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4 avril 2017 2 04 /04 /avril /2017 12:48

L’ELECTION LEGISLATIVE 2017 EN ALGERIE (2)

par Bernard DESCHAMPS

(mis à jour le 10/04/2017 à 20h.15)

 

L’élection des 462 députés à l’Assemblée Populaire Nationale aura lieu le jeudi 4 mai 2017. La campagne électorale se déroulera officiellement du dimanche 9 avril au 30 avril.

Après la révision annuelle des listes électorales, 299 centres de vote supplémentaires ont été mis en place pour atteindre un total de 12 089 centres outre la création de 2 050 bureaux de vote pour l'accueil des nouveaux inscrits et électeurs des familles relogées, soient 52 273 bureaux de vote.

Au 22 février dernier, le corps électoral a atteint un total de 23.276.550 électeurs dont 956 534 à l'étranger. Les nouveaux inscrits sont estimés à 722 771 électeurs dont 7 021 à l'étranger.

Les 12 594 941 électeurs représentent 54,11% du corps électoral et les 10 681 609 électrices 45,89%.

L'opération d'assainissement des listes électorales durant la révision exceptionnelle effectuée en février dernier a donné lieu à la radiation de 179 441 électeurs/électrices pour une double ou inscription multiple et la radiation de 160 719 électeurs/électrices décédés.

POUR ETRE CANDIDAT

Les candidats aux législatives doivent répondre à un certain nombre de conditions strictes, définies par la loi organique relative au régime électoral du 25 août 2016. Le postulant à l'APN doit avoir la nationalité algérienne, être inscrit dans la circonscription électorale dans laquelle il se présente, avoir 25 ans au moins le jour du scrutin et avoir accompli les obligations du service national, ou en être dispensé.

Dans cette élection, sont exclus à la candidature, pendant l'exercice de leurs fonctions et pour une durée d'une année après leur cessation de fonctions notamment les walis, les walis délégués, les chefs de daïra, les secrétaires généraux de wilayas, les magistrats, ambassadeurs et consuls généraux.

Chaque liste de candidats présentée, soit sous l'égide d'un ou de plusieurs partis politiques, soit au titre d'une liste indépendante, doit être parrainée soit par les partis politiques ayant obtenu plus de 4% des suffrages exprimés lors des élections législatives précédentes ou par les partis ayant au moins 10 élus au niveau de la circonscription électorale dans laquelle la candidature est présentée.

Dans le cas où une liste de candidats est présentée au titre d'un parti politique ne remplissant pas l'une des deux conditions citées, ou au titre d'un parti qui participe pour la première fois aux élections ou lorsqu'une liste est présentée au titre d'une liste indépendante, elle doit être appuyée, au moins, par 250 signatures d'électeurs de la circonscription électorale concernée par chaque siège à pourvoir.

200 signatures requises pour chaque siège à pourvoir pour les circonscriptions à l'étranger.

Le nombre global des candidats aux prochaines législatives est de 12 591 portés sur 1 088 listes dont 797 listes appartenant à 63 partis politiques et 163 listes d'indépendants outre 128 autres issues des alliances. Les listes du corps électoral sont définitives depuis le 19 mars prochain après expiration du délai des recours judiciaires.

68,67% des candidats sont des hommes et 31,33% des femmes. 1 158 candidats sont âgés de moins de 30 ans et 4 237 ont entre 31 et 40 ans.

Les candidats âgés de 60 ans et plus s'élèvent à 795 candidats soit un taux de 20,28%.

 

LES LISTES EN PRESENCE

63 partis politiques (contre 44 en 2012) en plus des indépendants participeront aux élections législatives du 4 mai prochain. Trois (3) formations politiques, à savoir, le Front de libération national (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et Tajamou Amal El Jazair (TAJ, islamiste modéré) ainsi que l’alliance islamiste formée par le Hamas (HMS) et le Front du changement (FC) présentent des listes dans la totalité des circonscriptions électorales (48 wilayas et 4 représentations électorales à l’étranger)

Sans présenter des listes dans l’ensemble des circonscriptions prévues, d’autres formations ont tout même réussi à s’imposer de manière conséquente. Le Front El Moustakbal (FM, nationaliste) présente 50 listes ; l’Alliance islamiste constituée par Nahda-Adala-Bina, 49 listes ; le Mouvement populaire algérien (MPA, démocrate) 48 listes ; le Parti des Travailleurs (PT, trotskiste) 42 listes ; l’Alliance nationale républicaine (ANR, démocrate) 38 listes, alors que le Front des forces socialistes (FFS) abordera cette  élection avec 35 listes au niveau national. Le Front national algérien (FNA, nationaliste conservateur) se présentera avec 34 listes ; le Mouvement El Islah (El Islah, islamiste) avec 32 listes. L’Alliance El Feth (islamiste) a déposé 27 listes ; le parti Fajr el Jadid (PFJ, opposition démocratique) 26 listes ; le parti de la Liberté et de la justice (PLJ, républicain) 21 listes.

