Le visiteur qui se rend pour la première fois n Algérie est frappé du nombre impressionnant de chantiers de construction de logements et celui qui y revient du nombre de bâtiments nouveaux. L’effort est en effet considérable car les besoins sont immenses dans ce pays de près de 40 millions d’habitants dont 63,1% ont entre 15 et 59 ans.
Il y a quelques jours, un quotidien algérien faisait état de la cherté des loyers dans le secteur privé. Par contre l’Algérie possède un important parc social qui continue de croître et dans lequel les loyers sont très bas. C’est une des contradictions de ce pays qui continue d’être marqué par l’époque du socialisme étatique, mais où, depuis la mort du Président Boumédiène et le passage à l’économie de marché, une classe aisée s’est constituée qui compte quelques milliardaires parmi les plus riches d’Afrique.
Selon l’Ambassade de France : « Depuis 1999, le gouvernement a relancé de vastes programmes publics de construction de logement. Le plan quinquennal 2010-2014 a pour sa part alloué l’équivalent de 50 Mds USD pour la construction de 2,4 millions de logements, (deuxième poste de dépenses) pour la réalisation de trois types de logements publics (en fonction du pouvoir d’achat des ménages) […] Cette politique a favorisé une baisse relative de la pression immobilière du fait de l’accroissement significatif de la livraison de logements neufs - qui ont été multipliés par 11,6 entre 2005 et 2012, -entrainant une baisse sensible du taux d’occupation de logements qui est descendu à 6,4 personnes par logement en 2008 contre 7,1 personnes en 1998. Cette croissance a été tirée principalement par l’intensification de la livraison des logements sociaux et ruraux qui ont été multipliés respectivement par 16,58 et 14,7. »
« Durant la période 2009-2013, le nombre total de logements réalisés est de 950.981 unités. Ils sont répartis en 322.477 logements publics locatifs (LPL), 137.574 logements sociaux participatifs (LSP), 18.448 logements location-vente (LV) et 472.482 logements ruraux. » (Source : APS, avril 2014)
Dans le secteur privé les loyers sont inabordables y compris pour la classe moyenne. Alors que le salaire mensuel moyen net était en 2014 de 37 800 dinars (Source : Office National algérien de la Statistique), le loyer d’un studio (F1) à Alger-centre ou à sa périphérie s’élevait à la même date à 25 000 dinars et celui d’un F3 à 40 000 dinars par mois. (Source : Algérie-Focus).
Dans les logements publics locatifs (LPL) auxquels peuvent prétendre les personnes dont les ressources mensuelles ne dépassent pas 24 000 dinars (202€) les loyers s’échelonnent, selon les ressources et en fonction de l’année d’entrée en jouissance, entre 320 dinars (2,70€) et 1845 dinars (15,50€). D’autres formules d’aides de l’Etat existent pour les locations dans le secteur privé et pour l’accession à la propriété en particulier en faveur de l’habitat rural afin de freiner l’exode vers les villes. L’auto-construction est encouragée et bénéficie d’une subvention de 700 000 dinars (7 000€) par logement, à laquelle s’ajoutent des bonifications des taux d’emprunts auprès des banques et d’importantes exonérations fiscales modulées selon les zones géographiques où la construction de logements est souhaitée par l’Etat, notamment les Hauts-Plateaux et les Régions du Sud.
« Le parc de logements en Algérie est passé de 5.416.331 unités en 2000 à 8.040.932 en 2013, soit plus de 2.600 000 logements de plus. » (Source : Algérie Presse Service, 11 mars 2014). C’est un effort considérable.
Bernard DESCHAMPS
16/09/2015