Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 19:40

 

LA MACRONMONARCHIE EN MARCHE.

Par la fenêtre ouverte de la salle à manger, le soleil matinal entre à flots. Un geai lance son cri de guerre. J’ai allumé la télévision, sans le son, pour suivre la cérémonie de passation des pouvoirs au nouveau président de la République. Je jette de temps à autres un regard sur les images, tout en mettant au propre les notes de mon cours d’arabe de jeudi.

Le tapis rouge est déroulé devant le perron de l’Elysée. Dans la salle des fêtes, sous les ors, les lustres en cristal et les peintures allégoriques du plafond, les invités sont massés derrière un cordon. J’éprouve le sentiment curieux, à la fois d’assister à la même scène qu’il y a 36 ans pour le sacre de Mitterrand où j’étais invité et la conscience de l’éloignement dans le temps. D’une autre vie. Le décor, le cérémonial sont identiques. Les tenues vestimentaires n’ont pas changé. Costumes trois pièces sombres pour les hommes, cravates bleu marine. Tailleurs deux pièces pour les invitées. Sabots aux pieds, vêtu d’un vieux pantalon et d’un chandail troué, ce spectacle me parait à la fois proche et lointain.

Les macronboys arrivent groupés et foulent le tapis rouge l’air étonné de leur récent succès. Les invités attendent le moment solennel de l’arrivée des deux présidents. Quelques-uns bavardent. Fabius a le sourire du « ravi ». Cazeneuve, son air compassé habituel. Bayrou porte encore sur le visage des traces de son récent courroux. Elisabeth Guigou consulte l’écran de son téléphone portable.

Pour meubler le temps, les journalistes enfilent les banalités. Heureusement j’ai coupé le son. Je les abandonne un moment pour aller ratisser mon jardin et couper quelques fleurs fanées.

J’étais évidemment fier le 21 mai 1981 de participer à ce qui nous apparaissait comme un moment historique. Fier et préoccupé, contrairement à certains de mes camarades qui étaient en extase. J’avais voté Georges Marchais au premier tour et François Mitterrand au second. Je n’avais donc pas émis un « vote révolutionnaire » comme quelques- uns. L’immense travail que nous avions accompli avec notre programme puis avec le programme commun de la gauche laissait espérer un vrai changement. Mais le rapport des forces à gauche, défavorable au PCF, suscitait l’inquiétude et je n’avais pas oublié la responsabilité de Mitterrand dans l’exécution de nombreux patriotes algériens dont celle de notre camarade Fernand Iveton, pendant la guerre d’indépendance. Mais un homme peut changer, donc j’espérais. On connaît la suite. Les mesures positives des deux premières années et le tournant de la rigueur en 1983.

La température est douce et mon jardin est en beauté en ce printemps, mais je retourne à mes écritures tout en surveillant le petit écran.

Je mets le son pour écouter le discours du nouveau président de la République. Les paroles qu’il prononce sont celles d’un jeune homme prétentieux. Certes doué mais qui oublie que seulement 18,19% des électeurs ont voté pour lui au premier tour. Moins de 1 sur 5. Et qu’il doit son succès du deuxième tour à la volonté populaire de barrer la route à Le Pen et à un système électoral injuste qui ne permet qu’à deux candidats d’être présents au second tour. Décidément la politique n’est pas qu’affaire d’intelligence. C’est à la fois une affaire de coeur et un art. Macron, le fondé de pouvoirs des banques, n’a pas pris la mesure de la colère sociale qui s’est exprimée dans les luttes contre la loi El Khomeri et dans les urnes. Il persiste dans sa volonté d’imposer un nouveau code du travail défavorable aux salariés. Il n’a pas non plus pris conscience de l’obsolescence des institutions de la 5e République dont il vante la Constitution dans ce premier discours.

Le combat continue.

Bernard DESCHAMPS

14 mai 2017

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : ww.bernard-deschamps.net
  • : Blog consacré pour une grande part aux relations entre l'Algérie et la France.
  • Contact

Recherche

Pages

Liens