Le Front national pour la justice sociale (FNJS, néolibéral) et le parti El Karama (nationaliste) prennent part à ce scrutin avec 20 listes chacun, contre 17 listes pour Ahd 54 (démocrate) et pour le mouvement El Infitah (ME, opposition démocratique), tandis que le parti des jeunes (PJ, opposition démocratique) abordera ces législatives avec 16 listes. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, laïc) n’a pas réussi à présenter plus de 13 listes. Le Mouvement démocratique et social (MDS, issu du PAGS et du Parti Communiste Algérien) et les trotskistes du Parti socialiste des travailleurs (PST), n’ont présenté respectivement qu’une seule liste électorale. Le PADS (issu du PAGS et du Parti Communiste Algérien) a décidé de ne présenter aucun candidat.

Deux partis écologistes présentent des listes pour le scrutin du 4 mai prochain : le Parti algérien vert pour le développement (PAVD) avec 5 listes et le Mouvement national pour la nature et le développement (MNND) avec une seule liste.

Les dissensions qui prévalent au sein de l’instance de l’organe décisionnel de la CNLTD (coalition d’opposants) arrivées à leur point de rupture, suite à la volte-face du patron du MSP (islamiste), Abderrazak Makri, ont fini par rendre caduque une coordination déjà vidée de sa substance après la décision de plusieurs de ses membres de participer aux prochaines législatives.

Le parti de Soufiane Djilali, Jil Jadid, compte mettre en place, en collaboration notamment avec le parti d’Ali Benflis (ancien candidat à l’élection présidentielle contre Abdelaziz Bouteflika), un front de refus visant à regrouper sous la même bannière, toutes les formations politiques qui refusent de participer aux prochaines législatives.

LES MINISTRES CANDIDATS

Cinq membres du gouvernement d’Abdelmalek Sellal seront en lice lors des législatives de mai.

Seront têtes de liste FLN dans leurs circonscriptions respectives : Abdelkader Ouali (Ressources en eau et Environnement), Boudjema Talai (Travaux publics et Transports), Tahar Hadjar (Enseignement supérieur et Recherche scientifique), Ghania Eddalia (Relations avec le Parlement)

Un ministre RND, Tayeb Zitouni ( Moudjahidines) sera également candidat.

Annoncée comme imminente en février, la candidature du Premier ministre n’est plus à l’ordre du jour.

 

LES PARTIS ISLAMISTES

Selon une enquête réalisée par la revue Jeune Afrique : « Vingt ans après leur intégration dans le jeu politique, ils repartent à l’assaut de l’Assemblée à la faveur des législatives de mai prochain. Mais leur poids électoral réel demeure la grande inconnue (…)

Éclatée en plusieurs partis, minée par les dissensions et les rivalités internes, la mouvance islamiste rêve aujourd’hui de faire l’union sacrée. Dans les prochaines semaines, le MSP d’Abderrazak Mokri et le FC d’Abdelmadjid Menasra devraient fusionner pour constituer une seule formation politique. Ils emboîteraient ainsi le pas à trois autres partis islamistes qui ont scellé, en décembre 2016, « une alliance stratégique unitaire » dans la perspective de ce rendez-vous électoral (…)

À terme, les Frères musulmans algériens caressent l’espoir de se rassembler autour de deux partis. Voire d’un seul. Une première depuis la légalisation des partis d’obédience islamiste dans la foulée de l’ouverture démocratique de 1989. Que pèse aujourd’hui ce courant politique ? Quelles mutations a-t-il connues en un quart de siècle ? Son projet d’instaurer une « république islamique » a-t-il encore un sens ? En faisant le choix de la légalité, ne risque-t-il pas de se voir débordé par une mouvance radicale encline à la violence ?(…)

Le FIS était radical, le MSP a joué la carte de la modération. Les dirigeants du premier, après sa dissolution, en mars 1992, s’étaient lancés dans un affrontement armé avec le pouvoir, Nahnah a choisi l’entrisme en acceptant de devenir un acteur politique légaliste. Une stratégie amorcée en 1995 avec la participation de Nahnah à l’élection présidentielle remportée par Liamine Zéroual. Ex-porte-parole de Nahnah, aujourd’hui reconverti dans le journalisme, Slimane Chenine explique les raisons de ce choix légaliste :

