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Sahara occidental : les vérités de Ramtane Lamamra à son homologue français
mardi 29 mars 2016
Par Tewfik Abdelbari
Conférence de presse animée par Ramtane Lamamra conjointement avec son homologue le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Jean-Marc Ayrault. Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères français, est en visite à Alger, dans le cadre des préparatifs de la réunion de haut niveau prévue les 9 et 10 Avril prochain dans la capitale algérienne. Mais comme il fallait s’y attendre, la question du Sahara occidental a plané sur ce déplacement.
Le soutien ferme apporté par la France au Maroc a agacé les Algériens. Lors d’une conférence de presse, ce mardi 29 mars, au siège du ministère des Affaires étrangères (MAE), Jean-Marc Ayrault a rappelé la position française sur la question du Sahara occidental occupé, affirmant qu’elle n’a pas changé. L’occasion pour son homologue algérien, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, de rappeler quelques vérités sur ce dossier. « Entre amis, on se dit les choses franchement »
Le désaccord entre l’Algérie et la France sur la sortie de crise au Sahara occidental est aisément remarquable. Interrogé, le ministre français a indiqué que « la France a toujours la même » position sur cette question, expliquant que son pays œuvre à promouvoir « un effort de dialogue pour que les relations entre le Maroc et l’ONU s’apaisent. » Dans le même temps, selon Jean-Marc Ayrault, la France souhaite que la mission des Nations unies au Sahara occidental puisse se poursuivre. Il a réaffirmé la volonté de la France d’un « renouvellement du mandat » de la Minurso.
La réponse de Ramtane Lamamra renseigne sur le fossé qui sépare les deux positions. Rappelant que « Monsieur Jean-Marc Ayrault est ministre depuis quelques semaines » alors que la crise du Sahara occidental « dure depuis près de 40 ans », le ministre algérien a mis la France devant ses responsabilités. Martelant le terme de « responsabilité » et de devoir devant « l’Histoire », Ramtane Lamamra a dit « espérer que l’administration Hollande [le président de la République française, NDLR] va contribuer à aider la région » et permettre « une sortie de crise. » Rappelant la position légaliste de la diplomatie algérienne, Lamamra a estimé que l’ONU est « à un moment décisif », notamment en référence à la crise entre le Maroc et la Minurso. « Il faut prendre les décisions qui s’imposent pour permettre l’autodétermination » du peuple sahraoui, a-t-il poursuivi. La question du Sahara occidental relève d’un « processus de décolonisation », a rappelé le ministre algérien.
Convergence de vue sur le Mali et la Libye :
« Tirer les leçons de 2011 »
Sur le dossier du Mali, le ministre algérien a appelé les différents acteurs à « aider à concrétiser les promesses de l’Accord d’Alger », signé entre la rébellion Touareg et le gouvernement central de Bamako. Plus généralement, il a également promis de poursuivre la lutte antiterroriste et de faire bénéficier les partenaires étrangers de l’expérience algérienne dans le domaine.
Le ministre français à, pour sa part, rappelé « les objectifs communs de stabilité et de paix dans la région ». Concernant la Libye, « il faut tirer les leçons de 2011 », a indiqué Jean-Marc Ayrault, en référence à l’intervention militaire étrangère menée par la France et la Grande Bretagne. Une situation qui a engendré « un état de chaos, dont le peuple est la première victime » et qui a mené au renforcement « de Daech qui menace tous les États de la région », a-t-il déploré. Parlant d’une « situation extrêmement urgente », Ayrault appelle à soutenir « le gouvernement d’union nationale qui veut s’établir dans la capitale Tripoli. ». Pour sa part, Ramtane Lamara a insisté sur « l’intégrité territoriale et la réconciliation nationale en Libye », tout en rappelant le « soutien au processus de l’ONU ».
Le MAE algérien a enfin appelé les Libyens à « prendre leur destin en main