Alors que la Paix s’annonçait avec les Accords d’Evian qui seront signés le 18 mars 1962, l’OAS opposée à l’Indépendance de l’Algérie se déchaînait en Algérie et en France.
Une manifestation le 8 février 1962 pour dénoncer l’attentat qui avait fait plusieurs victimes à Paris dont une enfant Delphine Renard grièvement blessée, fut mortellement réprimée par la police au métro Charonne.
France El-Djazaïr appelle à participer le
à la pose d’une plaque
par l’Union départementale CGT
à son siège Avenue Georges Dayan à Nîmes en souvenir des neuf militants anticolonialistes assassinés le 8 février 1962 et pour exiger que la clarté soit faite et les responsabilités établies sur ce crime d’Etat.
L’Assemblée Générale de France El-Djazaïr, 4 février 2017
Le Président :
Oucine BENCHOUYEB
8 FEVRIER 1962
In Les Gardois contre la guerre d’Algérie, Bernard Deschamps, éditions El Ibriz, Alger, 2013
« Le nombre et la gravité des attentats de l’O.A.S. augmentent de semaine en semaine. De Gaulle, lui-même, avait réchappé miraculeusement le 8 septembre 1961, d’une embuscade montée par Jean-Marie Bastien-Thiry au Pont de Seine. Celui-ci récidivera le 22 août 1962, bien après les accords d’Evian, au Petit Clamart. Il sera arrêté, condamné à mort et fusillé le 11 mars 1963. Le 4 janvier 1962, une rafale de mitraillette est tirée contre le siège du P.C.F. à Paris.
Les syndicats de la région parisienne, face à l’escalade qui touche en premier lieu la capitale, décident une manifestation de rue pour le 8 février. La veille, l’O.A.S. frappe 10 fois. Sont touchés : 2 professeurs, 1 écrivain, 1 journaliste, 1 général en retraite, Raymond Guyot, le dirigeant communiste et ... le ministre André Malraux. La bombe qui lui était destinée, blesse grièvement une petite fille de 4 ans, Delphine Renard.
La riposte du 8 février, à l’appel de la C.G.T., de la C.F.T.C., de l’U.N.E.F., du S.G.E.N.- C.F.T.C, de la F.E.N. et du S.N.I. est soutenue par plusieurs partis et organisations : le P.C.F., le P.S.U., la Jeunesse communiste, le M.R.P. et le Mouvement de la paix.
Le 6 février, dans le Gard, une grève des enseignants à l’appel des syndicats et de la fédération des oeuvres laïques, avait été très suivie, couronnée par une galerie Jules Salles à Nîmes comble, où M. Raulet avait pris la parole.
De leur côté, la C.G.T., le Mouvement de la paix, l’A.R.A.C, le P.C.F., l’U.F.F. et la J.C. du Gard ont organisé une semaine d’action du 5 au 12 février « contre les menées fascistes et l’O.A.S. ».
60 000 personnes défilent à Paris. La police, aux ordres de Roger Frey et de Maurice Papon, intervient avec une incroyable brutalité. S’acharnant au Métro Charonne dont les grilles ont été fermées, contre des hommes, des femmes, des enfants aux mains nues. 8 personnes, dont un garçon de 15 ans, ne se relèveront pas. Une neuvième décédera de ses blessures.
L’émotion est considérable. Dès le lendemain, dans toute la France, 2 millions de grévistes répondent à l’appel de l’ensemble des syndicats.
Le 12 février, une manifestation est organisée au Square Mourier à Nîmes par, notamment, le P.C.F., le Parti radical-socialiste et la Ligue des Droits de l’Homme à laquelle s’associe la fédération du Gard de la S.F.I.O. qui a donné rendez-vous à ses amis, au Monument aux Martyrs de la Résistance. Une foule considérable y participe, que la presse chiffre à 4 000 personnes parmi lesquelles E. Tailhades, maire de Nîmes ; des conseillers généraux socialistes, Bouet, Brugueirolles, Bompard ; Emile Jourdan, secrétaire fédéral du P.C.F. ; MM Espagnac et Martin du Parti radical-socialiste ; MM Raulet, président de la Ligue des Droits de l’Homme et Sarran de la fédération des oeuvres laïques ; Pierre Fontanieu de Christianisme social ; Toureille, Delarque et Reischovsky du Parti socialiste ; Compere-Roussey du P.S.U. ; Roca, Francini et Grevoul de la C.G.T. ; Calvini des Jeunes radicaux ; les responsables du Mouvement de la Jeunesse Communiste.
2 500 personnes sont rassemblées à Alès en présence de H. Ménard, président du comité antifasciste ; Maurice Roux de la C.G.T. ; Pinto du P.S.U. et Roger Roucaute du P.C.F. La Marseillaise du 13 publie la liste des 100 résistants gardois qui ont signé l’Appel de Paris du 15 janvier.
Le même jour ont lieu à Paris, les obsèques des 8 victimes de Charonne, auxquelles participent 1 million personnes. Les mineurs et les enseignants et d’autres salariés du Gard s’associent à cet hommage par un arrêt de travail de 24 heures. Les salariés de la Source Perrier qui ont effectué une grève de 2 heures, sont lock-outés. De nouveaux rassemblements ont lieu dans tout le département.
Aujourd’hui encore, on ignore toujours officiellement qui a donné l’ordre des tueries du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962. Un sondage CSA-l’Humanité rendu public le 8 février 2002 révèle que 68 % de nos compatriotes estiment que les autorités françaises ne font pas assez pour faire émerger la vérité. Il faut que la clarté soit faite et les responsabilités établies sur ces deux épisodes tragiques !
Bernard DESCHAMPS