« L’État était en danger de disparition. Beaucoup pariaient que l’Algérie allait s’écrouler. Deux options s’offraient à nous : participer au sauvetage du pays en s’engageant aux côtés de l’État ou passer dans l’opposition en donnant raison à ceux qui jugent qu’il est illégitime. Par devoir patriotique, Nahnah a accepté les résultats de la présidentielle, bien qu’il sût qu’il en était le véritable vainqueur. »(…)

Président du MSP depuis mai 2013, Abderrazak Mokri, 56 ans, abonde dans le même sens. « L’Algérie était en guerre, il fallait des institutions crédibles et représentatives, avance ce médecin de formation et père de huit enfants. De plus, nous avions besoin d’acquérir de l’expérience dans la gestion des affaires du pays. »(…)

Présence de ministres dans tous les gouvernements, participation à la coalition présidentielle, soutien indéfectible à Bouteflika, le MSP joue à fond la carte de l’entrisme, qui ne présente que des avantages. Au fil des années, le parti se constitue un vaste réseau composé de commerçants, d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires, qui auront largement profité de leur proximité avec les ministres islamistes gérant les départements du Tourisme, de l’Industrie, de la Pêche, des Travaux publics ou encore du Commerce. Ce réseau représente une force financière substantielle au service du parti et de la mouvance en général.(…)

Mokri estime que la crise économique qui touche durement l’Algérie offre une opportunité de consensus entre le pouvoir et l’opposition. « Ne pas aller aux élections, c’est faire le choix de la rupture, explique-t-il. La situation est tellement inquiétante et susceptible de déboucher sur une crise multidimensionnelle que ce consensus est devenu vital. »(…)

Au milieu des années 1990, le MSP de Nahnah avait pour slogan « El-islam houwa el-hal » (« l’islam est la solution »). Même s’ils se sont toujours gardés d’évoquer ouvertement l’instauration d’une république islamique, les dirigeants du parti n’en mettaient pas moins en avant les principes islamiques sur lesquels devaient, selon eux, être fondés l’État et la société.(…)

Vingt ans plus tard, le mot « islam » a été gommé de leur lexique. « Nous ne voulons pas imposer notre vision de la religion, plaide Mokri. Le pays a besoin davantage de réformes politiques et économiques que de slogans creux pour sortir de la crise. » Lakhdar Benkhellaf, député et chef du groupe parlementaire El Adala (14 sièges), jure que le projet d’une dawla islamiya (« État islamique ») cher au FIS est mort et enterré. « La notion même de parti islamiste n’est plus de mise, affirme-t-il. Notre courant a été victime du FIS. Nous ne sommes pas des intégristes, mais des démocrates qui militent pour le pluralisme.

Il est vrai que le terrorisme des GIA et le soutien que leur ont apporté certains dirigeants du FIS ont érigé une sorte de digue contre ce projet. « Les islamistes ont pris conscience que les Algériens rejettent catégoriquement cette lubie, note Hmida Layachi. C’est un projet de sang et de fureur qui a été enterré par la décennie noire. La participation des islamistes à la gestion des affaires, la réconciliation nationale et la main tendue aux repentis ont délégitimé la notion de dawla islamiya au nom de laquelle le FIS a pris les armes. »(…)

Autre signe de la mue des islamistes algériens, Riyad ou Téhéran ne constituent plus des références sacrées. Ils leur préfèrent désormais l’AKP de Recep Tayyip Erdogan, le président de la Turquie, devenu leur modèle. Nombreux sont ceux qui l’ont d’ailleurs soutenu lors de la tentative de coup d’État dont il a fait l’objet en 2016. « On peut s’en inspirer, acquiesce Benkhellaf. Le modèle turc a permis la diversification de l’économie, la promotion du tourisme, des services et de l’industrie. » Sauf que ce modèle qui allie modernité et conservatisme a pris du plomb dans l’aile avec les scandales de corruption qui ont éclaboussé l’entourage d’Erdogan, ainsi qu’avec la chape de plomb qui s’est abattue sur la Turquie depuis ce putsch avorté.(…)

Alors, les islamistes algériens, combien de divisions ? (…) Pour Hmida Layachi, le nombre de députés islamistes ne reflète pas le poids réel de ce courant dans la société. Il estime par ailleurs que les légalistes peuvent être débordés par un courant salafiste de plus en plus présent et actif dans les écoles, les mosquées ou les associations religieuses ou caritatives. « Les salafistes ne développent pas un discours politique mais sociétal, essentiellement fondé sur le rejet de la modernité, ajoute encore l’essayiste. L’influence de plus en plus grandissante qu’exercent les téléprédicateurs officiant sur les chaînes privées participe à l’islamisation de la société. S’ils prônent aujourd’hui le pacifisme, ils pourraient toutefois basculer dans la violence dans des moments de tension et de crise. »(…)

(L’ensemble de ce paragraphe est extrait d’une étude publiée par la Revue Jeune Afrique le 7 mars 2017)

 

CONCLUSION PROVISOIRE

Les observateurs de la vie politique algérienne seront particulièrement attentifs au pourcentage des abstentionnistes qui avait été de 57,10% en 2012. L’accroissement du nombre de partis politiques et de listes engagés dans cette compétition électorale ainsi que les nouvelles dispositions adoptées par l’Etat algérien pour le déroulement des opérations de vote (1), en élargissant l’offre politique, devrait faire reculer l’abstention.

