L’Humanité
L' anthropologue, psychanaliste et philosophe est mort le 12 novembre à l'âge de 63 ans suite à un cancer.
Sa disparition est une perte très dure pour tous ceux qui cherchent à lutter contre l'islamophobie. Car Malek Chebel, né en 1953 en Algérie, s'était donné pour mission et pour but de faire aimer l'islam. Et pour le faire aimer, de le faire comprendre à ceux qui, notamment en Europe mais pas seulement, n'en connaissent presque rien mais en parlent comme s'ils en savaient tout. En ces temps difficiles où tout se ligue pour donner une image abominable de la religion musulmane, la tâche était immense. Malek Chebel, anthropologue, psychanaliste et philosophe, y avait consacré plus d'une trentaine d'ouvrages. Cela allait de l'Islam pour les Nuls (sorti après les attentats de 2015 à Paris) au Dictionnaire amoureux de l'Islam en passant par Le Coran expliqué aux enfants ou l'Islam et la raison.
Pour cela, il s'était fait historien pour remonter dans l'histoire de cette religion et de ceux qui l'ont servie - ou desservie- et en montrer l'extrême diversité et les évolutions subies, souvent liées à des contingences politiques et géographiques. Mais sa grande originalité est d'avoir consacré une très grande partie de son œuvre à l'érotisme et à l'amour dans l'Islam en montrant que les musulmans n'avaient pas toujours été ces rigoristes, salafistes et autres djihadistes qui professent et pratiquent la haine de l'autre et particulièrement de la femme. En partant des textes des plus grands écrivains et poètes du monde musulman – notamment les Mille et une nuits – il avait composé ce qui restera une somme de la littérature érotique notamment arabe, mais aussi iranienne et fait connaître des auteurs trop souvent oubliés. Il croyait fermement à la possibilité d'un Islam des Lumières qui finirait un jour par vaincre les dérives wahabites et du salafistes, si dangereuses pour tout le monde, à commencer par les musulmans.