El Moudjahid, 05/03/2016
La demeure qui a vu naître le martyr Larbi Ben M’hidi, au douar Kouahi, non loin d’Aïn M’lila (Oum El Bouaghi) sera transformée en annexe du musée du Moudjahid, a annoncé, jeudi dernier, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni.
Le ministre a indiqué que la décision a été prise de faire de ce lieu de mémoire une annexe du musée du Moudjahid. Le ministre qui venait de visiter la maison où est né, en 1923, Larbi Ben M’hidi, a donné sur-le-champ des instructions pour "entamer d’ores et déjà les procédures administratives pour hâter la concrétisation de ce projet".
La commémoration officielle de cette date-repère de l’histoire de la Révolution algérienne (Ben M’hidi a été assassiné dans la nuit du 3 au 4 mars 1957) a été marquée par l'inauguration, par le ministre des Moudjahidine, de deux stèles érigées à la mémoire de ce héros de la guerre de Libération nationale, la première au centre du douar Kouahi et la seconde au cœur d’Ain M’lila. Accompagné des autorités locales civiles et militaires, de membres de la famille du chahid et de nombreux citoyens, parmi lesquels de nombreux moudjahidine et enfants de chouhada, M. Zitouni s’était auparavant recueilli devant la stèle du douar Kouahi, tout près de la demeure de Ben M’hidi où il a déposé une gerbe de fleurs. "Le sourire que ce héros de l’Algérie combattante avait gardé pendant qu’il était menotté et entouré de ses tortionnaires, ce sourire qui illuminait son visage au moment de son exécution dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, doit être un exemple pour les jeunes générations car cela reste un message d’espoir pour une Algérie forte et un peuple uni et serein", a souligné le ministre des Moudjahidine. Ces moments de recueillement "doivent également nous permettre de nous auto-évaluer", a ajouté M. Zitouni, exhortant les jeunes à "faire comme leurs aïeux et à être à la hauteur des attentes des martyrs de l’Algérie qui ont consenti le sacrifice suprême pour libérer le pays du joug colonial".
Appelant également à la "fraternité et la tolérance" dans les rangs du peuple algérien, le ministre a évoqué la nouvelle Constitution du pays pour souligner son "importance dans la valorisation des qualités et des sacrifices de tous ceux qui ont participé à la guerre la Libération nationale, et dans la préservation de la mémoire collective".
Plusieurs autres activités sont au menu de la visite du ministre des Moudjahidine dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, notamment à Fkirina où il devait présider une cérémonie de raccordement au gaz naturel au profit de 150 foyers des localités de Djebabra et de Djebaïlia, au chef-lieu de wilaya où il devait donner le coup d’envoi d’un semi-marathon organisé pour l’occasion et à Ain Beïda pour assister à une cérémonie de baptisation d’un groupe scolaire du nom de Didouche Mourad.
M. Zitouni devait aussi présider, à l’université d’Oum El Bouaghi, la cérémonie de clôture d’un séminaire sur Larbi Ben M’hidi organisé par l’université qui porte son nom. Ce héros de la lutte pour l'indépendance, qui avait dit un jour "Jetez la Révolution dans la rue et tout le peuple la saisira à bras-le-corps", était le cadet d'une famille de trois filles et de deux garçons. Une source d’inspiration Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni a affirmé qu'un travail de recherche était en cours pour connaître davantage le parcours héroïque du martyr de la guerre de Libération nationale, Larbi Ben M'hidi. Dans une allocution présentée lors de la cérémonie de clôture d'un séminaire national organisé par l'université d’Oum El Bouaghi à Ben M'hidi, M. Zitouni a souligné "l'importance de s'imprégner de l'itinéraire, du militantisme et du combat de ce héros qui fut un patriote convaincu, un dirigeant doué et fin stratège". Des qualités que "l'on trouve rarement chez une même personne, mais que Larbi Ben M’hidi avait réunies avec mérite", a ajouté le ministre, relevant que le martyr "incarnait, ainsi que l'a décrit le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'épopée d'une nation, la conscience d'une grande Révolution et la quintessence d'une Histoire glorieuse". "Celui qui a dit « Jetez la Révolution dans la rue et tout le peuple la saisira à bras-le-corps » ne pouvait qu'être doué d’une vision prospective infaillible, conjuguée à un courage qui le faisait sourire alors même qu'il était menotté, dans les geôles de ses tortionnaires", a encore indiqué le ministre.