On scrutera également l’évolution des rapports de forces. Au sein de la majorité présidentielle, notamment entre le FLN majoritaire dans l’actuelle Assemblée avec 220 sièges et le RND qui dispose de 68 sièges. Ainsi qu’entre l’opposition et la majorité. Combien de suffrages vont obtenir les partis membres du CNLTD qui ont refusé la politique du boycott ? Combien de suffrages vont recueillir les partis dits islamistes à la suite des modifications de leur discours et du regroupement de plusieurs d’entre eux ? Plus fondamentalement, il sera intéressant de noter les pourcentages obtenus par les partis et les candidats convertis au libéralisme économique, à l’approfondissement des relations avec l’Union Européenne, avec l’OMC, le FMI et la Banque mondiale. Et à l’inverse les soutiens dont disposent les partis et les candidats favorables au secteur public et aux renationalisations, à la renégociation des accords de libre-échange avec l’Union Européenne, au « patriotisme économique » et à la satisfaction des besoins sociaux.

Enfin, il sera du plus haut intérêt de noter l’engagement éventuel (ou le non engagement) du Président Bouteflika dans cette campagne électorale et le sens de ses prises de position.

Bernard DESCHAMPS

4 avril 2017

-1 La Constitution adoptée en 2016 a introduit de nouvelles dispositions (Chapitre II) qui régissent l’élection et le fonctionnement de l’APN élue pour cinq ans et dont le rôle a été accru. Les droits de l’opposition parlementaire ont été précisés (Article 99 bis). L’initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre, aux Députés et aux membres du Conseil de la Nation (Sénat). Pour être recevable une proposition de loi doit être déposée par au moins vingt parlementaires (Art.119). Le Premier ministre coordonne l’action du Gouvernement (Art.79). Il est nommé par Le Président de la République et le Gouvernement doit présenter son Plan d’Action au Parlement, si celui-ci n’est pas approuvé par l’APN, le Premier ministre doit présenter sa démission au Président de la République (Art. 80 et 81). Les accords internationaux sont ratifiés par le Président de la République après approbation expresse par chacune des chambres du Parlement. (Art.131). « En cas de vacance de L’APN ou durant les vacances parlementaires, le Président de la République peut, sur des questions urgentes, légiférer par ordonnances après avis du Conseil d’Etat »(Art.124).

Une Haute Instance Indépendante de Surveillance des élections a été créée (Art.170 ter). Celle-ci est composée de magistrats et de membres de la société civile. Son président est nommé par le Président de la République après consultation des partis politiques.

Le Président de l’APN est actuellement le Dr. Mohamed Larbi OULD KHELIFA, membre du Parti du Front de libération nationale (FLN).

L’APN comprend 462 députés âgés de 25 ans au moins, de nationalité algérienne, élus au suffrage universel direct sur listes par wilâya (48) avec répartition des sièges à la proportionnelle et application de la règle du plus fort reste.

L’actuelle Assemblée est composée de 220 FLN (Front de Libération Nationale) et 68 RND (Rassemblement National Démocratique) qui composent la majorité gouvernementale), 18 Indépendants, 49 MSP (Mouvement de la Société pour la Paix, islamiste) qui ont quitté la majorité gouvernementale, 27 FFS (Front des Forces Socialistes, opposition), 24 PT (Parti des Travailleurs, trotskiste), 9 FNA (Front National algérien, nationaliste conservateur), 63 divers de la majorité et de l’opposition. BD

 

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commentaires

S
ce djilali soufiane refuse de partciper pas parseque il prétends que les élections seront truquer mais plutôt a cours de militants dans son parti qui réuni à peine une 20 de militants il ne peut meme pas réunir 40 dossiers pour former une liste pour la wilaya d'Alger, son envergure médiatique dépasse largement son influence sur le terrain, ceci est le résultat de sa gestion unilatérale et dérigée vers sa petite personne au bout de 5 ans d'existance les démission du parti ont été le fait marquant de cette formation politique, aucun projet ni vision claire, c'est une imposture politique qui sert à faire croire à une vrai opposition démocratique.
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