les personnages du film ne sont pourtant pas tout d’une pièce. Ils ont leur grandeur et leurs faiblesses. Mourad le promoteur honnête suspendu à l’arbitraire de décideurs corrompus, qui n’aura pas le courage de secourir un homme agressé et laissé pour mort. Aïcha écartelée entre son amour pour Djalil et son futur mariage arrangé. Dahman le neurologue si proche de ses patients mais rattrapé par son passé de médecin dans un maquis djihadiste. Chez tous une volonté de bien faire et en même temps une certaine désespérance devant les obstacles administratifs et l’impression que rien ne bouge. En attendant les hirondelles…C’est un sentiment que personnellement je rencontre ces derniers temps de plus en plus souvent quand je vais en Algérie et dont me font part les nombreux amis auxquels je téléphone.
Une subtile radiographie de l’Algérie d’aujourd’hui rythmée par l’alternance du raï revisité et modernisé et de cantates de Bach qui dialoguent d’égal à égal.
B.D. 11/11/2017