Le ministre avait auparavant donné le coup d’envoi d'un semi-marathon d'étudiants qui a réuni 350 coureurs et coureuses, avant de présider, dans la commune de Fkirina, une cérémonie de réinhumation des restes des martyrs Abdali Mahmoud, Atba Lazhar et Atba Abbas.
........
Une figure emblématique de la Révolution de Novembre Le musée national du Moudjahid a abrité hier après-midi une importante cérémonie de célébration du 59e anniversaire de la mort du chahid Larbi Ben M’hidi, un des chefs historiques de la glorieuse Révolution de Novembre. Les moudjahidine, personnalités nationales et élèves officiers de la Sûreté nationale et des Douanes, qui sont venus nombreux, ont suivi avec grand intérêt l’hommage rendu à cette figure emblématique de la lutte de Libération nationale, mort assassiné par les forces coloniales, le 3 mars 1957, à l’âge de 34 ans.
Modérée par Dr Bachir Madini, professeur à l’université d’Alger, la rencontre a permis à la nombreuse assistance présente de se retremper dans l’histoire de l’Algérie, notamment celle de la glorieuse Révolution de Novembre, à travers la projection d’un film documentaire retraçant la vie et le parcours révolutionnaire de cet héros légendaire de la lutte de Libération nationale. Après quoi, l’ancien ministre, le moudjahid Mohamed Kechoud, a évoqué certains aspects de la vie riche et pleine du glorieux chahid, en précisant que Larbi Ben M'hidi est le produit des trois sources du nationalisme algérien, en l’occurrence l’Association des savants musulmans algériens, le PPA-MTLD et le parti du Manifeste algérien. Il a ajouté que le prestigieux héros de la Révolution armée, a appris d’abord le Coran, avant de rejoindre les bancs de l’école française à Biskra puis Batna où il a décroché son certificat d’études. Après quoi, Ben M’hidi a acquis quelques rudiments de la langue arabe et de la politique avant de fréquenter l’école des Ulémas à Biskra. Le conférencier a ensuite indiqué que le chahid a rejoint les rangs du parti du Manifeste algérien, cher à Ferhat Abbas et participe aux manifestations populaires du 8 mai 1945. Arrêté par les forces d’occupation, il rejoint le MTLD à sa sortie, convaincu désormais que seule la lutte armée est capable de libérer le pays du joug colonial. A la création de l’OS, il est désigné comme responsable de la zone sud-ouest du pays, puis comme adjoint de Mohamed Boudiaf. Le mouvement de l’histoire s’accélère après la découverte de l’OS en 1950, incitant les militants nationalistes à multiplier les contacts, à s’organiser, à unifier leurs rangs pour faire face à l’ennemi.
Après la réunion du « Groupe des 22 » à El Madania (Alger), a-t-il rappelé, les 6 chefs historiques tiennent la réunion décisive de Raïs Hamidou, le 23 octobre 1954, qui annonce le déclenchement de la Révolution de Novembre, après avoir procédé à la répartition des tâches et des zones entre eux. Larbi Ben M'hidi se voit confier la direction de l'Oranie (Wilaya V historique), malgré le manque crucial en armes dont la Révolution souffrait. Après sa participation active au Congrès de la Soummam en 1956, il prend la tête de la Zone autonome d'Alger (ZAA) pour organiser les premières opérations armées contre l'occupant français. Le moudjahid a ensuite laissé la parole au docteur Bachir Madini pour revenir sur certains aspects de la vie du chahid, selon un témoignage de la sœur de Larbi Ben M’hidi, en rappelant notamment son importante participation aux activités des Scouts musulmans algériens à Biskra, qu’il a fait du théâtre et qu’il a joué dans l’équipe de football de la ville (US Biskra). D’autres points, comme la grève historique des 8 jours, à laquelle le héros légendaire de la Révolution a appelé, ont été évoqués par l’universitaire avant d’ouvrir le débat dans la salle.
Mourad A.