L’or des genêts explose le long des pentes, tandis que les saponaires montent à l’assaut des rochers les disputant aux lichens. Le long des sentiers, silènes et stellaires se balancent au gré de la brise. Dans l’herbe, modestes, se cachent les fleurs sucrées de trèfle.
Ce matin la télévision a annoncé le ralliement de Dupont-Aignan à Le Pen.
Certes leurs objectifs politiques sont proches, mais c’est un nouvel exemple
de la banalisation du Front National.
Au loin, un oiseau lance ses trilles et le long du sentier les mutines crosses des fougères semblent me narguer.
L’effervescence joyeuse de cette fin d’avril ne parvient pas à chasser le sentiment
d’angoisse qui m’étreint. Et si Le Pen était élue…
Le tronc creux des vieux châtaigniers conserve le souvenir des combats pour la liberté livrés dans ces montagnes.
Fidèles aux idéaux des Camisards et des Maquisards, les Soudorguais ont voté à 43 % pour
Jean-Luc Mélenchon (11% pour Le Pen). Mais les digues ont cédé en tellement d’autres endroits.
La colère sociale légitime après tant de misère, de frustrations et de trahisons balaie tout sur son
passage, amis aussi bien qu’ennemis.
« O vétérans de nos vallées,
Vieux châtaigniers aux bras tordus,
Les cris des mères désolées,
Vous seuls les avez entendus.»
« Redites-nous, grottes profondes,
L’écho de leurs chants d’autrefois »
Demain je serai à Beaucaire à la manifestation contre le Fhaine.
Bernard DESCHAMPS
29 avril 2017