Texte de l'allocution prononcée au cimetière de Soudorgues (30) le 10 décembre 2015 par Jack Potavin au nom de la Confédération CGT et de l'Union départemental du Gard.
~~Nous étions informés par Bernard et Fred de l'état de santé d'Annie. Accompagnée par Bernard et sa famille, elle a lutté plusieurs années contre cette terrible maladie.
Nous garderons dans nos mémoires le souvenir d'un militante engagée, d'une femme généreuse , d'une résistante et d' une combattante pour les libertés, contre les injustices, et pour l'émancipation sociale.
Annie Mourgues est née à NIMES le 2 mai 1931. Ses racines familiales cévenoles, l'ont profondément imprégnée. Son père natif de Soudorgues, cheminot à Nîmes, était communiste et résistant FTP. Sa mère originaire de l' Estréchure était ouvrière dans une usine de fils à soie. A Nîmes, pendant l'occupation le couple accueillait deux familles belges et des enfants juifs. La maison des Horts servait de grenier au maquis du col du Mercou.
Dès l'enfance Annie fut imprégnée par cet esprit de résistance, de générosité et de solidarité ou se conjuguait les cultures résistantes et huguenotes. Cela se traduira naturellement par ses engagements très rapides à la CGT et au Parti Communiste Français auquel elle adhéra en 1953. Mariée à Bernard en 1954, elle se retrouve à Aigues-Mortes. Bernard y occupera pendant des années d'importantes responsabilités politiques et électives pour le PCF. Annie, embauchée en tant qu'infirmière au Sana du Grau du ROI devient secrétaire du syndicat CGT et conduira d'importantes luttes revendicatives souvent victorieuses.
En 1965 à Nîmes, infirmière à l'Ecole de Plein Air du Mont Duplan, elle poursuit ses activités militantes et syndicales. "Repérée" pour la qualité de son engagement, il lui est "proposé" d'intégrer la direction de l'UD CGT du Gard. C'est à cette époque, en 1967, jeune élu au bureau de l'UD du GARD, que j'ai véritablement découvert et apprécié Annie. Elle y apportait une dimension et une sensibilité nouvelle.
Dans la direction de l'UD à forte culture ouvrière et masculine, elle avait pris le relais de Juliette Albiol (Juju) en tant que responsable de l'action en direction des femmes salariées et d'Antoinette journal féminin de la CGT, aujourd'hui disparu. Pour l’UD, elle prit part aux grandes luttes du textile qui occupait alors des milliers de salariés dans le département notamment celles de Furnon et d’Eminence.
Elle apportait à l'UD une dimension nouvelle des questions féminines, elle posait les questions des femmes salariées en termes émancipateurs, avec fermeté, interpellant sur des droits nouveaux à conquérir qui prennent en compte leur identité et leurs différences ainsi que leur place au travail, dans la société, mais aussi dans la CGT. Cela faisait quelquefois des étincelles mais ANNIE était en avance sur son temps et ferme sur ses positions, y compris dans la CGT.
Aux cotés d'Emile Grevoul secrétaire général de l'UD, elle participera à la conduite des mouvements de grève de 1968. Il proposa, à l'étonnement de certains, qu' ANNIE prenne la parole au nom de la CGT à l'imposante manifestation du 30 mai à Nimes. Elle le fit devant 35000 personnes regroupées sur l'Esplanade et les rues avoisinantes du haut du kiosque à musique.
Sa personnalité et ses engagements firent que la direction nationale de la CGT, Georges Séguy et Simone Bouillot, lui proposérent de participer à la direction confédérale . Elle assuma des responsabilités électives à la Commission financière de contrôle et au collectif -confédéral femmes -salariées de 1969 à 1972.
Nous pouvions être fiers d'avoir une militante de cette trempe à la direction de la CGT. Annie n'a jamais cessé son engagement militant à la CGT et au Parti Communiste, puisant dans sa culture cévenole et communiste les valeurs de résistance, de solidarité et d'humanisme conjuguées à un franc parlé.
Avec Bernard, elle était heureuse de venir se ressourcer en famille, avec ses enfants et ses petits enfants dans la maison familiale des HORTS de SOUDORGUES. Elle a souhaité y être inhumée, auprès des cyprès où sont réunis les tombes de la famille. Celle recouverte de tuiles est parait-il la plus ancienne.
Une camarade, une amie, une compagne, une mère, une grand-mère nous quitte. Pour nous la meilleure façon de ne pas l'oublier c'est de poursuivre ses combats. .
A Bernard son mari .
A Frédéric son fils et à Ann-Charlotte sa belle fille .
A ses petites filles Cecilia et Annélie et son conjoint Adil Abdellaoui .
A Anna-Sofia son arrière petite-fille,
Vous pouvez être fier d'ANNIE, elle a été une grande et modeste militante.
Nous perdons une camarade, une amie. En ces moments difficiles et douloureux je vous exprime au nom des militants CGT, de l'UD, de la direction confédérale, nos plus sincères condoléances. ANNIE "repose en paix dans cette terre cévenole que tu aimais tant"
Jack POTAVIN